De retour en Guinée depuis quelques jours, le leader du parti Bloc Libéral s’active sur le terrain. Entre rencontres politiques à Conakry, déplacements à l’intérieur du pays ou encore entretiens avec des acteurs de la crise, l’opposant parfois incompris par ses camarades, se bat pour une opposition forte dans son pays. Dans un entretien qu’il a accordé à mosaiqueguinee.com, Faya Millimouno se confie sur les sujets brûlants de l’actualité sociale et politique en Guinée.
Mosaiqueguinee.com : Le président Alpha Condé a gracié Grenade et Madic 100Frontières vendredi dernier, quelle est la réaction du patron du parti Bloc Libéral ?
Dr Faya Millimouno : C’est une très bonne nouvelle parce que la liberté n’a pas de prix surtout quand on est sous contrôle, on est donc soumis à une restriction de liberté de s’exprimer, de liberté de mouvement. Je suis très heureux que Boubacar Diallo et Condé bénéficient de cette liberté. C’est un pas dans la bonne direction et nous continuons à encourager le président de la République à aller dans cette direction. Surtout, nous continuons à souhaiter auprès de l’appareil judiciaire que ceux dont la procédure n’est pas encore terminée, recouvrent leur liberté en attendant la fin de la procédure. S’ils ne sont pas reconnus coupables on n’a pas à leur infliger une sanction de prison alors que la décision qui pourrait être prise par la justice n’est pas une condamnation à une peine de prison.
Mosaiqueguinee.com : Dr Faya Millimouno a participé à la dernière réunion d’une coalition politique en gestation, à l’initiative de Dr Ousmane Kaba. Le BL va-t-il adhérer à cette nouvelle coalition ?
Dr Faya Millimouno : D’Abord, il faut dire qu’autour de la table, nous avons souhaité auprès des uns et des autres qu’au lieu de faire émerger plusieurs coalitions, qu’on puisse plutôt envisager une coalition forte. Mais, nous ne semblons pas être entendus par les uns et les autres. Nous n’avons pas manqué de dire que le bloc libéral fait partie d’une même coalition qui existe depuis 2015 et qui continue encore à faire le combat ensemble. Donc je suis en consultation avec les instances du BL et les partis amis de la CPR pour voir si oui ou non nous allons faire une coalition ou si nous restons dans notre coalition qui existe déjà. Donc j’ai promis à docteur Ousmane Kaba que ce mardi, on lui donnera une réponse par rapport à la question. Pour le moment, nous n’avons pas une réponse affirmative. Nous restons ouverts à une collaboration avec toute autre coalition de l’opposition.
Alors parlant de la CPR (Coalition Pour la Republique), que devient-elle ?
Dr Faya Millimouno : Elle vit et nous continuons à nous retrouver. Nous ne faisons pas du sensationnalisme, nous réfléchissons et nous faisons des propositions. Cette semaine, nous serons en réunion pour nous pencher sur les mains tendues d’un côté ou de l’autre.
Mosaiqueguinee.com : On a annoncé votre parti au sein de la COREDE, la coalition dirigée par Mamadou Sylla. Mais le BL n’a toujours pas signé la charte. Quelles sont les raisons ?
Dr Faya Millimouno : Nous sommes dans le cabinet du chef de file de l’opposition Mamadou Sylla. C’est l’élément sur lequel nous nous sommes entendus pour nous mettre ensemble et essayer d’atteindre un certain nombre d’objectifs, dont entre autres la libération de nos amis, l’ouverture des frontières, la mise en place d’un cadre de dialogue. Les objectifs que nous nous sommes fixés, nous sommes en train de les poursuivre. On est encore loin de les atteindre, mais on peut déjà dire que la réouverture des frontières avec la Sierra Leone, c’est une bonne chose. Et nous continuons à peser de tout notre poids pour que le président sénégalais, le président guinéen et le président bissao-guinéen travaillent à la réouverture des frontières. C’est pour permettre aux gens de respirer économiquement. Nous continuons également à travailler pour la libération de nos amis et à aller vers le cadre de dialogue, il est déjà en place.
Mosaiqueguinee.com : Quel regard portez-vous sur les premiers pas de Fodé Bangoura, secrétaire permanent du cadre de dialogue politique et social ?
Dr Faya Millimouno : Commencer par le secteur des transports, c’est déjà montré que quand on parle les problèmes de la Guinée, ce n’est pas seulement la politique. C’est aussi l’ensemble des autres secteurs. Alors nous sommes en train de suivre avec la plus grande attention ce qui est en train de se dérouler. Les guinéens doivent exprimer ce qu’ils pensent de notre vivre ensemble, de la manière dont notre pays est en train d’être gouverné. Il y a des problèmes à tous les niveaux, ils faut qu’on se parlent et que des solutions soient envisagées à tous les niveaux.
Mosaiqueguinee.com : Fodé Bangoura, ancien homme fort sous feu Général Lansana Conté peut-il relever ce défi immense ?
Dr Faya Millimouno : Grâce au PUP, il y a des leaders qui ont assumé des hautes fonctions. Cellou Dalein a été ministre plusieurs fois, il a été premier ministre, donc Fodé Bangoura connaît les acteurs majeurs de l’opposition pour avoir travaillé et construit le système avec eux. Et également ceux qui sont autour du professeur Alpha Condé. Ils étaient très nombreux qui étaient du PUP hier, c’est un atout qu’il faut exploiter. En dehors de ceux qui sont dans l’échiquier politique, on a aussi des ressources comme le Pr Salifou Sylla qui à un moment donné a été nommé président du cadre du groupe de contact local. Mais les uns et les autres ont essayé de bafouer. On n’a pas besoin tout le temps d’Ibn Chambas pour se parler entre nous. Il y a des gens qui ont l’intégrité, la sagesse, la compréhension, pour encadrer et diriger le processus de dialogue entre les guinéens. Professeur Salifou Sylla a été ministre au temps du PUP. S’il peut exploiter cela, ça peut relever le premier défi des uns et des autres.
Mosaiqueguinee.com : Le problème, est-ce l’UFDG, l’UFR ou le parti au pouvoir, le RPG arc-en ciel ?
Dr Faya Millimouno : Le problème n’est pas l’UFDG, l’UFR ou le RPG. Ce que nous avons déploré par le passé, c’est que les partis politiques se retrouvent autour de la table pour se pencher sur ce qui n’est pas de l’intérêt général, mais sur leur intérêt. Beaucoup de dialogues passés ont été des deals entre deux partis politiques ou quelques partis politiques. Regardez la Ceni, on avait dit autour de la table qu’il faut avoir une Ceni technique. Les partis comme l’UFDG et le RPG se sont regardés pour dire qu’on va exclure tous les autres pour nous permettre d’avoir plus de représentants. Mais cela n’a pas du tout résolu le problème. On avait dit mettons en place une ceni technique qui soit composée d’hommes et de femmes compétents et intègres qui puissent faire le travail du peuple. Chacun a voulu avoir beaucoup plus de représentants. Il y a eu des deals sur les chefs de quartiers aussi. On n’est allé nulle part, c’est pourquoi nous souhaitons que ce dialogue là réussisse.
Interview réalisée par Mohamed Bangoura