Tout Guinéen épris de paix, de sécurité et de justice devraient condamner les propos récents du Kountigui de la basse côte. Ces propos sont de nature à troubler la cohésion sociale, l’ordre public et la sécurité publique. Déjà en 2018, il avait dit ceci « les autres veulent que nous soyons étrangers chez nous… » ; « s’ils ne sont pas contents, qu’ils rentrent chez eux ».
L’histoire se répète.
Le 27 février 2023, je cite « on doit dire aux gens que la Basse Guinée n’est pas un lieu où on fait des plantations, c’est la capitale », tel sont les propos du Kountigui de la basse côte.
A qui doit-on dire ? Je me pose cette question. Est-elle adressée à ceux qui achètent des terrains pour en faire des unités agricoles ou autres (habitations, lieux de loisirs, lieux de cultes) qui sont des citoyens de la République.
Je me demande si la basse côte est supérieure aux autres régions de la Guinée (moyenne Guinée, haute Guinée, Guinée Forestière) qui sont aussi des greniers vivriers de la Guinée (mais, riz, fonio, igname, banane…) et où vit aussi une hétérogénéité d’ethnies.
Je réponds par Non !
La République de Guinée est composée de quatre régions naturelles au sein desquelles vivent des populations hétérogènes ethniquement (soussou, peul, malinké, guerzé, toma, kissi, landouma, baga, etc.
Ainsi, dire que la basse côte est la capitale et, que si elle est sous tension, c’est toute la capitale qui sera en ébullition. À ce niveau, il faut dire tout simplement que la Guinée ne se limite pas seulement à la basse côte et à sa ville Conakry. Mais, la Guinée est un espace géographique composé de quatre régions. Ce qui voudrait dire que la capitale pourrait être transférée dans n’importe quelle ville appartenant à ces régions.
Aussi, dire que la basse Guinée « n’est pas dédiée aux plantations » sont des propos qui ne devraient pas être tenus surtout par une grande autorité comme le Kountigui. Mais il devrait plutôt encourager le développement de l’agriculture dans cette région qui est essentiel pour son développement socio-économique.
Je dis bien, ces mots ‘’pourraient’’, je le répète bien ‘’pourraient’’ être perçus par des personnes mal intentionnées comme un feu vert ou un accord implicite pour détruire les plantations des paisibles citoyens guinéens qui ont investies des millions de fgn sur ces terres cultivables. L’on se souvient ces derniers mois, nous avons tous vu la destruction de plusieurs hectares de plantations (ananas, mangues, arachides, acajou, banane). Les autorités ont menacé de sévir et d’engager des poursuites, mais jusqu’à présent aucun individu n’a été arrêté et traduit devant la justice.
La charte de la transition du 27 septembre 2023 protège le droit à chaque citoyen guinéen d’exercer une activité de choix et de s’établir par tout il veut sur toute l’étendue du territoire national.
Ainsi, tout acte portant atteinte à …, l’unité nationale est un crime de haute trahison et puni comme tel par la loi (article 7).
De même, la Guinée est une République unitaire et indivisible, sociale et démocratique (article 3).
Aussi, tout citoyen (guinéen) a droit au libre développement de sa personne, dans le respect du droit d’autrui, de l’ordre public (article 10).
De plus, la loi punit qui conque par un acte de discrimination raciale, ethnique, par un acte de propagande régionaliste ou communautariste, ou par tout autre acte qui porte atteinte à l’unité nationale, à la sécurité de l’État, à l’intégrité du territoire de la République ( article 15).
En outre, tout citoyen a le droit de fixer librement son domicile ou sa résidence en un lieu quelconque du territoire national et d’y exercer toute activité conformément aux dispositions de la loi (article 16).
Par ailleurs, tout citoyen a le droit de circuler librement à l’intérieur du territoire national, d’en sortir, d’y revenir et de s’y établir temporairement ou durablement. Ainsi, il ne peut être porté atteinte à ces droits que dans les conditions définies par la loi.
Même si l’objectif de cette réunion était de sensibiliser les familles sur la problématique du foncier en basse côte, certaines paroles du Kountigui, violent plusieurs dispositions de la charte de la transition du 27 septembre 2021. Nous avons voulu juste rappeler à travers cette tribune, la nécessité de ne pas employer des propos qui sont de nature à créer des troubles à la cohésion sociale. Il s’agissait aussi de montrer qu’à travers ces propos plusieurs dispositions de la charte de la transition sont violées.
Ainsi, la justice devrait se saisir de cette affaire pour éventuellement poursuivre l’auteur de ces propos qui sont de nature à troubler la cohésion sociale, l’ordre public et la sécurité publique en République de Guinée.
Il faudrait rappeler qu’avant d’être une autorité morale, il est une personne susceptible d’être poursuivie pour atteinte aux droits d’autrui. L’évolution de la protection des droits de l’Homme (DH) montre aujourd’hui, que l’individu peut engager sa responsabilité pour violation des obligations de protéger et de respecter.
Docteur Sadou DIALLO
Docteur en Droit public