Dans une interview exclusive qu’il a accordée à la rédaction de Mosaiqueguinee.com, le Ministre de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation a fait un bilan à mi-parcours des examens nationaux 2023. Guillaume Hawing Junior, puisque c’est de lui qu’il s’agit est revenu sur le système mis en place pour déceler les candidats et enseignants indélicats. L’enseignant chargé des cours de Mathématiques apporte aussi des précisions sur le code QR dont il vante les mérites. Dans cet entretien, Hawing Junior révèle que sur 129 personnes éliminées, 91 sont des encadreurs. Il a saisi l’occasion pour lancer un appel aux enseignants : « nous ne devons pas monnayer notre honneur, nous ne devons pas nous même être le problème du système éducatif, nous ne devons pas nous même agenouiller le système éducatif. ».
Le patron du MEPU-A répond aux questions du Directeur de Publication du site Mosaiqueguinee.com.
Mosaiqueguinee.com : Guillaume Hawing Junior Bonjour ? C’est le dernier virage des examens nationaux qui se poursuivent sur toute l’étendue du territoire. Quel est le bilan à mi-parcours ?
Guillaume Hawing Junior : Aujourd’hui, nous sommes globalement satisfaits de ce qui se passe. Croyez-moi, de par le passé, le régime Sékou Touré jusqu’au 05 septembre 2021, les examens ici en République de Guinée étaient émaillés de fraude et de fuite de sujets. Il est arrivé dans l’histoire de notre pays que tout l’examen soit repris, il est arrivé dans notre pays que des sujets soient repris, il est arrivé dans notre pays que des gens prennent des mégaphones, rester derrière les centres pour dicter des réponses aux enfants et ça ce sont des choses récentes. Aujourd’hui nous nous sommes battus, vous allez beau parler mais personne ne vous dira qu’il y a eu fuite de sujets. Moi je l’ai toujours dit, le premier handicap d’un examen, c’est la fuite du sujet. s’il y a fuite de sujet, l’examen n’est plus valable. Par la grâce de Dieu le dispositif que nous avons mis en place on ne peut même pas parler de fuite de sujets. La nuit tu ne vois plus les élèves déambuler dans les écoles pour dire qu’ils sont à la recherche du pétrole (…). Ça c’est une vieille histoire. Le problème aujourd’hui, c’est comment freiner l’utilisation des téléphones dans les centres. C’est ce combat que nous sommes en train de mener. On sait qu’éradiquer la fraude à 0%, ce n’est pas évident mais nous allons autant que faire se peut nous battre pour réussir ce pari là aussi. Ce n’est pas facile nous en sommes conscients mais nous n’allons pas désarmer.
Cette année, vous avez innové en mettant en place un système: le code QR qui ne manque pas de raillerie sur la toile. Etes-vous satisfaits de ses résultats ?
Guillaume Hawing Junior : Comme vous pouvez le comprendre, les gens font tout pour vous défier. Les gens ont toujours estimé qu’en cachant le code QR, ils peuvent photographier le sujet sans problème. Mais moi je dis il y a ce qu’on dit, il y a ce qu’on ne dit pas. J’ai vu plusieurs personnes s’attaquer au code QR pensant que dès qu’ils cachent ces codes QR, nous sommes désarmés. C’est mal connaître tout ce que nous avons mis en place. Tout ne se dit pas, il faut que les gens le sachent (…). Nous avons mille et une chance de mettre main sur n’importe quelle personne qui prend son téléphone pour photographier les sujets. Donc c’est ce qui est arrivé sinon le code QR est tout le temps bien caché. Nous avons mis main sur ces personnes. Nous avons dit que ce n’est pas normal. Il faut que les gens adhérent à la philosophie selon laquelle il faut rendre à César ce qui appartient à César. Au CEE il y eu zéro candidat éliminé alors qu’ils sont plus de 330 mille candidats mais des dizaines d’enseignants éliminés. Vous voyez ce que ça fait. Des enseignants qui prennent le cahier, qui se mettent au tableau qui recopient les traités pour les enfants. J’avoue très honnêtement que ces choses donnent des maux de têtes.
Face au comportement indélicat de certains encadreurs, l’Enseignant Guillaume Hawing est-il aujourd’hui un homme déçu ?
Ce qui est décevant dans ces examens depuis le début jusqu’à la date d’aujourd’hui, il y a eu 129 personnes qui ont été éliminées, des enseignants mais aussi des élèves. Mais croyez-moi que sur les 129, il y a plus de 91 enseignants. Comme pour dire que ce sont les acteurs de l’éducation aujourd’hui qui nous défient encore de plus, c’est ce qui est dommage. Nous qui sommes censés éduqués ces enfants, leur prodiguer des conseils. C’est nous-mêmes après avoir prêté serment sur le Coran et sur la Bible, c’est nous qui photographions le sujet, c’est nous mêmes qui cautionnons la fraude.
Quel est le message que vous lancez aux enseignants, aux encadreurs ?
L’appel que nous lançons aux enseignants : c’est de leur rappeler que l’enseignement est un métier noble. Et à ce titre, nous ne devons pas monnayer notre honneur, nous ne devons pas nous même être le problème du système éducatif, nous ne devons pas nous même agenouiller le système éducatif. Nous devons tout faire pour mériter la confiance du peuple de Guinée, parce que si tu es enseignant, tu enseignes l’enfant de Paul ou Pierre. Je sais que vous même vous n’accepterez jamais qu’une personne trompe votre enfant ; donc tricher pour ces enfants, c’est trahir même les parents, c’est trahir le peuple de Guinée ; donc nous lançons un appel au peuple de Guinée. Certains enseignants doivent se mirer pour sortir de ce corps.
Interview réalisée par Mohamed Bangoura