Dans une ordonnance en date du 1er décembre 2022, la Chambre de l’instruction de la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF) a ordonné la mise en liberté de Dr Ibrahima Kassory FOFANA, assortie de contrôle judiciaire et dépôt d’un cautionnement de trois (3) milliards de francs guinéens. Manque d’éléments probant de la part du Procureur Spécial pour confondre l’ancien Premier Ministre du Professeur Alpha CONDE ?
Le Parquet spécial de la CRIEF, s’est, pour la énième fois de suite, opposé à cette décision de la Chambre de l’instruction. Justice ou acharnement ?
Brandie au lendemain du 05 septembre 2021 comme étant l’un des principaux chantiers de la refondation de l’Etat engagés par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), la » traque aux biens mal acquis » fait l’objet de controverse aujourd’hui. Si certains pensent que la démarche de la CRIEF vise à moraliser la gestion, d’autres par contre croient dur comme du fer que cette haute Cour de Répression est mise en place tout juste pour réduire à quia toutes les voix dissonantes.
En effet, nombre de guinéens doutaient au départ. Beaucoup ne croient plus à la démarche de cette haute Cour. Pendant que certains croupissent en prison depuis plusieurs mois sans aucun procès, d’autres par contre auxquels sont reprochés les mêmes faits, continuent malheureusement de bénéficier de leur liberté.
Loin d’une quelconque intention visant à jeter le discrédit sur cette Cour très spéciale, mais ce point de vue est partagé par nombre de guinéens. C’est vrai que le Code de Procédure Pénale fixe la détention préventive à quatre mois, renouvelable une seule fois. Cependant, il serait important actuellement pour cette Cour de Répression de s’activer davantage pour diligenter les procès, car cette détention préventive prolongée des anciens dignitaires du régime du Professeur Alpha CONDE pousse, à juste raison d’ailleurs, certains à penser que ce sont des dossiers politico-judiciaires.
Vrai ! La détention prolongée constitue une plaie béante qui gangrène le système judiciaire guinéen ! On ne peut éternellement retenir des citoyens en prison sans jugement. Depuis le 06 avril 2022, certains anciens hauts commis de l’Etat croupissent en prison sans procès. D’ailleurs, combien la » traque des biens mal acquis » a-t-elle rapporté à l’État guinéen, a date ?
Libérez le Premier Ministre, Dr Kassory FOFANA ! Libérez l’ex PAN honorable Amadou Damara CAMARA ! Libérez Dr Mohamed DIANE ! Libérez Monsieur Ibrahima KOUROUMA ! Libérez Monsieur Oyé GUILAVOGUI ! Libérez-les tous, si vous ne les jugez pas !
Ces incarcérations prolongées sans jugement, poussent nombre de guinéens aujourd’hui à douter de la bonne foi de cette Cour. Plus de sept (7) mois de détention après, les citoyens s’interrogent toujours sur les véritables faits reprochés à ces anciens hauts commis de l’Etat suscités. À part le qualificatif ronflant de « de détournements de deniers publics, d’enrichissement illicite », que sais-je encore, le peuple de Guinée n’a pas grand-chose sur ce qu’on reproche à ces anciens dignitaires.
Traque des biens mal acquis pour discipliner la gestion ou règlement de compte et haine des anciens dignitaires du PrAC ?
Un vieux dicton nous enseigne que : « il faut balayer d’abord devant sa propre porte ». Si la lutte contre les biens mal acquis était telle qu’on l’a brandie, tous les hauts commis de l’Etat devraient, pour une question de transparence et d’éthique, faire de leur priorité, la déclaration écrite de la totalité de leurs biens et actifs. Malheureusement, après plus d’un an, ni LES MEMBRES du CNRD, ni les membres du GOUVERNEMENT, ni les RESPONSABLES DES RÉGIES FINANCIÈRES, ni personne d’ailleurs, ne se sont attelés à cet exercice républicain. Avec de telles attitudes de la part des autorités, le peuple peut-il roire à la sincérité de la lutte contre l’enrichissement illicite ?
J’en doute fort.
Sayon MARA, Juriste