« Ousmane Sonko est courageux. Ce qui nous manque en Guinée, ce sont des hommes comme lui. » Voilà ce qu’on entend dire depuis l’élection à la présidence du Sénégal de Bassirou Diomaye Faye, candidat du PASTEF de Ousmane Sonko.
Mais pourquoi, certains de nos compatriotes trouvent toujours des raisons à leur propre démission ? Pourquoi sont-ils prompts à jeter sur les autres la responsabilité de leur propre inaction ?
Il est vrai que Ousmane Sonko et son parti politique ont fait l’objet de persécutions de toute nature. Le leader du PASTEF a connu la prison à cause de son combat contre le « système » et son parti a même fini par être dissout.
Mais il ne faut pas perdre de vue que Ousmane Sonko pouvait compter, dans son combat, sur des militants, des citoyens, des universitaires, des intellectuels tout aussi engagés que lui. Qui n’a pas vu de grands juristes sénégalais et des écrivains mondialement reconnus prendre la parole pour dénoncer les dérives autoritaires du régime du Président Macky Sall ?
Un acteur politique doit-il nécessairement aller en prison pour montrer qu’il est courageux ? Rien n’est moins faux. C’est en Afrique qu’on entend dire que la prison est l’antichambre du pouvoir. Dans un pays respectueux des droits et libertés des citoyens, nul ne doit être jeté en prison à cause de son engagement ou de ses opinions politiques. Il est vrai que pour un acteur politique africain, les risques d’un emprisonnement sont peut-être plus élevés en raison de l’instrumentalisation à outrance de la Justice. Mais même dans ce cas, on ne peut pas mesurer le courage d’un homme politique au fait qu’il est passé par la case prison.
Ce n’est jamais de gaieté de cœur qu’on accepte d’aller en prison même quand on est un homme politique.
En Guinée, des hommes et femmes politiques ont affronté à maintes reprises les forces de l’ordre dans les manifestations. Ils ont été gazés et pourchassés comme de vulgaires malfrats. Certains ont été empêchés de sortir du pays alors qu’ils avaient des rendez-vous médicaux importants à l’étranger ; d’autres ont été incarcérés pendant de longs mois. D’autres encore ont vu leurs domiciles faire l’objet d’une sorte de blocus pendant des semaines.
En dépit de cette persécution, ils n’ont pas abdiqué ou abandonné leur combat politique.
Que faut-il faire de plus pour prouver le courage qu’on attend d’eux ?
C’est facile de jeter l’anathème sur la classe politique de manière générale. Mais il serait plus judicieux de réfléchir afin de trouver la ou les véritables raisons des échecs successifs de nos hommes politiques qui luttent de manière sincère pour le changement dans notre pays.
Me Mohamed Traoré
Ancien Bâtonnier