Bentou Bakary Kaba, écrivain et auteur de plusieurs ouvrages N’ko, est décédé le 28 septembre 2018, à Conakry, il y a un an.
Retour sur le parcours hors norme du plus grand romancier de langue nationale en transcription N’ko.
Né le 25 mars 1953, écrivain d’expression, s’est éteint ce vendredi soir 28 septembre 2018 à Conakry.
Romancier, essayiste, dramaturge, il fut l’un des grands auteurs de la littérature qui se développe en langue nationale dans la transcription N’ko.
Auteur du célèbre roman sur le mariage forcé Namory et Kanimba en 2003 publié au Caire, l’œuvre de Bentou Bakary Kaba comporte une vingtaine d’ouvrages dont moins de la moitié a été publiée.
Originaire du même village que le fondateur du N’KO, Bentou Bakary KABA est né le 25 mars 1953 à Soumankoi, localité située près de Kankan en Haute Guinée. Bien qu’étant issu d’une famille de marabouts, cet auteur est le fils d’un célèbre paysan qui se consacra à l’agriculture et d’une mère malienne, originaire de Sikasso, région frontalière entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Il commença par fréquenter l’école coranique à Kankan chez l’imam de la grande mosquée en 1962, puis l’école coranique de Danané (Côte d’ivoire). Il abandonna ses études coraniques en 1973 pour se consacrer au commerce. S’étant alphabétisé en 1971 en N’KO à Kankan, il poursuivit ses études en N’KO auprès de Soulemana KANTE de 1975 à 1976 à Conakry, de 1977 à 1978 à Bamako (Mali) et enfin de 1986 à 1987 à Conakry.
Au de-là de l’image de l’élève fidèle qui suivait son maître en Guinée et au Mali, Bentou Bakary Kaba eut à traverser une épreuve difficile : victime d’un accident de circulation qui faillit lui coûter la vie le 4 décembre 1978 à Conakry, il est alité à l’hôpital Donka de Conakry pendant plus d’une année et subit 3 évacuations sanitaires vers la Roumanie communiste ( la première évacuation allant du 20 août 1981 au 10 mars 1984, la deuxième du 16 février 1984 au 30 décembre 1985 et la dernière, du 18 Avril au 6 juin 1987).
Depuis cet accident, il est resté paralytique et s’est consacré dorénavant à l’écriture. Ce polyglotte parlant le malinké peut s’exprimer aussi en français, en arabe, en pular, en soussou, en roumain. Il décède à Conakry ce 28 septembre 2018 dès suite d’une longue maladie en laissant des manuscrits dont certains sont inachevés.
Ses publications par ordre d’apparition sont les suivantes :
(KANTE LA SAYA=la mort de KANTE), l’oraison funèbre de l’auteur sur la tombe de son maître Soulemana KANTE : C’est une biographie du fondateur de N’KO éditée en 1993 au Caire en Egypte.
La conférence des pays francophones=, Caire, 1993, c’est un pamphlet qui s’attaque à ce que l’auteur appelle le néocolonialisme de la francophonie. L’auteur doit sa célébrité à ce virulent pamphlet.
Six de ses ouvrages furent publiés en 2003 au Caire.
.Lanfia Kouyaté dit Sara: c’est un livre de comédie qui transcrit les paroles de l’humoriste Lanfia Kouyate dit Sara..
. Namory ni Kanimba yarabi kanfo: roman d’amour de Namory et de Kanimba
.Dougna diamana lu londjona, ouvrage de Géographie sur les pays du monde.
. Soli ni tyèbaya: description des rites de circoncision en milieu maninka.
. Wankaradougou diamanaba , ouvrage d’essai panafricaniste, le grand pays wangara, tentative d’explication historique sur l’unité de l’Ouest Africain.
.Manden donkili lu kodofo, c’est la genèse, l’évolution et l’interprétation des chansons mandingues, ouvrage d’ethnomusicologie mandingue ; l’auteur a répertorié ses chansons en 11 catégories :
Mansa bolo: air royal, sur les musiques des Rois ou des chefs
Tyè fadin ni tyèkun bolo: rythme des hommes braves.
Soma bolo: rythme des féticheurs.
Donso bolo : rythme ou air des chasseurs.
Toolama wala sadama bolo : rythme des personnes populaires ou renommées.
Kawandili ni lalili bolo: rythme ou air de conseil.
Sènè bolo: rythme des champs et des activités agricoles.
Kogno ko: rythme des mariages.
Djalo donkili lu : chanson des demoiselles et des jeunes garçons avant le mariage.
Dunun donkili, chanson du doundoumba.
Soli ni fadifadi, les danses du soli et fadifadi pendant la circoncision.
Puisse Dieu accueille ce grand panafricain dans son infinie miséricorde.
Esquisses de Nafadji Sory CONDE, membre de l’Académie N’ko et auteur de l’ouvrage Introduction au N’ko : une alternative linguistique pour l’Afrique publié aux éditions harmattan en 2017