Le quatuor RPG-ARC-EN-CIEL, ANAD, FNDC politique, CORED a rejeté pour la énième fois le dialogue proposé par le CNRD et le gouvernement. Le leader du parti Mouvement des patriotes pour le développement (MPD), M Paul Moussa Diawara livre sa lecture de cette situation qui cristallise le débat politique au cœur de la transition. Entretien :
Mosaiqueguinee.com : Bonjour monsieur Diawara. Que pensez-vous du rejet des facilitatrices désignées pour le cadre de dialogue qui démarre très bientôt ?
Paul Moussa Diawara : C’est vraiment dommage. Pour ma part, le CNRD doit prendre ses responsabilités et assumer ses décisions car, on ne peut pas continuer à tourner en rond à cause de certains leaders politiques qui sont visiblement animés de mauvaise foi et qui jouent sur le temps car, ayant un autre agenda caché pour sortir de la transition en dehors de celui qui est officiellement connu. Le perpétuel rejet de la main tendue du colonel-Président Mamadi Doumbouya, de la volonté politique du CNRD, de l’engagement irréprochable du gouvernement à œuvrer pour le retour à l’ordre constitutionnel montre qu’il y a anguilles sous roche. En effet, ils ont exigé et obtenu l’envoi d’un médiateur de la CEDEAO. Ils ont également exigé et obtenu la suppression du cadre de concertation qui a été remplacé par le cadre de dialogue. Hier lundi, le ministre de l’administration du territoire a rappelé que le médiateur se la CEDEAO et le G5 seront présents au cadre de dialogue. Que faut-il faire de plus ? Indiscutablement, ils ne font aucune concession, pendant ce temps le CNRD et le gouvernement cèdent aux conditions et autres exigences qu’ils formulent. Bref, l’effort est d’un seul côté.
Que pensez-vous qu’ils exigent fondamentalement pour participer au dialogue ?
Comme je l’ai toujours dit et écrit, la vérité cachée mais désormais connue, Dr Fodé Oussou Fofana ayant fait la révélation sur ce qu’il considère comme une condition non négociable est la remise en liberté des leaders politiques et des acteurs du FNDC emprisonnés, sans oublier le retour au pays de Cellou Dalein Diallo que lui-même et les responsables de l’UFDG ont toujours déclaré être en mission du parti à l’étranger, de Sidya Touré qui estime être resté à l’étranger car, n’ayant plus de résidence à Conakry. Où est la vérité ? Où est le sérieux ? Pour le quatuor qui prétend gouverner le pays, c’est immoral d’inviter l’exécutif à s’immiscer dans le judiciaire, le principe de ma séparation des pouvoirs étant sacré et consacré. Mieux, pour des leaders politiques qui sont appelés à se soumettre au suffrage universel de leurs compatriotes, c’est un sacrilège de faire la promotion de l’impunité, de défendre la violation des lois…
A présent, que faut-il faire pour sortir de l’impasse ?
Ce que le quatuor oublie, c’est un régime d’exception dont la gouvernance repose sur des mesures exceptionnelles. Le quatuor oublie ou feint oublier qu’il n’est pas au pouvoir, et qu’il ne lui revient pas de définir les règles de jeu. Loin s’en faut ! Il est donc prétentieux, utopique et narcissique d’exiger le multilatéralisme dans la gestion de la transition en rejetant l’unilatéralisme des décisions du CNRD qui n’est pas un parti politique élu pour se soumettre à l’exigence de la consultation des partenaires politiques ou alliés à tout bout de champ. Non, assurément non ! In fine, ce qu’il y a lieu de retenir, la balle est dans le camp de la classe politique, du moins d’une partie de la classe politique, le CNRD ayant déjà joué sa partition. Ceci dit et maintenant, que le train du dialogue politique inclusif démarre. Le refus de s’embarquer à bord ou de monter pour effectuer le voyage relève de la responsabilité des uns et des autres.
Votre dernier mot ?
Au Tchad, le dialogue politique initié par le général Deby Itno Junior n’a pas connu la participation de tous les leaders, d’autres ayant claqué la porte en pleine concertation. En 2019 au Mali, le dialogue politique initié par le défunt président IBK pour sortir le pays de la crise a été boudé par l’opposition, même s’il a finalement eu lieu. Ces exemples sont pour dire que tout le monde ne peut jamais participer à une telle initiative en même temps. En tout cas, « les absents ont toujours tort » et « la nature a horreur du vide », dit-on.
Interview réalisée par Mohamed Bangoura