Dans une interview exclusive accordée à la rédaction de Mosaiqueguinee.com ce mardi 28 février 2023, le leader du parti Union pour le Progrès de la Guinée (UPG) s’est exprimé sur l’actualité sociopolitique en Guinée.
Jacques Gbonimy, puisque c’est de lui qu’il s’agit a entamé son intervention par le refus des Forces Vives du pays à recevoir le Premier Ministre, chef du gouvernement Dr Bernard Goumou. Pour lui, ce dernier doit changer de stratégie afin d’obtenir une suite favorable à sa demande.
Dans ce même entretien, l’ancien membre de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) s’est également prononcé sur le maintien des sanctions de la CEDEAO contre la Guinée, la menace du Ministre Mory Condé de retirer les agréments des partis politiques complices du FNDC et l’organisation d’un nouveau dialogue avec tous les acteurs politiques du pays.
Lisez !
Les forces vives du pays rejettent l’invitation du PM Bernard Goumou, après l’annonce de leur manifestation. Qu’en pensez-vous ?
Souvenez-vous que nous avons appris l’appel à manifester des forces vives et par la suite, il y a eu un communiqué qui les invite à une rencontre ce matin, j’ai aussi lu leur communiqué privilégiant autre chose que cette rencontre. Ce sont les tractations politiques normales dans une démocratie comme la nôtre. Quand on n’est pas habitué, on peut déjà juger soit l’une ou l’autre partie concernée par ces affaires politiques. Mais, moi qui suis anciennement dans ces mouvements politiques, je ne suis pas surpris. Je pense plutôt que le Premier ministre doit reprendre son bâton de pèlerin pour aller vers les gens, ne pas se limiter aux communiqués et même aux courriers, mais d’aller à leur rencontre pour un pré entretien. Pourquoi pas à travers des émissaires mandatés par lui ?
Dans les négociations politiques, tout ne se passe pas ouvertement, il faut aller discuter avec les principaux responsables, voir quelles sont réellement leurs revendications et essayer de trouver des compromis avant de se retrouver.
La CEDEAO a décidé de maintenir ses sanctions contre la Guinée, tout en interdisant aux membres du CNRD de voyager. Quelle lecture en faites-vous ?
Je crois que la CEDEAO est dans sa logique. Le dialogue organisé en Guinée n’a pas atteint les résultats escomptés au départ par rapport l’inclusivité. L’attitude réticente des dirigeants guinéens d’impliquer la CEDEAO dans les négociations et la frange importante de la classe politique en dehors du dialogue amène la CEDEAO à durcir sa position. Je l’ai dit il y a quelques mois, qu’il n’est pas opportun qu’on ait un bras de fer avec la CEDEAO. Ça ne nous mènera nulle part. Toute sanction décidée par la CEDEAO a des effets soit sur les dirigeants ou le fonctionnement des institutions guinéennes ou le peuple de Guinée lui même est atteint. Je pense qu’aujourd’hui, nous devons tout faire pour être en harmonie avec cette instance. Ne voyons pas la CEDEAO en tant qu’institution régionale simplement, mais voyons la en tant qu’organisation dont les décisions ont des répercussions sur le plan international.
Après la dernière manifestation du FNDC le 16 février dernier, le ministre Mory Condé a menacé de retirer les agréments des partis politiques qui sont en complicité avec cette organisation. Qu’en pensez-vous ?
La charte des partis politiques est claire. Il ne s’agit pas parce qu’on a fait appel à manifester qu’on va retirer les agréments. Je crois que si le Ministre de l’Administration du territoire appliquait les articles de la charte des partis, on ne serait même pas avec le nombre pléthorique de partis politiques qu’on a aujourd’hui. C’est parce que cette charte n’est pas appliquée, ni suivie que quelqu’un sort pour dire je suis leader où j’ai un parti politique. Comment comprenez vous qu’un parti créé depuis plus de 10ans, qui n’a participé à aucune élection, qui n’a eu aucun élu par le passé, continue à perturber la vie politique. Je crois que le ministre doit appliquer la charte des partis politiques que de menacer. Tout cela aggrave la situation et ne tranquillise pas le pays. Des annonces sans effets ne nous aident pas à être efficaces dans la gestion des affaires.
Quelle est votre analyse sur la reprise du dialogue politique avec la participation, bien sûr de tous les acteurs politiques du pays ?
Je recommande au Premier ministre de reprendre son bâton de pèlerin, parce que le chronogramme qui a été validé par la CEDEAO, si nous voulons le respecter il faut que le dialogue s’instaure, qu’il soit aussi réellement inclusif, parce qu’une frange importante de la classe politique n’était pas concernée par le dialogue inclusif passé. L’une des mauvaises politiques en Guinée, c’est le fait de donner plus de forces aux coalitions qui, en réalité ne sont nulle part que dans les sacs à main. Malheureusement, on a créé des coalitions qui n’ont aucune assise politique et les membres de ces coalitions aujourd’hui, prétendent parler au nom de tout le monde. Alors que ce sont des coalitions où il y a des partis politiques qui n’ont jamais participé à une élection, qui n’ont pas eu d’élus locaux et qui n’ont pas d’histoire en Guinée. Moi, je crois que c’est ceux qui ont des élus, qui ont une assise politique et sociale qui peuvent parler au nom des guinéens, mais des gens fabriqués de toute pièce, cela ne marche pas .
Je crois que le Premier ministre doit encore aller à l’assaut des grandes coalitions politiques et voir leurs revendications et même accepter des compromis, parce que sans concession on ne peut pas réussir un dialogue.
Entretien réalisé par Mama Adama Sylla