Incontestablement, de toutes les créations de la junte au pouvoir, la CRIEF est celle qui focalise autant les attentions. C’est elle dont les actions font l’objet de trop grandes controverses. Elle est lardée de critiques partout, à tort ou à raison, pour son fonctionnement au cœur d’une polémique de règlement de compte.
Ses méthodes à parfaire ne gomment pas les suspicions qui risquent d’avoir raison de la noblesse de sa mission.
Ces préjugés et suspicions, la juridiction spéciale et l’autorité qui a voulu de sa création doivent bien les combattre. D’autant qu’ils ne sont pas tous infondés.
Le maintien en détention de l’ancien Premier Kassory Fofana et Cie, en dépit de la réputation de ces derniers indissociable à la gestion jugée comme n’étant pas très catholique du régime auquel ils ont appartenu, ce maintien en prison de ces anciens hauts fonctionnaires de l’Etat est constamment questionné par l’opinion, qui leur est pourtant très hostile. Ajouter à cela, les cas particuliers de Lounceny Nabé et de Dr Mohamed Diané, respectivement anciens Gouverneur de la BCRG et anicien ministre de la défense.
Pour le premier, il est poursuivi pour des faits liés à l’affaire de l’or guinéen chez un affineur en Belgique. Il est aussi détenu sur la base de l’appréciation par le procureur de l’enquête préliminaire menée par la direction des investigations de la gendarmerie.
Paradoxalement, selon nos informations, cette enquête a conclu que l’or guinéen existe bel et bien chez l’affineur belge et que la BCRG, conformément aux clauses contractuelles, bénéficie de tous les avantages liés à l’exécution dudit contrat .
A la suite d’un rapport aussi édifiant, on est bien en droit de s’interroger sur les motifs du maintien prolongé en prison de l’ancien gouverneur de la BCRG.
Cette question se pose davantage quand l’accusé est également maintenu en prison en dépit d’un rapport de ses médecins traitants, qui évoquent la nécessité pour lui , de toute urgence, d’aller se faire soigner à l’étranger. C’est du moins ce qu’on apprend auprès de différentes sources.
C’est du pareil au même pour le cas de Dr Mohamed Diané accusé d’enrichissement illicite. Alors même qu’il il a été découvert sur son compte bancaire moins de 500millions GNF, précise son avocat.
L’autre chose le concernant, glanée ailleurs, est que les enquêteurs n’ont jamais pu établir les liens de propriété entre lui et la centaine de bâtiments que les enquêteurs ont répertoriés , notamment à Conakry.
« Tous ces bâtiments répertoriés sont au nom de tierces personnes et non pas au nom de Dr Diané. Le problème c’est de prouver que ces bâtiments lui appartiennent » nous rapporte une source bien informée.
Avec ces réalités qui sont à l’antipode de l’exigence de la vraie justice réclamée par les Guinéens, désabusés par le déni de justice du régime déchu, la CRIEF a l’obligation de qualifier aussi bien son fonctionnement et sa méthode.
Ce sentiment est aussi largement partagé par le Colonel-Président.
Le discours de celui-ci, lui-même géniteur de cette juridiction d’exception, tenu en conseil des ministres, celui alternant soutien et mise en garde ne suffira pas pour redonner de l’espoir à ceux qui semblent avoir eu raison de douter.
Mognouma