Dr Sonna Konaté, médecin de formation, est guinéenne résidente aux États-Unis d’Amérique depuis 2005.
Vice-présidente de l’ONG « seal of hope », le seau de l’espoir, est activiste et fervente africainiste, qui croit et se bat pour le développement et l’accès de tous aux besoins vitaux de l’homme sur terre.
Aujourd’hui, Sonna Konaté se bat pour l’accès à l’eau, à la justice et l’éducation médicale de ses compatriotes à travers son ONG et des actions que celles-ci mènent.
Au-delà de la Guinée, cette ancienne coordinatrice de l’OIM en Guinée, œuvre pour la même cause au Cameroun et au Benin, où son ONG opère aussi.
Dans cette interview exclusive, elle nous parle de son parcours mais aussi et surtout de son ambition pour la population guinéenne, notamment celle rurale.
Présentez-vous !
Madame Sonna : Je suis Sonna Konaté, guinéenne et médecin de profession. Je suis activiste humanitaire et surtout une fervente activiste panafricaniste et mondiale, parce que je crois à l’humanité en général. Je fais tout ce qu’il y a dans mon possible pour rendre la vie de l’être humain agréable.
Parlez-nous de votre parcours professionnel
Madame Sonna : Je suis issue d’une famille de diplomate qui m’a permis de naître en Italie. Mais à 6 ans déjà, nous avons quitté l’Italie pour rejoindre la Guinée. C’est ici donc, à Télimelé que j’ai fait mon école primaire avant de rejoindre Conakry pour commencer le cycle suivant. C’est en Côte d’Ivoire que j’ai fait, par contre, une bonne partie de mon école secondaire avant de rejoindre l’Italie, où j’ai suivi mes études de médecine. Je suis médecin-chirurgien généraliste. Quand j’ai eu mon diplôme, je suis revenue en Guinée en 2000 pour travailler à l’OIM où j’étais médecin-chef pendant cinq ans. J’ai eu l’opportunité de réinstaller des réfugiés aux États-Unis, en Australie et beaucoup d’autres pays occidentaux.
Quelle est votre activité principale aujourd’hui ?
Madame Sonna : Depuis 2005, je me suis envolée pour les États-Unis pour suivre un master en santé publique et en droit. Mais aujourd’hui, j’y réside et je suis cheffe de programme dans le gouvernement du comité de Prince Géorge dans l’État de Maryland. Je m’occupe également de maladies infectieuses, de la santé publique et je suis vice-présidente de l’ONG « seal of hope », le seau de l’espoir. Le domaine d’intervention de cette ONG, c’est l’accès de tous à l’eau potable (en Afrique) et l’aide aux migrants (aux États-Unis). Nous aidons aussi les jeunes à maîtriser l’outil informatique. Là-bas aux États-Unis, nous évoluons dans beaucoup de domaines. Le président de cette ONG, est béninois et nous travaillons dans l’État de Maryland, mais nous avons une antenne au Benin, au Cameroun et en Guinée aussi, nous sommes en train de travailler. Nous avions commencé au temps d’Ebola. Nous avions envoyé un centenaire de gangs ici, en Sierra Leone et au Libéria.
Dites-nous, quels projets vous avez à cœur pour les populations de votre pays d’origine, la Guinée ?
Madame Sonna : J’ai beaucoup de projets pour la Guinée. Mais, le projet qui me tient vraiment à cœur aujourd’hui, c’est d’améliorer le niveau de vie de nos populations, surtout en zone rurale. Elles ont besoin d’être accompagnées pour avoir accès aux besoins vitaux basiques. Mon ONG s’occupe de l’eau potable. Un de nos crédos, est que chaque communauté doit pouvoir accéder à de l’eau potable. L’eau potable, c’est la vie, la santé humaine. Je vous donne un exemple. Aujourd’hui, il y a beaucoup de forages, mais les gens ne savent pas qu’il y en a plusieurs qui sont pleins de fer, de magnésium, qui provoquent des maladies et pathologies sanguines très graves. Avec mon ONG, nous avons un programme avec une autre compagnie qui s’appelle Ansa qui a des machines purificatrices d’eau. Ces machines ont 4 fonctions : elles peuvent transformer l’eau salée en eau potable, elle se fait alimenter elle-même avec le petit panneau solaire installé dessus, elle sert de pompe à eau, en cas d’inondation et elle pourvoit de l’eau médicalisée. Avec toutes ces fonctions, la machine est mobile et sert de groupe électrogène avec une capacité de 7.5 KVA. Elle coûte environ 35.000 à 70.000 dollars, mais notre combat est de travailler avec des gens qui peuvent l’acheter, afin de les offrir à nos communautés. J’étais venue en 2017, je suis passée dans une émission d’une télé de la place. On a reçu assez de sollicitations, notamment des zones de la Haute-Guinée. Des gens étaient vraiment intéressés et on avait commencé à travailler avec certaines autorités mêmes qui se sont bien intéressées. Mais, le projet a un peu panné. Mon souhait est que chaque guinéen puisse se lever le matin, et avoir accès à de l’eau potable et ne pas s’inquiéter pour sa santé et tout ce qui va avec. L’autre aspect de ma lutte est l’éducation médicale, apprendre aux gens les pratiques élémentaires en termes d’hygiène. Le troisième aspect, qui me tient beaucoup à cœur, c’est la justice sociale. Il y a beaucoup d’injustice. Des gens qui n’ont pas accès aux ressources légales pour se défendre. À Washington, nous créons des cliniques avec des amis avocats, avec lesquels nous recevons des gens qui ont besoin de conseils, en matière de droit pour pouvoir se défendre et avoir accès à la justice. Nous voulons expérimenter cette pratique en Guinée aussi, parce que, au Bénin, nous sommes allés avec la machine et nous avons réalisé de belles choses.
Vous êtes médecin de formation, dites-nous votre regard de l’exercice de ce métier noble aujourd’hui en Guinée, par vos confrères du domaine ?
Madame Sonna : Quand j’étais jeune médecin, je suis rentrée en Guinée. Mais avant, j’avais bénéficié de 6 mois de stage que j’ai choisi d’effectuer à l’hôpital Ignace Deen. Mais quand je suis arrivée, j’ai vu et constaté beaucoup de choses. Je salue le courage et le combat des médecins au quotidien, mais il y a beaucoup de choses qui restent à faire. La médecine est en perpétuelle évolution et les maladies aussi. Je pense que nous devrions beaucoup nous impliquer dans l’information des populations, la sensibilisation et la vulgarisation. (…). À mes collègues médecins, l’humilité est essentielle dans notre métier. Un faux diagnostic peut coûter la vie à un patient.
Si vous étiez ministre de la santé aujourd’hui, quelles seront vos principales réformes ?
Madame Sonna : Oh, j’ai tellement de visions que je risque même de me perdre dans les méandres de celles-ci. C’est pourquoi je suis retournée sur les bancs après mon doctorat, pour apprendre santé publique et management, administration et politique des services de santé. J’aimerai avoir mon mot à dire au niveau des décideurs, au-delà des soins dans les cliniques, pour pouvoir avoir un impact sur les services de santé et des fonds qui sont alloués. Si j’avais une baguette magique et que j’étais dans un poste comme tel, un de mes combats serait de restaurer les services de santé de base. Je n’aimerais pas que quelqu’un ait à parcourir des kms pour aller chercher un soin de base. L’information aussi. Elle est capitale, souvent les patients n’ont pas accès à l’information.
Madame Sonna, Merci !
Madame Sonna : C’est à moi de vous remercier.
Interview réalisée par MohamedNana BANGOURA