Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, le président de l’Alliance pour le renouveau national (ARENA) Sékou Koureissy Condé, a livré sa pensée sur les sujets brûlants de l’heure, dont la candidature d’alpha Condé à la présidentielle du 18 octobre prochain, selon la CENI.
1-De la désignation du président Alpha Condé par la CODECC, pour la présidentielle prévue cette année.
La candidature du Président Alpha Condé ne me surprend pas. La constitution du 6 avril a levé le verrou. L’opposition n’a pas eu la vision et la stratégie adaptées à la situation. C’est par rapport à ça que j’avais proposé dès le mois de mai 2019, un ensemble d’initiatives invitant à rencontrer immédiatement celui qui détient l’effectivité des pouvoirs d’état aujourd’hui et qui, en plus, a montré sa volonté politique de continuer. Il fallait le rassurer à temps en lui présentant des garanties pour le pays, pour lui–même et sur ses projets en cours de réalisation avec des témoins internationaux. Se détester porte préjudice au progrès et à la stabilité. Ce qui reste à faire aujourd’hui, c’est de s’entendre et s’organiser autour d’un seul et unique candidat. La stratégie de l’empêchement et du boycott n’arrangent rien. Il faut poser des conditions discutables et négociables. Il s’agit de l’avenir de notre pays avant tout.
2- Que pensez-vous des morts lors des manifestations politiques.
Je suis le plus choqué et même perturbé par cette triste réalité. J’ai mené moult démarches contre cette violence gratuite. Il est de la responsabilité de l’état de garantir la sécurité des biens et de tous les citoyens sans distinction. L‘Etat et les acteurs politiques doivent dépolitiser ce genre de dossier et laisser la justice pénale nationale et internationale faire le vrai et bon travail de lutte contre l’impunité.
3- De l’absence du parti ARENA lors de la convention de la CODECC.
Cela veut dire que l‘ARENA n’est pas membre de la CODECC, c’est tout.
4- De l’éventuelle troisième mandat du président Alpha Condé
Nous n’avons jamais été supporters d’un troisième mandat pour quiconque. Ceci dit, ce n’est pas parce que moi je suis contre que ça devient impossible. Malgré nos réserves et nos déceptions cherchons à gagner tous ensemble. A la lecture de l’histoire récente, il ressort que ceux qui ont confondu le renouvellement du mandat des députés avec le vote pour ou contre le référendum ont malheureusement faussé la donne. C’est dans la gestion et les négociations liées au déroulement du processus des élections législatives qu’il fallait discuter âprement sur le référendum. L’absence des grands partis politiques de l’opposition à ouvert un boulevard à la majorité présidentielle. Je comprends et je respecte sincèrement l’opinion de ceux qui étaient contre le changement de constitution. J’ai encore espoir que nous allons nous mettre tous autour d’une table pour s’entendre sur ce qui pourra sauver l’avenir de la Guinée.
5- De son rapport avec le FNDC
Je suis ARENA et je ne suis pas membre du FNDC ni d’aucune forme d’organisation qui exclu le dialogue. Je suis un acteur de paix. La paix, le dialogue et la réconciliation sont le fondement de ma philosophie de l’existence. Toutefois, au cours d’une de mes rencontres avec mon ami El hadj Cellou Dalein Diallo chez lui à cette époque, j’avais évoqué 2 choses, je crois.
–Que c’est lui, en tant que chef de fil de l’opposition qui devait directement prendre la tête du FNDC. 2020 n’est pas 2007. il s’agit, avant tout, d’une revendication politique et citoyenne. Ceux qui pensent que le politique n’a pas son mot à dire sur les questions citoyennes se trompent.
–En construisant une stratégie avec uniquement une partie de la société civile, vous disqualifiez une autre partie. Il faut souvent trouver de la place pour tous les courants, y compris les modérés car ce sont eux qui portent les solutions apaisées. La méthode forte appelle la force.
6- De ses relations avec les autres leaders politiques.
J‘entretiens d’excellentes relations personnelles avec nos principaux dirigeants en commençant par le Président de la République, le chef de file de l’opposition El hadj Cellou Dalein, un homme incontournable dans le paysage politique. Sidya Touré qui est aussi un grand acteur de développement et tous les autres, je crois. Nous sommes des mortels et nous nous connaissons tous. Il y a de la place pour tout le monde. Nous devons donner le meilleur exemple dans le traitement de l’adversité en politique. Il s’agit d’exclure toutes formes d’exclusions et favoriser l’émergence d’une nouvelle génération dirigeante.
7- Des marges de manœuvre du Président Alpha Condé pour gagner la présidentielle de 2020
Mais il a déjà gagné la première manche, c’est à dire qu’il a su réunir, d’une manière ou d’une autre, les conditions d’acceptabilité de sa candidature sur la base de la constitution du 14 avril 2020. Et politiquement, il sera difficile de le battre en 2020, sauf si l’opposition réussit à présenter un seul et unique candidat ou sauf miracle. Vous savez bien que les acteurs politiques de notre pays ont volontairement fait du phénomène ethnique une question électorale. Apres tout, le Président doit travailler plus à unir les guinéens et faire essentiellement du développement, le désenclavement du pays et éviter de donner la priorité à la transhumance politiques. Nous devons faire apprendre à notre jeunesse les vertus de l’intégrité et la culture du travail. Il faut continuer à identifier et à encourager la compétence sans considération politique ou ethnique.
8- Sur la candidature du parti ARENA aux élections présidentielles
Le peuple de Guinée est un peuple qui veut la paix, le bon voisinage ici en Guinée et avec tous les autres pays, le bien être, la sécurité et la justice pour tous. Et ce sont justement ces valeurs qu’incarne le Parti ARENA. Notre absence dans ce débat national serait dommage. Nous sommes constants et différents dans les relations politiques et dans la manière d’envisager l’avenir. Notre présence dans ce débat national est donc pleinement justifié et je suis disponible, donc candidat. C’est notre profonde volonté.
Interview réalisée par Mohamed Bangoura