Le procureur général près la cour d’appel de Conakry, Alphonse Charles Wright a entamé une série d’inspection inopinée dans certains commissariats centraux de police et escadrons de gendarmerie du ressort de la cour d’appel de Conakry.
Objectif, faire respecter des mesures de garde-à-vue ainsi que les différents registres qui les accompagnent.
Au compte de cette première étape, Alphonse Charles Wright et des cadres du parquet général de Conakry ont visité le commissariat spécial du stade du 28 septembre, les commissariats centraux de Nongo, Ratoma, Bambeto-Cosa et les escadrons de gendarmerie mobile de Hamdallaye et de Cosa.
Dans la plupart des services visités, le procureur général a dressé un constat plutôt satisfaisant par rapport au professionnalisme de certains officiers de police judiciaire dans le traitement des dossiers, ce, conformément à la loi en vigueur.
Alphonse Charles Wright a, par contre, déploré le manque de professionnalisme de certains OPJ au niveau de certaines unités. C’est le cas de la brigade territoriale de Bambeto où deux citoyens y croupissent depuis plus d’une semaine en garde-à-vue, sans être présentés au procureur d’instance. Cet état de fait, contraire à la loi et en violation de la procédure en matière de garde-à-vue à mis le procureur général dans tous ses états au point de suspendre l’habilitation de l’OPJ de l’unité. Il a plus loin interdit aux agents de ladite unité de recevoir des plaintes. Il les a donc a ordonnés de transférer toutes les plaintes au commissariat central de Kaporo-rails, situé à quelques mètres de là.
Tout au long de son parcours, au niveau de ces différentes unités, le procureur général a axé son message sur le strict respect de la loi. D’après lui, la conduite d’un OPJ réside dans le strict respect du code pénal et du code de procédure pénale. Selon lui, si les citoyens ont peur, ils viennent vers les autorités de la police ou de la gendarmerie. Mais ils ne peuvent cependant avoir confiance en ces services que lorsque les OPJ agissent conformément à la loi.
« Le plus important, vous constituez une justice de proximité, avant d’arriver devant un procureur ou un juge, c’est vous d’abord. Le premier contact en matière pénale est extrêmement important. Mais dès lors que leurs droits ne sont pas respectés, ils auront peur d’être privés de leur liberté sans aucune forme de procédure. Notre mission, c’est de faire en sorte que les citoyens qui quittent leur domicile vers chez nous, qu’on ne les impose que la loi et la procédure, c’est dans ça se trouve notre grandeur », a-t-il ajouté tout en précisant que la Guinée a besoin d’une police républicaine responsable, républicaine et respectueuse des droits humains.
Au terme de ce périple, l’avocat général près la cour d’appel de Conakry Dian Bora Diallo, a relevé presque les mêmes manquements.
« Par endroit, il y a des soucis que nous avons rencontrés et devant lesquels nous avons eu à prendre des mesures. Vous avez vu ce qui s’est passé au niveau de la gendarmerie territoire de Bambeto sur la petite colline où ces services fort malheureusement n’ont même pas de registre de garde-à-vue et où des personnes sont gardées depuis plus de huit jours, ce qui est inadmissible. Dans les autres services Dieu merci ça va, les personnes qui sont poursuivies c’est pour des affaires pénales, des mesures de garde-à-vue sont respectées. Donc grosso modo, on peut dire que dans l’ensemble à part un ou deux services, dans l’ensemble les officiers de police judiciaire sont respectueux du code de procédure pénale, respectent les mesures de garde-à-vue, respectent les nouvelles orientations du parquet général et cela c’est pour la protection des droits des populations », a déclaré l’avocat général Dian Bora Diallo à l’issue de cette inspection.
Poursuivant, l’avocat général a précisé que la démarche s’inscrit dans les nouvelles orientations du parquet général.
« Ce n’est pas la première fois que le parquet général sort, nous faisons de façon systématique. Ils le savent, on ne laissera pas respirer. Parce que nous sommes les surveillants des activités de ces officiers de police judiciaire. Les procureurs de la République sont les directeurs d’enquêtes. Mais ils reviennent à nous de les surveiller. Et, cette surveillance elle est permanente et constante. On ne relâche pas l’affaire. Parce que si nous relâchons, ce sont les droits des citoyens qui risquent d’être violés et ce sera de notre responsabilité » dira-t-il.
Il a enfin indiqué que c’est une démarche qui se poursuivra dans les jours à venir, soit dans les mêmes services ou dans d’autres.
« Nous irons dans une autre commune ou d’autres services. Nous allons continuer vraiment à nous rassurer que chaque officier de police judiciaire, chaque service de police judiciaire travaille conformément au code de procédure pénale. Et, ça concernera tout le ressort. De Conakry jusqu’à Koundara, le parquet général est déterminé à aller dans ce sens-là », a-t-il averti.
Alhassane Fofana