À la faveur d’une interview accordée à notre rédaction mardi soir 21 décembre 2021 à son domicile à Conakry, l’ancien ministre de l’économie et actuel président du parti Mouvement National le Développement a abordé des sujets brûlants de la transition.
Du différend entre la CORED et l’inter-coalition politique, aux rapports entre le président et son premier ministre en passant par la rebaptisation de l’aéroport international de Conakry, Dr Ousmane Doré a touché tout.
Lisez !
Mosaiqueguinee.com : la CORED qui dit ne plus vous reconnaître comme médiateur de la classe politique, a pris ses distances de l’inter-coalition politique. Où en êtes-vous par rapport à ce différend ?
Dr Ousmane Doré : notre démarche a toujours été une démarche inclusive. Nous avons pensé qu’il faut la classe politique dans son entièreté. C’est vrai que des divergences sont apparues parce qu’il y avait une question de répartition des 15 places pour 180 partis, mais, ceux qui ont claqué la porte, beaucoup d’entre eux sont en train de revenir puisqu’il n’est plus question d’avoir des représentants ici et là. Nous sommes en train de parler des enjeux réels de la transition. Pour le cas d’El Hadj Mamadou Sylla que je respecte beaucoup, il a été un des éléments clés dans le lancement de cette médiation. (…) Donc, je suppose qu’à un moment donné, on reviendra à des meilleurs sentiments. Nous nous retrouverons tous puisque que ça y va dans notre intérêt. Même les partis, qui jadis, avaient beaucoup d’influence, aujourd’hui, ils reconnaissent que seuls, ils ne peuvent pas peser. Il faudrait avoir un ensemble pour composer ce que nous appelons les forces vives de la Nation. L’heure n’est plus à la lamentation ou aux critiques négatives, mais, c’est de dire qu’il y a le temps encore pour nous de contribuer. Puisque la feuille de route n’a pas été encore élaborée et transmise aux autorités comme la CEDEAO, ensuite on sait que le CNT n’est pas mis en place, alors, nous avons déjà un rôle à jouer. Dès qu’on aura cette passerelle-là, je pense que l’opinion publique nationale et internationale se rendra compte du bien fondé de notre démarche de rassembler la classe politique.
La rebaptisation de l’aéroport de Conakry par le président de la transition a suscité des débats parfois passionnés. Comment avez-vous accueilli cette décision ?
Ecoutez ! D’abord, il y a la forme. Mais le fond, quand je l’ai appris, j’étais encore hors du pays. J’ai cru comprendre que c’était dans la lignée des actes de réconciliation ou d’apaisement qu’il (Col. Mamadi Doumbouya ndlr) voulait poser. Ceci dit, je crois que c’est la passion qui a suscité ce débat qui n’avait pas besoin d’être. Je pense que lorsqu’on évoque le cas du premier président, ça réveille toutes ces émotions. Mais, nous avons une histoire qu’il faut quand-même accepter d’avoir en face. Le problème est qu’on n’a jamais essayé de faire face à ces réalités historiques et qu’aujourd’hui, ça nous rattrape. Il me semble que ce n’est pas une décision conditionnée pour faire mal ou penser qu’il n’est pas sensitif aux problèmes qui ont existé ici pendant la première république. En bon Guinéen, on doit accepter les positions des uns et des autres. Ceux qui en ont parlé, ont tout leur droit de le faire puisque de toutes les façons, il y a eu beaucoup de victimes. Aujourd’hui il est chef, il a estimé que c’était une décision qu’il fallait dans le cadre de toute l’action qu’il est en train de poser. Je pense que ça a été fait dans des bonnes intentions.
Le Premier Ministre Béavogui n’a pas caché sa colère contre le président après la prise de ce décret. Une crise est-elle évitable au sommet de l’État ?
À Coyah (le lundi dernier ndlr), ils ont donné un signal fort que tout ce passe bien. C’est les d’eux têtes de l’exécutif, il peut y avoir souvent ces manques d’informations comme le premier l’aurait dit. Mais, ça ne signifie nullement que c’était pour causer une crise. Si le président ne l’avais pas informé, il avait des canaux pour dire au président que mon gouvernement et moi souhaitions en être informés cela pouvait se passer en conseil des ministres ou en bilatéral. Mais, quand les gens extrapolent cela pour dire qu’il a bravé le président ou que c’est un départ qui est en jeu, je ne suis pas sûr. La transition n’a pas besoin de crise au sommet de l’État.
Quel regard portez-vous sur la transition en cours dans le pays ?
Cette transition, elle nous incombe tous. Nous avons tous intérêt à ce qu’elle réussisse. Du côté du CNRD, nous avons besoin d’eux, de la transparence.
Entretien réalisé par Mamadou Sagnane