Depuis le 24 novembre 2023, le CNRD est dans une logique de confiscation de la liberté d’expression en Guinée.
Dans cette aventure, beaucoup de médias ont vu leurs fréquences, brouillées, des chaînes de télévisions retirées des bouquets de distribution agréé, l’accès à certains sites d’informations restreint, et les médias sociaux complètement inaccessible sans VPN.
En prenant ces mesures, l’Etat ne s’est pas soucié du nombre de personnes qui se sont retrouvés aujourd’hui au chômage.
Notre reporter est allée à la rencontre de certains journalistes dans cette situation, pour savoir ce qu’ils vivent au quotidien en ce moment.
Diaraye Guirassy, chroniqueuse dans l’émission Mirador déplore ces restrictions qui mettent en péril la démocratie dans le pays.
« C’est très difficile ce que nous traversons pour quelqu’un qui est habitué au micro du lundi au samedi, puisque vous savez que nous avions un rythme très accéléré à Fim Fm, avec les infos en continu et puis les émissions de débats dont je prenais d’ailleurs part. C’était finalement devenu mon profil. Le fait que je ne commente pas l’actualité politique de notre pays fait que je perds mes repères, et donc je passe toute la journée en train de surfer sur internet, et puis ça devient ennuyant en fin de compte et parfois je sors pour aller m’asseoir dans des endroits publiques, comme à la plage, mais ce n’est pas facile, c’est une sorte de dépression pour nous. On ne s’y attendait pas, c’est une première fois dans notre pays. L’attente commence à devenir très longue et très ennuyante pour nous, parce qu’on avait pas vu cela arrivé. On se disait que notre démocratie avait atteint son apogée et qu’on ne pouvait pas aller dans la régression. Maintenant c’est très déplorable que tout le travail qui a été abattu pour offrir à la Guinée la démocratie tant souhaité est en train d’être foulé au sol, c’est tout simplement regrettable », a-t-elle dénoncé.
Amadou Diallo, un autre habitué du micro passe aujourd’hui ses journées dans son quartier, loin de sa passion.
« Depuis deux mois je suis loin des micros, loin des studios, de la salle de rédaction de Fim Fm. Depuis deux mois je suis dans le cadre du chômage, je suis un chômeur avec une seule question, pourquoi ? Le quotidien, c’est de rester à la maison le matin, et toute la journée à ne rien faire parce que tout simplement c’est notre seul travail. Vous ne pouvez pas être journaliste toute la journée et aller travailler ailleurs, parce que déjà moi j’ai signé un contrat exclusif. Je suis ce travailleur serein, malgré les tentatives de débauches. C’est difficile de rester aussi longtemps sans salaire mais je reste serein malgré tout ce que nous devons faire comme dépenses au quotidien. C’est douloureux de rester sans exercer ma passion, parce le métier, le micro c’est mon dada, c’est ce que je peu, faire, alors rester sans travailler, c’est comme être un prisonnier, c’est difficile et ce n’est pas appétissant. Je suis perdu, l’horizon est sombre, je passe des nuits blanches, et je suis très gênés le matin, que les voisins sachent que je ne travaille pas et je passe toutes mes journées autour du thé. C’est très difficile quand on est journaliste et la voix ne passe pas », a laissé entendre Amadou Diallo.
L’autre journaliste affecté par cette censure est Sékou Diateya Camara qui rencontre aussi d’énormes difficultés.
« C’est avec un sentiment de frustration de désolation et de peine que je parle de cette situation. Nous qui avons l’habitude de se lever très tôt le matin pour aller sur tous les terrains, afin d’informer nos auditeurs de façon continuelle, nous ne partons pas au travail, parce que le signal est brouillé soit par quelqu’un ou par un groupe de personnes de notre pays. C’est vraiment une peine pour moi en tant que jeune de me lever sans aller au travail, alors que j’aime me bouger, d’aller sur tous les terrains. Aujourd’hui, cette opportunité ne m’est pas offerte. Et deuxièmement, il faut reconnaître qu’en Guinée les journalistes se battent, pour leur survie en réalité et cela n’est possible que quand on est en activité. Or, s’il n’y a pas d’activités le problème de salaire peu se poser, parce qu’en tant normal les medias sont en difficultés dans notre pays, à plus forte raison quand on sabote leurs activités. Ça devient encore très compliqué. Nous sommes là à Conakry on n’est pas nécessairement chez nous, on est en location et à la fin de chaque moi nous faisons face à d’énormes factures. Donc, c’est très compliqué pour nous, surtout, nous qui n’avons pas eu le temps nécessairement d’épargner. Nous sommes abandonné à notre triste sort par notre propre État qui devait être notre protecteur. Le problème d’emploi se pose avec acuité dans notre pays, là où nous sommes ce n’est pas l’Etat qui nous a envoyé là, on s’est démerdé pour être là où nous sommes, alors si l’Etat regarde tous ces emplois se détruire aujourd’hui, je pense que c’est inquiétant », s’est-il indigné.
Reportage de Hadjiratou Bah