Pour Aliou Barry, directeur du Centre d’analyse et d’études stratégiques, un cercle de réflexion guinéen, prendre le temps de bien choisir son équipe est positif. Surtout s’il s’agit de composer un gouvernement représentatif, inclusif, qui évite l’ethnicisation : « Ce tâtonnement est judicieux : comment composer un gouvernement en évitant la politisation ou l’ethnicisation ? Si vous prenez depuis 2010 tous les gouvernements, toute l’administration était vraiment [composée] de gens qui venaient de la même région et surtout du même parti politique. » Il note que pour le moment la junte veille à respecter les équilibres entre peuls, soussous, mandingues et forestiers.
Judicieux donc, sauf si la junte, qui n’a pas fixé la durée de la transition avant l’organisation d’élections libres, a un agenda caché. « Derrière, au Centre d’analyse, nous avons interrogé beaucoup d’acteurs politiques et de la société civile. Beaucoup commencent à se poser la question : pourquoi prendre du temps pour une équipe qui n’a qu’une transition à faire ? Quel sera le rôle par exemple d’un ministre des Travaux publics et des Infrastructures dans un gouvernement de transition ? Est-ce que c’est pour lancer des infrastructures ou est-ce que juste réorganiser le ministère ? On craint fort que derrière ce tâtonnement judicieux dans le souci d’avoir une équipe compétente ne se cache une volonté d’étaler la transition dans le temps. »
L’observateur relaie par ailleurs une interrogations partagée par d’autres sur les intentions de la junte concernant le délai de la transition : qu’est-ce qui motive des Guinéens à laisser de belles fonctions dans le privé ou dans des ONG pour rejoindre un gouvernement transitoire sans pouvoir se présenter aux futures élections ?
RFI