Ce n’est pas la première fois que le rapport de la commission d’enquête nationale indépendante sur les événements du 28 septembre fasse l’objet d’appréciation depuis le début des plaidoiries.
Certains avocats comme Me Jean Baptiste Jocamey Haba pensent qu’il est crédible parce que mieux structuré.
Ce n’est pas l’avis de Me Lanciné Sylla qui plaide depuis ce matin. Pour lui, la mise en place de la commission d’enquête nationale indépendante avait pour but de contrecarrer les résultats qui devaient provenir des travaux de la commission d’enquête internationale.
L’avocat du commandant Toumba Diakité s’est basé sur le discours du ministre de la justice d’alors à l’occasion d’une conférence de presse pour l’affirmer.
« Vous avez diffusé un audio ici dans lequel c’est le ministre de la justice d’alors, lorsqu’on le suivait, il disait ceci, j’ai procédé à la transcription. “puisqu’on ne peut pas être meilleur juge que soi-même, il faut être sur le terrain et constater ce qui a été fait. Ce n’est pas quelqu’un de lointain qui viendra en lieu et place dire ce qui s’est passé pendant que vous étiez arrêté. Qu’à cela ne tienne, la volonté de l’État était entière. Il a fallu mettre une commission de toutes les façons pour ne pas laisser le terrain à la seule commission d’enquête internationale”. Ça, c’est le garde des Sceaux qui parle comme ça. C’est pour vous dire quels étaient les réels objectifs qui ont prévalu à la mise en place de cette commission », a-t-il étayé.
Me Sylla a rappelé que la commission nationale d’enquête indépendante a conclu à la responsabilité du commandant, sans l’avoir jamais entendu.
« Et contrairement à ce qu’un témoin a dit ici, que mon commandant aurait été entendu par cette commission, je m’inscris en faux. Ce membre de cette commission, je me demande s’il a participé aux travaux de la rédaction du rapport, parce que dans le rapport de la commission d’enquête nationale, il est écrit clairement à la page 8 qu’il y a impossibilité pour la commission d’auditionner le président de la République et le lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité dit Toumba qui figurait pourtant dans le programme de la commission. Donc, au titre des difficultés de la commission, la commission même reconnaît dans son rapport qu’elle n’a pas entendu mon commandant. Mais cela ne l’a pas empêché de conclure à sa responsabilité », a-t-il regretté.
L’avocat a conclu que cette commission était dirigée contre le commandant Toumba.
« Cette commission, monsieur le président, était une commission d’enquête partiale, elle n’était pas indépendante. Je vais vous donner lecture de quelques passages concernant ce que nous disait le président de cette commission. Le Président de cette commission, monsieur le Président, disait ceci. Et c’était en réaction, à l’une des questions posées par un journaliste. Le journaliste qui relevait que monsieur Bah Oury a réagi en disant qu’il a été cuisiné, il a été traité comme s’il faisait partie de ceux qui se sont rendus coupables des faits du 28 septembre. En réponse, et au cours de cette conférence de presse, le président de cette commission a réagi en ces termes. Le commandant Tiégboro, quel acte il a posé pour que ce jour-là, il soit cuisiné ? C’est un président qui parle comme ça. Rien. Et il est venu au devant des leaders pour leur demander de surseoir à leur manifestation », a rapporté Me Sylla pour davantage prouver que la commission n’était pas indépendante.
Il a aussi critiqué le rapport de la commission d’enquête internationale qui, également, incrimine son client sans pour autant l’avoir entendu, mais aussi pour avoir bâclé le travail.
Sékou Diatéya