Des heurts ont éclaté dans plusieurs villes de France. 282 personnes ont été interpellées, et 249 d’entre elles ont été placées en garde à vue.
L’explosion de joie des supporteurs de l’équipe de football d’Algérie a tourné au vinaigre. Un total de 282 personnes, ont été interpellées lors de heurts intervenus dans plusieurs villes de France en marge des célébrations de la qualification de l’Algérie pour la finale de la CAN, a annoncé lundi le ministère de l’Intérieur. Sur ces 282 personnes, 249 ont été placées en garde à vue, selon un bilan du ministère réalisé à 6 heures.
Dimanche 14 juillet, dans la soirée, ils ont été des milliers à célébrer la qualification pour la finale de la CAN de leurs favoris, avec des scènes de liesse qui ont laissé place à des tensions ou des incidents dans la nuit à Marseille, Paris et Lyon.
Sur le boulevard de la Canebière, à Marseille, où les fans des Fennecs ont suivi le match sur les téléviseurs sortis par les bars du quartier sur les trottoirs, le deuxième but algérien déclenche un vent de folie. Pétards et fumigènes sont lancés pour fêter la victoire et des milliers de personnes entament la descente vers le Vieux-Port, où le feu d’artifice du 14 juillet vient à peine de s’achever.
Vieux-Port interdit
Comme prévu, les forces de l’ordre leur interdisent l’accès du Vieux-Port, pendant que les touristes et les Marseillais essaient de remonter l’avenue. Des motos font pétarader leurs moteurs, des jeunes escaladent les réverbères, drapeau algérien à la main. Plusieurs personnes sont interpellées après avoir allumé des feux et jeté des projectiles.
Les échauffourées se sont poursuivies aux premières heures de la journée lundi. Des dizaines de jeunes à scooters ou en motos improvisaient encore des concours de « wheeling », des rodéos ou faisaient brûler la gomme de leurs pneus sur le haut de la Canebière. D’autres, vers la porte d’Aix, ont entrepris de démolir méthodiquement tous les abris-bus de la place. Alors que plusieurs feux de poubelles sont traités par les marins-pompiers de Marseille, les forces de l’ordre sont bombardées de projectiles, de bouteilles et de pierres notamment, à proximité du bâtiment du conseil régional. Pour se fournir en munitions, de jeunes manifestants ont été vus brisant les blocs en béton utilisés pour tenir les barrières des chantiers.
Des milliers de supporteurs sur les Champs
Sur les Champs-Élysées, à Paris, les automobilistes ont fait, là aussi, d’abord hurler leurs klaxons. Peu après 23 heures, des cris de joie résonnent sur la célèbre avenue. Des supporteurs, euphoriques, s’enlacent. « On va gagner, c’est historique, tahya [vive] l’Algérie ! » lance Wassim, drapeau algérien sur le dos. « J’en pleure, j’ai pas de mots », ajoute Myriam, les larmes aux yeux. Vers une heure du matin, la fête bat son plein. Des milliers de supporteurs ont envahi le haut de la célèbre avenue. Ils côtoient des touristes, venus pour beaucoup assister aux feux d’artifice du 14 juillet.
Puis la situation se tend quelque peu. À plusieurs reprises, les forces de l’ordre, mobilisées en nombre pour parer d’éventuels incidents, font usage de gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Les policiers sont la cible de quelques jets de pétards et de projectiles. Peu après 2 heures, alors que les Champs-Élysées et la place de l’Étoile se vident peu à peu et sont réinvestis par les forces de l’ordre, l’avenue est tapissée de vélos et de trottinettes cassés, quelques poubelles incendiées.
Drapeau algérien au vent
Selon un bilan provisoire de la préfecture de police à 2 heures, 25 personnes avaient été interpellées, notamment pour refus d’obtempérer, mise en danger de la vie d’ autrui, jets de projectiles. Jeudi après la qualification de l’Algérie en demi-finale, des incidents avaient déjà éclaté dans le secteur des Champs-Élysées, avec notamment des commerces pillés ou dégradés.
À Montpellier, où les festivités avaient été endeuillées jeudi par la mort d’une mère de famille fauchée par un chauffard, l’avenue d’Heidelberg, lieu de l’accident, est animée par de nombreuses voitures circulant fenêtres ouvertes, drapeau algérien au vent. Sur le trottoir, beaucoup de familles avec enfants profitent de la fraîcheur du soir et des jeux dans le parc adjacent. Les klaxons résonnent, les véhicules défilent. Une personne a été interpellée pour un rodéo dans le centre-ville. « Je rentre vite chez moi car je sais que ça va dégénérer », craint une maman accompagnée de ses deux enfants. « Regardez, il n’y a pas de police pour nous sécuriser. Ils s’en fichent et les jeunes vont continuer. »
À Lyon, les scènes de joie des supporteurs de l’équipe d’Algérie ont fait place à des heurts entre jeunes et forces de l’ordre et de nombreux véhicules ont été incendiés, selon la préfecture et des pompiers. Les pompiers du Rhône avaient recensé peu avant 2 heures des dizaines de véhicules brûlés à Lyon-centre, ainsi que dans les villes voisines de Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Bron ou Villeurbanne. Ont également été dénombrés plus de cent feux divers (poubelles, barricades) sur la voie publique. À 2 heures, ils avaient relevé un total de 147 interventions sur le département.