Le secteur privé guinéen a, comme tous les autres secteurs de la vie sociale et économique du pays, subi l’impact négatif du Covid-19 notamment dans son fonctionnement.
Parlant de cet impact devant les députés et le ministre du budget, ce vendredi 2 juillet 2021 à l’occasion de la présentation de la programmation budgétaire pluriannuelle, le président du secteur privé guinéen, Ansoumane Kaba dit Kaba Guiter, a affirmé que la conjoncture économique actuelle du pays n’est pas défavorable à une mobilisation accrue des recettes fiscales.
« La conjoncture économique est défavorable à une mobilisation accrue des recettes fiscales. Conscient de cette réalité, le secteur privé estime que cette crise doit être une occasion d’approfondir la réflexion sur la nécessité de réorienter notre politique économique. Il faut entre autres mieux organiser et soutenir les opérateurs privés évoluant dans des filières compétitives et stratégiques qui apportent une croissance et créent des emplois. Nous pensons notamment à l’agriculture vivrière et industrielle, à l’agroalimentaire, à la transformation des produits de la pêche et de l’élevage », a-t-il expliqué d’entrée.
Poursuivant, le patron de Guiter SA a soutenu qu’à date, l’enjeu principal reste et demeure, l’amélioration de la compétitivité des entreprises issues du secteur privé.
« Les Patronats, Associations, Groupements professionnels et les autres Opérateurs du secteur privé souhaitent que les mesures d’amélioration du climat des affaires soient renforcées, en particulier celles qui ont un impact sur l’investissement, l’emploi et l’entrepreneuriat. Le poids élevé des coûts de facteurs ne favorise pas l’éclosion d’un secteur privé moderne et performant. Nous devons nous préparer à affronter cette rude compétition que va nécessairement entraîner la mise en œuvre de la ZLECAF. Le défi reste donc la nécessité d’adapter notre politique fiscale et budgétaire à l’environnement économique et social régional. C’est pourquoi, toute hausse brutale des impôts et taxes rendra moins compétitives les entreprises et pourrait conduire in fine à leur fermeture. La croissance économique dans notre pays serait renforcée par des mesures publiques à prendre pour accompagner le secteur privé national, créateur d’emplois et de richesses. A cet égard, l’enjeu principal reste toujours l’amélioration de la compétitivité des entreprises. Celle-ci passe par des investissements massifs et ciblés dans l’énergie et les infrastructures. La relance de l’activité économique doit également s’opérer dans un contexte de maîtrise de l’inflation, facteur de compétitivité, sous l’effet d’une politique monétaire prudente mais accommodante pour l’activité des entreprises », a-t-il lancé avant d’indiquer que la politique fiscale du pays doit permettre d’améliorer les recettes budgétaires, plutôt d’entraîner des conséquences négatives sur le niveau des investissements, sur le pouvoir d’achat, sur la compétitivité des produits et sur le niveau des emplois.
Pour étayer son argumentaire, Ansoumane Kaba a cité comme exemple, le projet du nouveau code général des impôts.
« Il est prévu dans le projet de Code Général des Impôts, un Impôt Minimum Forfaitaire fixé à 0,5% du chiffre d’affaires, sans plafonnement. Le plafond en vigueur est de 75 millions pour les moyennes entreprises et 100 millions de Francs Guinéens pour les grandes entreprises, même s’il est constaté un déficit. Supprimer ce maximum aggraverait les difficultés financières des entreprises et augmenterait le déficit comptable. Le secteur privé estime que le taux de l’IMF ne peut pas être proportionnel au chiffre d’affaires réalisé sans être plafonné. Si tel est le cas, l’impôt sera forcément une taxe sur le chiffre d’affaires et les opérateurs économiques seront enclins à les répercuter sur le prix de vente. Cette répercussion conduira inéluctablement au renchérissement des prix, donc à la réduction du pouvoir d’achat. Le secteur privé propose que l’IMF soit plafonné à un niveau raisonnable. Concernant l’imputation des déficits antérieurs, nous demandons la suppression de cette limitation à 70% du bénéfice de l’exercice. Ceci est contraire aux pratiques généralement admises en matière de droit comptable et de pratique fiscale. Nous recommandons le maintien des dispositions en vigueur dans le CGI actuel tout en prorogeant le délai de prescription du déficit reportable à cinq ans au lieu de trois ans », a-t-il lancé.
MohamedNana Bangoura