Lors de son premier discours devant le Congrès, mercredi soir, le président américain a mis en avant les succès de son début de mandat, notamment contre le Covid-19, ainsi que ses réformes pour les familles américaines et l’emploi.
« C’est bon d’être de retour », a lancé Joe Biden, ovationné comme une rock-star lors de son premier grand discours de politique générale devant le Congrès à Washington, mercredi 28 avril. Le président américain est apparu devant un public spécialement sélectionné afin de respecter les mesures de restrictions liées à l’épidémie de coronavirus, composé de démocrates et de républicains.
Pour la première fois dans l’histoire, deux femmes avaient pris place derrière lui, dans le champ des caméras : Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre, et Kamala Harris, devenue en janvier la première femme à accéder à la vice-présidence. « Il était temps », a-t-il lâché après les avoir introduites.
À la tribune, le président démocrate a vanté les « progrès extraordinaires » réalisés aux États-Unis lors de ses 100 premiers jours de mandat face aux crises sanitaire et économique. « Je peux dire que l’Amérique repart de l’avant (…) Il y a cent jours, la maison était en feu », mais elle « est prête à redécoller » grâce aux plans de sauvetage et de réformes adoptés depuis, a-t-il assuré. Très théâtral, il a multiplié les témoignages d’Américains empreints d’espoir qu’il a rencontrés ou qui lui ont écrit.
Parmi ces succès, le chef d’État a insisté sur celui « logistique » de la vaccination. Il rappelle qu’il y a eu davantage de personnes vaccinées que promis. Plus de 96 millions de personnes, soit près de 30 % de la population, sont considérées comme totalement vaccinées. « Allez vous faire vacciner, tous les Américains y ont accès », insiste-t-il.
Créer des milliers d’emplois
Une fois ce bilan claironné, le président a évoqué l’avenir. Et pour lui, il passe par la création d’emplois pour moderniser les routes, construire des ponts et des aéroports… Se posant en défenseur de la classe moyenne, Joe Biden vante un gigantesque plan d’investissement visant à créer « des millions d’emplois » pour les Américains qui se sentent tenus à l’écart.
Ce plan de dépenses et de crédits d’impôt, avec le projet de développement des infrastructures, totalise environ 4 000 milliards de dollars. Il compte y inclure les femmes : « 2 millions (d’entre elles) ont perdu leur emploi durant la pandémie ».
« Près de 90 % des emplois dans les infrastructures (prévus dans son plan présenté le mois dernier) ne nécessitent pas de diplômes universitaires », ajoute-t-il.
En outre, il défend un salaire minimum à 15 dollars l’heure. « Personne travaillant 40 heures par semaine ne devrait être en dessous du seuil de pauvreté. »
Devant son audience, il a aussi martelé qu’il faut « acheter américain pour créer des emplois aux États-Unis ». « Nous sommes en concurrence avec la Chine et d’autres pays pour gagner le XXIe siècle. Nous devons faire plus que reconstruire, il faut reconstruire mieux. »
Cette relance économique passera par la lutte contre le dérèglement climatique. « Quand je pense au changement climatique, je pense à l’emploi. »
Un plan pour les familles
Interrompu par des applaudissements à répétition, le président américain a insisté sur l’amélioration du système de santé et la réduction de la pauvreté infantile de moitié. « La santé devrait être un droit, pas un privilège. »
Il a décliné son « Projet pour les familles américaines », d’un montant total de près de 1 800 milliards de dollars sur 10 ans, qui inclue la gratuité pour les deux premières années d’école maternelle et aussi pour deux années d’études en universités communautaires, douze semaines de jours maladie par an, ainsi que des crédits d’impôts pour les familles avec enfants.
Le plan, qui suscite déjà la colère des républicains, est ambitieux : 1 000 milliards d’investissements, en particulier dans l’éducation, et 800 milliards de réductions d’impôts pour la classe moyenne qu’il veut « défendre ».
Pour le financer, sans augmenter le déficit, le démocrate propose d’annuler les baisses d’impôts pour les plus riches votées sous Donald Trump et d’augmenter les impôts sur les revenus du capital pour les Américains les plus fortunés. « Il est temps que les entreprises américaines et que les 1 % d’Américains les plus riches commencent à payer leur juste part », a lancé le démocrate.
Avec une promesse martelée sur tous les tons : aucun Américain gagnant moins de 400 000 dollars par an ne verra ses impôts augmenter.
Cette allocution marque aussi le début d’un âpre combat au Congrès : les discussions sur ses gigantesques plans d’investissement dans les infrastructures et l’éducation s’annoncent houleuses. Joe Biden a, à de nombreuses reprises, appelé le Congrès à dépasser les positions partisanes. « Ne rien faire n’est pas une option pour moi », plaide-t-il.
Une fermeté diplomatique
Durant plus d’une heure, il a également repris la plupart des thèmes évoqués dans son discours de prestation de serment : la lutte contre le dérèglement climatique, contre les violences domestiques et le port d’armes, ou encore prôné une législation pour protéger les « dreamers ».
Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine
Revenant sur un autre sujet de société brûlant, le président a appelé le Sénat à adopter dès mai un vaste projet de réforme de la police, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de l’Afro-Américain George Floyd, sous le genou d’un policier blanc.
Sur le front diplomatique, Joe Biden a martelé sa fermeté vis-à-vis de Pékin et de Moscou, tout en disant prêt au dialogue. Assurant ne pas « chercher le conflit avec la Chine », il a insisté sur le fait qu’il était « prêt à défendre les intérêts américains dans tous les domaines ».
Sans surprise, le sénateur républicain Ted Cruz a dénoncé la « vision socialiste » du président démocrate et offert un résumé en trois mots du discours présidentiel : « ennuyeux mais radical ».
À l’inverse, le correspondant pour France 24 à Washington, Matthieu Mabin, estime que « cette nuit, l’image de vieux politicien peu enclin à l’action, véhiculée par l’opposition républicaine durant la campagne électorale, en a pris un coup. »
Avec AFP