Depuis plus d’une décennie, les habitants de la route Hamdallaye, Bambéto, Cosa, Wanindara, Sonfonia, Cimenterie et Kagbelen vivent un calvaire indescriptible lors des manifestations de rue appelées par les leaders politiques de l’opposition et le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC).
Violences, injures, jet de pierres, gaz lacrymogènes, tirs à balles réelles, occasionnant des morts d’homme, c’est à tout cela que les habitants de cette partie de la capitale Conakry sont confrontés.
À travers ce grand reportage réalisé par un de nos reporters, lisez les témoignages pathétiques de certaines victimes d’exactions sur l’axe pendant des manifestations de rue.
« Nous sommes terrorisés et traumatisés par les tirs sans cesse, les cailloux et le gaz lacrymogène. Les forces de l’ordre profèrent même des injures à l’endroit des citoyens. Je me souviens encore après l’élection du 18 octobre 2020, ils disaient on va violer vos sœurs et mamans. On va vous brûler parce vous êtes des badauds. On va tirer sur vous. Vous pensez être les seuls guinéens, vous allez voir. Nous vivons le calvaire sur l’axe Hamdallaye depuis 2010 », a témoigné une dame vivant à Hamdallaye depuis les années 1990.
« Quand on apprend qu’il y a une manifestation sur l’axe, on tombe malade car ce que nous subissons c’est trop. Des tirs à balles réelles qui nous traumatisant, nous et nos enfants. Il y a aussi le gaz lacrymogène qui fait très mal et qui fait tomber certaines personnes même. Plusieurs familles ont quitté le quartier à cause de ces violences« , a-t-il témoigné.
Une autre mère de famille, la peur au ventre, craint pour ces enfants. Car explique-t-elle, même étant enfermé dans ta maison, seul Dieu peut te sauver lors des manifestations.
« La dernière manifestation du FNDC, des agents de la police avec des injures qui n’honorent pas sont rentrés chez nous en défonçant le portail, ils ont caillassé les vitres de nos voitures en tirant du gaz lacrymogène. Quand un bébé a pleuré, un parmi eux a dit il y a un bébé allons, certains ont répliqué non. Ils ont tiré et proféré des injures avant de sortir. Ils n’épargnent personnes. Quand ils tirent à balles réelles, j’ai peur pour mes garçons. Vous-mêmes, vous savez combien de jeunes ont été tués à la fleur de l’âge. Nous les mamans, on a vraiment peur. Parce que même si tu ne sors pas manifester, la balle peut te trouver dans ta maison », a confié cette maman.
« Nous ne pouvons pas quitter ici car c’est notre concession. Nous souffrons des deux côtés. C’est-à-dire du côté des jeunes et agents parfois quand les agents tirent le gaz, les jeunes prennent ça et jettent dans nos concessions. Des agents aussi tirent à balles réelles. Même notre transformateur n’a pas été épargné. Les agents de la police ont tiré sur lui et nous avons eu une panne de courant durant plusieurs jours. Heureusement, on a réussi à avoir un nouveau transformateur. Même nos tôles ne sont épargnés, pendant la saison des pluies, plusieurs familles étaient obligées de changer leurs tôles. A vrai dire, nous souffrons énormément lors des manifestations. Nos frères et pères qui ne sont pas impliqués par ces manifestations sont parfois victimes de ces agents, qui les arrêtent et les frappent. Parfois, ils nous disent de payer 2 millions ou 1 million 500 mille pour les libérer. Des pères de famille ont été bastonnés par des agents de police, disant qu’ils n’ont pas bien élevé leurs enfants », a-t-elle témoigné.
Les habitations ne sont pas les seuls endroits visés lors des manifestations. Des cas de vandalisme sont enregistrés dans le secteur informel, notamment le commerce.
« Tant qu’il y a des manifestations sur l’axe, nos activités sont bloquées. Parfois, nous avons la peur de se trouver un matin avec des magasins ou boutiques vides. Parce que des deux côtés (agents et jeunes), nous avons peur. Nous vivons des choses terribles ici. On se demande quand tout cela va s’arrêter », s’interroge un père de famille.
« Mes enfants ne mangent pas quand ça tire. Ils pleurent et se collent à moi. Quand les agents lancent le gaz dans nos concessions là c’est le pire. Car difficilement ils respirent. Même quand nous sommes dans nos maisons enfermés, on n’est pas à l’abri. Au niveau de notre mur, il y a une trace de balle. On peut se retrouver avec quatre à cinq (5) boîtes de gaz lacrymogène dans notre cour et cela nous cause du tord et nous craignons même pour notre santé. Pour notre sécurité, là c’est autre choses. Parce que nous ne sommes pas en sécurité », a-t-elle fait savoir.
Cette situation déplorable mérite donc de profondes réflexions, afin de mettre fin au climat de tension dans la zone.
Reportage réalisé par Aïssata Barry