L’ancien premier ministre Lansana Kouyaté a battu en brèche l’option d’une possible intervention militaire, brandie par la CEDEAO pour restaurer l’ordre constitutionnel au Niger.
En s’appuyant sur les méthodes classiques de l’institution dans la résolution des conflits, Lansana Kouyaté visiblement surpris, a rappelé que celles-ci sont bien rodées. En souscrivant aussitôt à la force des armes, le diplomate pense que la CEDEAO est allée trop vite en besogne. « Il fallait d’abord que la CEDEAO n’emploie pas le mot usage de la force dès le début. Je rappelle ici devant vous que la première organisation qui s’occupe de la paix et de la stabilité du monde c’est les Nations-Unies à travers le conseil de sécurité qui opère d’abord sous le chapitre 6, c’est-à-dire le chapitre de la diplomatie, l’envoi des émissaires, des avertissements, envoi des envoyés spéciaux. Quand cela ne marche pas on monte d’un cran en mettant le pays sous embargo. Si cela ne marche pas, en dernier ressort on fait appel au chapitre 7. Le chapitre 7 c’est la limite parce que c’est en ce moment qu’on utilise la force. Mais ici la CEDEAO a dit chapitre 7. L’usage de la force n’est pas exclue, je parle non pas en leur nom c’est à mon nom propre. A la CEDEAO ça ne se faisait pas comme ça », a-t-il confié avant la fin de l’ultimatum lancé à la junte militaire.
D’ailleurs ajoute-t-il, au lieu de recourir à l’intervention militaire le leader du parti politique PEDN, estime que l’institution ouest-africaine devrait plutôt s’interroger sur l’adhésion militaire que le coup de force a engendrée. « Comment il a été renversé ? Mais pourquoi l’armée a rejoint très rapidement le coup d’État ? Analysons un peu cela et quand on analyse cela on verra encore des profondeurs de cette crise », a-t-il conseillé.
Et d’ajouter en ces termes: « quitter le pouvoir sans le quitter, ça peut créer des problèmes plus graves encore. Ceux qui ont fait ce coup, la garde présidentielle, c’était justement la garde de celui qui est venu après le président Bazoum qui est du même parti que le président Issouf. Ils partagent le même parti, c’est une continuation mais le partant prend des garde-fous, dès lors que tu prends des garde-fous, tu dis à ton successeur tu gardes ceci, tu gardes cela. Ça été le cas du premier premier ministre de Bazoum, ça été le cas de la garde présidentielle. Tout cela est une réalité. Maintenant qu’il y a eu des anicroches entre la garde présidentielle et le président Bazoum une fois, deux fois, trois fois il voulait s’en débarrasser ça n’a pas marché, parce qu’il y avait une sorte d’épée de Damoclès et ce qui allait s’en dire c’était qui tirerait le premier ? », a-t-il laissé entendre.
Alhassane Fofana