Certains candidats pensent qu’ils vont vraiment participer à un vrai travail de rédaction du texte constitutionnel, ils se voient stylo en main, entrain de rédiger des articles.
Et bien ça ne se passe pas vraiment comme cela dans nos pays africains.
En vérité, le texte constitutionnel est « rédigé »par un petit groupe de juristes, puis soumis aux autres pour lecture, et peut être pour des amendements très mineurs.
En vérité, même ce petit groupe de juristes ne rédige pas réellement le texte constitutionnel, ce petit groupe se contente le plus souvent de faire un copier-coller de la constitution française, ou d’ autres constitutions occidentales, ensuite, il procède juste à quelques ajustements sur un maximum de 10 articles sur un ensemble de 100, voire plus.
Donc quand vous entendez un juriste Africain francophone se gargariser d’avoir redigé telle Constitution, souriez seulement en faisant semblant de n’avoir rien compris.
Parfois, ce sont mêmes des juristes Français, à partir de Paris, qui rédigent et transmettent aux dirigeants Africains. C’est un manque total de considération.
Si les Africains rédigeaient leurs Constitutions, en tenant compte des réalités de leurs pays, du niveau exact de leur développement, celles-ci ne ressembleraient jamais à ce point aux constitutions occidentales.
Si les Africains rédigeaient leurs constitutions, l’identité et et les valeurs africaines seraient mentionnées.
De la même manière que nous importons des produits industriels qui finissent par nous rendre malades et nous tuer, nous importons des constitutions qui créent toutes les conditions de l’instabilité et des crises, dans nos sociétés.
Quand un juriste Africain francophone vous dit qu’il a rédigé la Constitution, sachez simplement qu’il a procédé comme suit:
1-Il ouvre une page word sur son ordinateur
2-Il télécharge et installe deux ou trois constitutions françaises ou d‘autres constitutions
3-il pioche dans les documents téléchargés, copie et colle sur sa page word
4-Il réorganise le tout en des parties , chapitres et sections.
Sinon, comment un Africain peut s’assoir, rédiger un texte d’une centaine d’articles, pour un peuple africain, sans que rien d’africain ne transparaisse dedans?
Pourquoi par exemple tous les juristes impliqués dans la rédaction de nos constitutions, reprennent le principe d’une Cour de justice de la République pour juger les membres du gouvernement, et le principe d’une Haute Cour de justice pour juger un président de la République ? Pourquoi nous Africains, nous n’opterions pas pour les tribunaux ordinaires pour juger le président de la république et les membres du gouvernement ?
Rédiger une Constitution, c’est d’abord réfléchir, c’est se rappeler de l’histoire de la vie politique de son pays, puis élaborer un système.
Toutes les Constitutions françaises reflètent l’histoire de France , des valeurs et principes qu’elle s’est forgée avant 1789 et jusqu’aujourd’hui.
Mais que reflète une Constitution guinéenne ? Elle reflète la France tout simplement.
Il n’y a rien dans nos constitutions qui nous vient de notre histoire, par exemple des systèmes politiques de nos dirigeants avant la colonisation, il n’y a rien qui soit hérité de l’empire Samory, rien du Fouta théocratique, rien de zebela Togba, rien de Dinah Salifou.
Il ne viendrait à l’idée à aucun juriste Guinéen de faire référence par exemple dans le préambule de notre Constitution à la charte de kouroukanfouga ou simplement à certains de ses principes.
Or, Si vous prenez la Constitution française de 1958, vous y trouverez des principes issus de la Monarchie, de la révolution, de la première Constitution de 1791(première République), de la deuxième Constitution de 1793, celle de 1795, du Consulat, de l’empire, de la IIIeme république, et de la IVeme République. Bref, il y a une continuité historique et politique, et c’est cette continuité qui fait qu’ils sont en harmonie avec leurs règles et c’est cela qui facilite la croyance en ces règles et le respect de ces règles par tous.
Nous juristes Africains, perpétuels copieurs-colleurs, nous n’avons pas encore extrait un seul principe juridique venant de nos ancêtres. À cause de cela, les Africains n’ont ni racines, ni tronc, nous sommes des branches greffées sur l’histoire des autres.
JJR