La question mérite d’être posée, tant les positions des trois, divergent.
Vraisemblablement, l’organisation des élections législatives courant 2019, reste le nœud gordien entre l’actuel président de la commission électorale nationale indépendante et ces deux anciens commissaires de cette institution électorale.
Si le premier, au sortir de son entretien avec le premier ministre, sans doute rassuré du soutien enfin du gouvernement, croit dur comme fer que les élections législatives peuvent être bel et bien organisées dans le courant de cette année 2019, ses deux anciens collègues de la CENI, aujourd’hui, de l’autre-côté de la rive, disent tout haut, qu’il est techniquement impossible de tenir le scrutin législatif d’ici à la fin d’année.
Selon le site guineenews.org à qui il a accordé une interview, en sa qualité d’expert électoral, Jacques Gbonimy estime qu’il est impossible de tenir les législatives en 2019.
« On nous dit que les élections, c’est en décembre. Ce que je ne crois pas en tant qu’expert électoral. Toutes les opérations en cours, ne nous permettront pas de faire les élections cette année. A moins qu’on parte à un forcing pour faire des élections bâclées. Mais je ne crois pas qu’il y ait des élections législatives cette année. Peut-être, en début d’année prochaine pour les législatives. C’est pourquoi il est bon et important pour le gouvernement de se concerter les acteurs politiques pour voir ce qu’il faut faire. Parce que, si les uns et les autres ne sont pas sur la même longueur d’onde, on ira à des élections qui pourraient être problématiques et qui vont constituer une crise pour notre pays », a-t-il soutenu.
L’ancien commissaire en charge de la formation, est soutenu dans cette position par l’ancien chef du département des opérations de l’institution électorale guinéenne.
Etienne Soropogui, aujourd’hui, président de l’organe provisoire du mouvement « Nos Valeurs Communes », que nous avons joint, le vendredi dernier, s’est exprimé sur ce sujet.
Pour lui, le président Alpha Condé, sait mieux que personne, qu’il est techniquement impossible de tenir les élections législatives cette année.
« … Nous nous interrogeons sérieusement et avec une dose d’inquiétude sur la demande formulée par le président de la République de tenir les élections législatives cette année. Nous nous interrogeons, parce que le Chef de l’Etat est l’une des personnes les plus informés de la République. Il (Président de la République) sait pertinemment qu’il est techniquement impossible de tenir les élections cette année. Pour la simple raison que certaines opérations d’envergure ne sont pas encore lancées, et celles qui sont lancées sont loin d’être bouclées. Ça saute aux yeux », s’est voulu tranchant l’ancien directeur des opérations de la commission électorale nationale, (CENI).
A l’opposé des deux premiers, aujourd’hui en désaccord avec ses anciens coéquipiers, Me Amadou Salif Kébé, au sortir de la primature hier mardi, a tenu à rassurer les différentes parties prenantes au processus électoral quant à la capacité de son institution à pouvoir organiser les législatives avant la fin de l’année en cours.
« Aujourd’hui, nous sommes à même d’aller sereinement vers la réalisation de ces élections. Donc, c’est ce qui a été l’objet de nos échanges. Un autre rendez-vous a été pris. Cette fois-ci, la CENI va venir devant le Premier ministre et les membres du gouvernement pour donner la date réelle à laquelle elle pourra organiser les élections », a précisé Me Kébé.
Ainsi, pour l’avocat-président de la CENI, issu des rangs de la société civile, les élections législatives pourront se tenir d’ici la fin de l’année 2019 comme ils l’ont annoncé au sortir de l’atelier de Kindia mais avec un léger décalage, cette fois-ci, certainement.
L’intéressé promet d’ailleurs de revenir rencontrer le premier ministre très prochainement avec une date bien plus précise, sans doute après une nouvelle évaluation de la donne.
Aujourd’hui, plus que jamais, on est en droit de s’interroger : qui de Me Amadou Salif Kébé, président de la CENI ou d’Etienne Soropogui et Jacques Gbonymi, tous anciens commissaires et experts électoraux, croire quant à la tenue des élections législatives courant 2019 ?
La question mérite bien d’être posée et peut-être que l’avenir nous le dira, très certainement.
Mohamed Bangoura