Pour éviter tout retard à l’allumage dans la remise en ordre de marche du pays, après l’éviction du président Alpha Condé, le colonel Mamady Doumbouya n’entend pas dormir sur ses lauriers. D’où cette volonté de dresser un état des lieux sur les actifs et les passifs du régime déchu. Histoire de confondre les grilleurs d’arachides sur leur gestion. Vu que le colonel Doumbouya est convaincu que tout n’a pas été rose durant le règne de son prédécesseur.
Le Conseil national pour le rassemblement et le développement (Cnrd) est sur la brèche. C’est le moins qu’on puisse affirmer. Car, conscient sans doute que tout flottement au sommet de l’État pourrait en rajouter à l’incertitude, née de son coup de force, la junte a décidé de prendre le taureau par les cornes.
Menant de front, consultations avec les corps de l’État, les corps intermédiaires et les corps diplomatiques et lifting à la tête de certaines institutions ministérielles et sécuritaires.
Dans cet avant-goût du changement de paradigme promis par le Cnrd, l’invite est faite aux secrétaires généraux des ministères, de dresser incessamment des bilans d’étape sur les actifs et les passifs de leurs institutions respectives.
Ces grands commis de l’État, chargés de diligenter les affaires courantes, après la chute du pouvoir, ont déjà commencé à s’exécuter. L’occasion sera opportune pour mettre le Cnrd au bain du fonctionnement de ces structures de l’État.
Car les nouveaux maîtres du pays ont besoin de séparer le bon grain de l’ivraie, dans la gouvernance économique et financière de M. Alpha Condé.
Cette dynamique du chamboule-tout, commande toutefois une dose d’opiniâtreté et de probité chez les membres du Cnrd. Pour le moment, le colonel Doumbouya donne le gage d’en avoir, pour avoir eu la témérité de se débarrasser de son mentor, sans coup férir.
Certes, dans son premier speech, prononcé juste après le putsch, et qui fait office de profession de foi, c’est un colonel Doumbouya la fleur au fusil, qui s’est engagé à nettoyer les écuries d’Augias.
Ayant pris lui-même la mesure de la situation, pour avoir été, ces dernières années, le bras armé du pouvoir d’Alpha Condé.
De nombreux observateurs disent cependant se garder de tout triomphalisme, en attendant de connaître la physionomie du futur gouvernement de transition. Un casting qui pourrait déterminer si oui ou non l’armée guinéenne a pris le mors aux dents, pour servir enfin le peuple avec abnégation.
Il ne faut donc pas crier victoire trop tôt.
Mamadou Dian Baldé