L’ancien ministre de l’enseignement supérieur Bailo Teliwel Diallo, en appelle à une efficacité des décideurs guinéens, pour faire face à la crise économique liée au covid-19.
Il a donné son point de vue par rapport à cette situation que traverse le monde, à travers une contribution, dont copie a été transmise à mosaiqueguinee.com, ce mercredi 15 avril 2020.
Lisez !
« On nous annonce de très prochaines et terribles catastrophes, d’effroyables famines post COVID 19. La faiblesse de ces scénarios est de rester dans le même schéma et le même modèle économique, social et psychologique d’aujourd’hui, pour prédire ce qui nous arrivera demain.
Mais si l’on changeait radicalement de paradigmes ? La sécurité alimentaire ? Il faut 3 mois pour faire pousser le maïs, combiné avec le haricot grimpant et les courges rampantes. La patate, la pomme de terre, le temis etc, moins de 6 mois. De milliers de tonnes de mangues vont commencer à pourrir dans les villages, qui auraient pu être séchés, conservés et consommés toute l’année. Les lapins vous font une portée de plus de 10 lapereaux, les canards de même, les chèvres et les moutons en moyenne 4 par an’ s’ils sont bien nourris par le foin sauvage que fabrique mon ami Lanfia. Le jeune Koundouno nous a montré que nous pouvons avoir de l’´hydroélectricité dans chaque village où coule une petite rivière. Un bassin de 3x3x3 m bien aménagé permet d’avoir du poisson toute l’année. On a du soleil, de l’eau, du moringa, le jacquier, les fruits à pain, la banane plantain’ l’igname, le manioc, on peut élever des agoutis… et on va mourir de faim parce que l’Aide des pays « riches » est faible ? Mais si cela nous arrive, tant-pis pour nous, c’est que nous ne méritons pas d’être.
On peut y arriver. A condition de nous prendre en charge nous-mêmes, d’amener, d’obliger nos décideurs et ceux qui nous administrent à plus d’efficacité, plus de responsabilité, plus d’écoute et de redevabilité. Plus de solidarité aussi. Si nous avons commis des erreurs dans le passé, alors tirons leçons de ce passé et capitalisons le, au lieu de perdre du temps dans la nostalgie ou le ressentiment, dans l’arrogance ou la haine.
Arrêtons d’être des mendiants de l’aide ! Arrêtons d’être des « miskines » ! Cessons de nous proférer des malédictions croyant que cela n’atteindra que « les guinéens en général », mais pas nous, ni nos enfants, ni nos familles ! Cessons d’être masochistes ! Je connais le guinéen, d’hier et d’aujourd’hui fier, courageux, intelligent, ouvert, civilisé. Je ne saurai accepter de quiconque le déni de ces qualités, même lors de mes moments les plus difficiles.
La dignité, même dans la pauvreté, a du sens. Elle ouvre la porte à toutes les richesses du développement et de l’émancipation».