Dans un entretien qu’il a accordé à la rédaction de mosaiqueguinee.com, le politique et activiste très engagé se prononce sur les sujets de l’heure. Assises nationales annoncées par le Colonel putschiste, dialogue politique, présidence du conseil national de la transition, collectif des partis politiques, Keamo Bogola Haba, président d’honneur du parti UGDD, membre de l’ANAD (alliance nationale pour l’alternance démocratique) aborde toutes ces questions avec aisance et sans détours.
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Mosaiqueguinee.com : Le président Colonel Mamadi Doumbouya annonce des assises nationales dans un contexte où la classe politique appelle de tous ses vœux à un dialogue. Qu’en pensez-vous ?
Keamo Bogola Haba : La classe politique, dans sa globalité, demande un dialogue par rapport au futur de la Guinée. Il y a d’autres organisations qui demandent à ce qu’on se parle par rapport au passé de la Guinée. Pour moi, le président a pris la meilleure décision d’annoncer sa volonté d’avoir des assises nationales, le reste, c’est à nous de décider du contenu. Je pense que les assises ont déjà commencé avant même l’heure, parce qu’on a toujours fuit notre passé. C’est le cas des cases Bellevue, la rebaptisation de l’aéroport. Ça veut dire que notre passé continue de nous hanter. C’est pourquoi, je crois que c’est une bonne chose mais il faut que ces assises et les sujets qui seront à l’ordre du jour, soit limités dans le temps. Il y a un travail qui avait déjà été commencé par les religieux.
Mosaiqueguinee.com : Le conseil national de la transition n’est toujours pas mis en place. Pendant ce temps, la classe politique veut parler d’une seule voix à travers la création d’une large plateforme politique appelée CPP, le collectif des partis politiques. Les acteurs politiques guinéens peuvent-ils, pour une fois, être d’accord sur l’essentiel ?
Keamo Bogola Haba : C’est une nécessité. Sur 181 partis politiques, il n’y a eu que 15 places au CNT pour la classe politique. Le fait pour la classe politique de s’accorder sur un certain nombre de thèmes tels que la question de la Constitution, de l’organe de gestion des élections, le chronogramme et la question du fichier et code électoraux, facilitera le travail bien aux forces vives, au CNRD mais aussi au CNT. Nous avons pensé que les commissions qui ont été mises en place vont se mettre à l’œuvre et feront un pas en avant dans le dialogue futur pour que les travaux du CNT soient basés sur des réflexions qui soient vraiment concertées.
Mosaiqueguinee.com : Il y a un débat jugé clivant sur la personne de Dr Dansa Kourouma pour la présidence du CNT. Vous qui l’avez pratiqué et fréquenté depuis plus de 25 ans, est-il la compétence pour diriger le conseil national de la transition ?
Keamo Bogola Haba : C’est un débat très clivant sur la personne de Dr Dansa Kourouma. Je pense que la question principale est qu’est-ce qu’on veut du CNT ? Si c’est en termes de compétences, je pense qu’aujourd’hui, Dr Dansa Kourouma a la compétence qu’il faut. Il en a l’expérience car depuis 1996, je le connais sur le plan de son engagement au niveau de la société civile. C’est un activiste parfait qui connait les acteurs de la chaine politique mais aussi de la société civile. Il a participé à tous les évènements que notre pays a connus, il connait pourquoi il faut un CNT ; sur ce plan, il y a la confiance là. De l’autre côté, Dr Dansa a la particularité d’être ouvert à toutes les communautés et peut parler aux deux camps, c’est-à-dire l’opposition et la mouvance d’hier. Il a cette capacité de parler à tous ces deux camps, c’est aussi extrêmement important pour les débats que nous aurons. Il y a aussi le patriotisme de l’homme. Il est important qu’on ait quelqu’un qui aime son pays à la tête du CNT et je crois que le patriotisme de Dr Dansa n’est plus à démontrer depuis 1996. Avec lui, nous avons mené des activités à l’université pour la réforme du système éducatif. Tout le monde l’a vu avec les mouvements de 2007, à l’arrivée du CNDD et aussi avec l’histoire récente de notre pays. C’est vrai qu’il n’a pris une part active dans le combat du FNDC, mais sa position est toujours restée tranchée par rapport à la question du 3ème mandat. Je pense qu’il faut lui donner le crédit. Maintenant, comme nous sommes dans un pays clivant, certains peuvent penser que quand tu parles la même langue que le président de la République, tu ne peux pas être à la tête d’une telle institution. Mais moi je ne pense pas que le fait que Dr Dansa parle la même langue que le colonel Mamadi Doumbouya doit être contre lui. Je suis contre des gens qui pensent qu’il ne peut pas être président à cause de son appartenance à la même région que le président Doumbouya. Si nous voulons quelqu’un qui a la confiance du président, je pense que Dr Dansa est le meilleur choix. Aussi, il ne faut pas oublier qu’il fait partie la nouvelle génération qu’il faut promouvoir aujourd’hui.
Mosaiqueguinee.com : Au lendemain de la mise en place du CPP, plusieurs voix se sont élevées au RPG AEC, l’ancien parti au pouvoir, pour s’opposer à une éventuelle adhésion à cette plateforme politique. Qu’en dites-vous ?
Keamo Bogola Haba : Non je ne pense pas. Je crois que des voix comme celle de Monsieur Damaro qui a sa position comme d’autres aussi mais jusque-là, il n’y a pas eu de déclaration officielle du parti sur cette question. Je crois que la classe politique dans son ensemble aura son mot à dire. Il faut préciser que ce n’est pas une alliance politique mais plutôt un cadre de concertation qui permet de faire des réflexions. Ça veut dire que le RPG, forcément, participera soit au dialogue à venir ou à travers cette plateforme. Parce que, n’oubliez pas, il y a déjà un débat sur le cas du RPG lui-même quand à sa participation aux débats politiques. Il y en a beaucoup qui ont remis en cause leur légitimité. Je crois que sur toutes ces questions, le RPG ne restera pas bras croisés. Ce n’est pas un évènement. La question est OUI ou NON ils seront autour de la table ?
Entretien réalisé par Mohamed Bangoura