Même si les affaires domaniales priment sur les autres dossiers dans les tribunaux de l’intérieur du pays, à Dinguiraye, la situation dépasse l’entendement.
C’est ce qu’a fait savoir mardi 26 avril 2022 le juge du tribunal de première instance de Dinguiraye à l’occasion des journées portes ouvertes de la justice.
« J’ai trouvé un cas particulier à Dinguiraye que j’ai voulu mettre en exergue et qui est pour moi totalement différent des autres dans les différentes préfectures que j’ai pratiquées. Ici à Dinguiraye, près de 70% des parcelles habitées sont hors loti. C’est-à-dire que sur dix assignations que nous recevons, on se rend compte que les huit ou les neuf portent sur des parcelles qui sont hors loti », a révélé le juge Thierno Oumar Barry avant de poursuivre :
« C’est ici où nous avons malheureusement constatés que les citoyens ont la possibilité de lotir leur domaine sans faire intervenir un seul technicien de l’habitat. Je n’avais jamais vu ni entendu cela. Le cas particulier de Dinguiraye est encore pire. Ici, l’habitat accepte même de vendre ces domaines soi-disant lotis par des citoyens et après dire que ce sont des HL (hors loti) pour lesquels ils acceptent de délivrer des plans de masse », a-t-il pointé.
Le juge qui décrit cette situation qu’il qualifie de dangereuse, annonce des mesures palliative en cours de conception.
« Le citoyen se décide lui-même d’aller chercher un décamètre au marché et se transporte sur son domaine pour se mettre à mesurer. Il décide de quelle dimension il faut laisser en termes de route,… sans associer un seul service. Ni la commission domaniale de la commune, ni l’habitat encore moins l’agriculture. C’est très dangereux. Pour palier à ça, j’ai eu plusieurs séances de travail avec la commission domaniale de la commun élargies au service de l’habitat pour réformer complètement parce qu’on se rend compte que la situation est calamiteuse. On a vu que ce sont des chefs de quartiers qui délivrent des certificats de propriété à Dinguiraye. Vous allez voir une parcelle qui relève de X, par fantaisie on vient présenter ça au chef de quartier de Y qui valide. Nous avons entamé des pourparlers, actuellement nous sommes en train de concevoir un document qu’on va appeler attestation de cession. On a invité tous ceux qui ont l’expertise nécessaire pour apporter leur contribution… Parce que, lorsque des poursuites vont être engagées, nous seront amener à considérer que tous ceux qui ont signé certains actes, sont des complices », a laissé entendre Thierno Oumar Barry.
Mamadou Sagnane