Zone agropastorale et aurifère, la préfecture de Mandiana est aussi perçue comme une zone criminogène par excellence.
Aujourd’hui, pour toute la localité, il n’y a que deux juges : un juge de paix secondé récemment par un juge d’instruction, Almamy Sékou Camara en l’occurrence.
Nous l’avons rencontré, ce jeudi, 08 aout, doublé de la casquette de juge de paix par intérim, en raison d’un empêchement temporaire de celui-là.
Parlant du bien-fondé de ces innovations, il apprécie le caractère contradictoire et public des audiences, qui a positivement changé la perception des justiciables de la localité.
« Les gens d’ici avaient peur d’aller à la justice. Pour eux, aller à la justice, c’est aller en enfer, c’est aller donner de l’argent, c’est aller en prison. On est parvenu à sensibiliser la population pour la rassurer », a-t-il entamé.
« Souvent, au sortir des audiences, les citoyens viennent même prier pour nous », a renchéri le juge.
Derrière les bâtiments neufs de la justice de paix de Mandiana, se cachent bien de difficultés qui l’éloignent du diapason des autres juridictions du pays.
Elle ne dispose ni de prison propre à elle, ni de moyens pour la prise en charge de ses détenus, estimés à une cinquantaine de personnes, déplore Almamy Sékou Camara.
« La première difficulté qui nous a fatigués et qui continue de nous fatiguer, c’est le manque de prison civile. Tout le monde le connait. Vous comprendrez que les mis en cause ou les détenus que nous avons ici, nous les confions à la gendarmerie ou à la police, parce qu’on n’a pas le choix. Il n’y a pas où garder les gens. Même leur alimentation n’est pas assurée. L’administration pénitentiaire ne pense pas à Mandiana alors qu’on a des détenus comme les autres justices. Des fois, nous sommes amenés à mettre la main à la poche pour pouvoir donner à manger à ces détenus. Il y a, en principe un fonds qui est alloué à cela. Les autres gagnent. Pourquoi pas la justice de paix de Mandiana », s’interroge notre interlocuteur qui précise que certains des détenus sont conduits à la maison centrale de Kankan, en attendant la fin de leurs procédures d’enquête.
Almamy Sékou Camara dénonce, également, un manque de véhicules appropriés pour son service dans le cadre du transport des détenus.
« Si le juge a besoin d’extraire cet inculpé ou ce prévenu pour vraiment procéder à quelque chose, vous voyez ce que cela fait. La distance est là. Les moyens logistiques ne sont pas là. La route est difficile à pratiquer ».
Raison pour laquelle, il lance un appel de soutien pour améliorer les conditions de travail à la justice de paix de Mandiana.
« Nous lançons un appel solennel aux institutions, au gouvernement, de nous venir au secours, parce qu’une localité comme Mandiana, sans prison, ne va jamais diminuer sur la teneur de la violence ».
A préciser que l’unique prison civile de Mandiana est tombée en ruine après qu’un célèbre mais redouté féticheur y soit détenu pour des raisons que l’on ignore.
Depuis, témoignent des sources concordantes, cette prison fut décoiffée par une tempête et finalement devenue inhabitable, tel qu’avait prévenu, le sorcier Farala Mandè, peu avant sa sortie de ladite prison.
Jusqu’ici cette anecdote sème la psychose chez certains prétendants à la reconstruction de ce centre de détention.
De Mandiana, Mamadi CISSE pour Mosaiqueguinee.com