Ancien cadre de l’UFDG et actuel président du parti ACT, Dr Ben Youssouf Keita a, dans une interview accordée à mosaiqueguinee.com, livré son analyse sur le déroulement de la transition conduite par le colonel Mamadi Doumbouya.
Dans cet entretien, il a été entre autres question de sa formation politique, du cadre de dialogue inclusif, des facilitatrices, mais aussi les arrestations arbitraires des politiques.
D’abord, la transition :
La transition est tout sauf un fleuve tranquille, mais nous devons savoir tirer les leçons du passé et ne pas tomber dans les mêmes travers, afin d’éviter de revivre les expériences fâcheuses. Sachons que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Souvenons-nous des événements du 28 septembre 2009 et de ce qui nous a conduits à cela. Si nous n’en prenons garde nous courons droit vers le même type de mur, avec au bout, une probable autre transition. Donc, un saut dans l’inconnu. Le peuple martyr de Guinée n’en a plus besoin. Nous sommes à la 3ème transition et elle doit être la dernière.
Regard du président de l’ACT sur la conduite de la transition :
À l’ACT, nous estimons que la transition est sur de bons rails, il ne faut pas oublier qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite, et la réussite vient toujours avec quelques difficultés. On dit que vous n’appréciez votre victoire que quand vous affrontez un adversaire coriace, ça signifie que la vie n’est pas facile, il faut se préparer à affronter toutes les difficultés et savoir les transcender. Si cela est vrai, du 05 septembre 2021 à nos jours, nous estimons que les actions positives posées sont de loin plus nombreuses que les défaillances. Si nous devons donc parler de la conduite de la transition, nous disons qu’il faut la soutenir et faire en sorte que les erreurs soient rapidement corrigées pour que nous allions là où nous voulons être afin qu’il n’y ait pas une 4ème transition, et que la Guinée aille enfin à des élections libres, transparentes, crédibles et inclusives.
Facilitatrices et arrestations arbitraires des acteurs politiques
Nous pensons que des actions de ce genre ne favorisent pas la quiétude et la sérénité, ce sont des choses à éviter. S’il y a quelques erreurs c’est cela certaines erreurs. Personnellement, j’ai subi un tel agissement au pic de la lutte du FNDC auquel j’appartenais, contre le 3ème mandat du Pr Alpha CONDÉ et le tripatouillage de la constitution de 2010. Sans que je ne sois convoqué même une seule fois, j’ai subi la descente musclée de 6 pick-up de la gendarmerie avec des policiers bien armés pour me cueillir comme un malfrat ou criminel. C’est vraiment traumatisant et ça ne se justifie point dans un Etat normal. Alors, je demande humblement à ceux qui nous dirigent aujourd’hui, de revoir cette copie, et de faire en sorte que tous ceux qui doivent être interpellés, quelle que soit la faute commise le soient dans les règles de l’art.
Concernant nos trois sœurs choisies comme facilitatrices, ce qui me réjouit à plus d’un titre, je me dis qu’après 64 ans d’indépendance, nous avons suffisamment de ressources humaines pétries d’expérience, de sagesse et de patriotisme pour nous tirer d’affaire quelles qu’en soient les conditions. À 64 ans, on n’est même pas adulte, mais on est vieux, et un vieux c’est la somme des expériences tant bonnes que mauvaises, vécues. Ce qui vous permet de trouver solution à tous les problèmes que vous pourrez affronter. Faisons confiance en nos sœurs et valorisons nos ressources internes en sachant que nul ne connaît les problèmes guinéens mieux que les guinéens. À nous d’en être conscients et de faire un sursaut patriotique.
Cadre de dialogue inclusif
Nous avons des ressources humaines qui peuvent rassembler tous les guinéens autour d’une table pourvu que nous ayons la volonté patriotique. C’est une question de volonté, sinon même si c’est Obama ou le Pape qu’on envoie, si nous les acteurs en bisbilles nous ne mettons pas nos égos et nos intérêts partisans et personnels de côté et mettre l’intérêt supérieur du peuple de Guinée au-dessus, nous n’irons nulle part. Sinon pourquoi ne pas donner la chance à nos sœurs là, Dr Makalé Traoré, Madame Joséphine Guilao et Hadja Aicha Bah qui sont célébrées d’ailleurs à l’international ? Si vous ne recevez pas quelqu’un qui vient pour vous écouter humblement, essayer de s’enquérir de vos préoccupations afin de les traduire devant qui de droit comment vous et celui avec qui vous êtes en bisbilles pourriez-vous entendre, et trouver solution à vos différents ? C’est pas possible. La meilleure manière d’aller à un affrontement c’est de couper le dialogue. Nous à l’ACT, nous soutenons ces facilitatrices, prions Dieu pour qu’elles réussissent et demandons à ceux qui n’ont pas envie de les rencontrer de leur accorder le bénéfice du doute et accepter la main sincère tendue. C’est la Guinée, notre bien commun qui en sortira bien rayonnante et nous gagnerons tous.
Entretien réalisé par Al Hassan Djigué