A- BREF HISTORIQUE
Le vaste domaine servant de dépôt d’hydrocarbures a été identifié au temps colonial, lorsque l’essor économique de la Guinée française a commencé avec le besoin accru de carburant pour le transport des personnes, des produits et des marchandises par la voie routière et pour les besoins domestiques.
Une ou deux cuves suffisaient pour les besoins d’alors, étant donné que le chemin de fer utilisait encore le charbon.
Une partie du vaste domaine a servi de premier grand terrain de football où les premiers footballeurs guinéens comme Yoro Diarra, N’famara Camara, Fodé Gnatakoly Touré et autres René Saady explosaient de leurs talents.
À ce moment, le dépôt était géré par une entreprise anglaise appelée APT (African Petrolium Terminal qui veut dire : Terminal Pétrolier Africain).
En ces années 50, la ville de Conakry se limitait à Kaloum et sa périphérie : Coleah, Cameroun, Mafanco, Dixinn et Madina.
Le parc automobile national, estimable à quelques centaines, était très limité.
Le transport urbain se faisait sur les lignes Conakry-Madina et Conakry-Dixinn.
Le 1er changement qui a nécessité l’augmentation de la capacité de stockage fait suite aux besoins accrus pour la fourniture domestique, ceux du Chemin de fer dont les locomotives consomment désormais le gas-oil à la place du charbon, ainsi que les besoins en kérosène des petits avions pour les nombreuses exploitations agricoles.
Les installations de l’APT ont su s’adapter à cette évolution, sous la direction vigilante du Franco-canadien SABLON, durant les années 60, 70 et 80.
De 1963 à décembre 1984, ma famille a habité à moins de 100 mètres du portail de l’APT.
À ce moment, l’APT gérait les installations, les opérations de dépotage des navires et de chargement des citernes.
Par contre, le carburant était la propriété de l’ONAH (Office National des Hydrocarbures), devenu ASP (Administration du Secteur Pétrolier) vers1986.
Au début des années 90, la SGP (Société Guinéenne du Pétrole) est créée.
Sauf erreur, avec les différentes mutations, à ce jour, c’est elle qui est propriétaire et gestionnaire des installations et des opérations de dépotage.
Les Hydrocarbures contenues dans les cuves devenues nombreuses, sont la propriété de la SONAPE (Société Nationale des Pétroles) récemment créée. C’est ce que je sais sur le bref historique. Il reste entendu que d’autres le diront mieux que moi.
B- IDENTIFICATION DES RISQUES LIÉS À UN DÉPÔT D’HYDROCARBURES
Tout dépôt d’hydrocarbures présente des risques liés à la nature (Foudre, Séisme, volcan, inondations,…).
Il y a aussi des risques liés à la technologie (surtension, vapeur, pression, court-circuit,…), ainsi que les risques liés aux hommes (négligence, incompétence, manipulations frauduleuses du carburant, actes intentionnels,…).
C- FACTEURS AGGRAVANTS DES RISQUES ET DE LEURS CONSÉQUENCES :
– La situation du dépôt d’hydrocarbures dans une agglomération.
– La proximité du dépôt d’hydrocarbures avec les habitations, les commerces et les administrations.
Les conséquences peuvent être incommensurables :
1. Les dommages au dépôt (Contenu et contenant).
2. Les dommages aux tiers (les biens).
3. Les dommages corporels aux personnes.
4. Les pertes d’exploitation pour les entreprises victimes.
5. Les dommages indirects subis par tous les utilisateurs de carburant.
6. L’impact sur les activités économiques nationales.
7. Le manque à gagner pour l’Etat.
D- COUVERTURE DES RISQUES D’ENTREPRISE PAR LES CONTRATS D’ASSURANCE
Toutes les entreprises en général sont exposées aux risques, du fait de la nature, du fait de la technique ou du fait de l’homme.
Aussi, toutes les entreprises sont appelées à poser des actes préjudiciables à d’autres entreprises ou à des particuliers. D’ou, la nécessité de couvrir son patrimoine et ses actes par des contrats d’assurance appropriés.
Après ce décor, venons à notre dépôt d’hydrocarbures de Coronthie.
Des hommes et des femmes sont morts (une vingtaine), blessés (une centaine), sans abris (des centaines).
Des biens publics et privés sont particulièrement ou totalement détruits.
E- QUESTION CENTRALE : QUI DOIT REMBOURSER OU RÉPARER LES PERTES ET DOMMAGES ?
RÉPONSE CENTRALE : CE N’EST NI PAUL NI PIERRE NI L’ETAT. C’EST LE OU LES ASSUREURS
Je suis surpris de constater que depuis une semaine, ni les médias ni les autorités ne parlent d’assurance.
C’est devenu une habitude : en Guinée, lorsqu’il y a de graves accidents, tout le monde s’émeut. Tout le monde se mobilise pour quelques jours de compassion et de solidarité.
Personne ne parle d’assurance, personne n’interpelle les assureurs.
Ces derniers restent immobiles pendant que les victimes sont abandonnées à leurs sorts.
Même le pouvoir intervient parfois en assureur par populisme ou par ignorance.
C’est la preuve du manque de culture