Au palais du peuple de Conakry, ce dimanche, un hommage émouvant a été rendu à l’artiste Mory Djely Deen Kouyaté, décédé le 22 juin dernier en France, des suites de longue maladie.
Plusieurs discours ont ponctué la cérémonie d’hommage. C’était en présence des représentants du gouvernement, d’acteurs du monde de la culture, d’amis, parents, proches et collaborateurs.
En prenant la parole, le ministre de la culture, du tourisme et de l’artisanat, au nom du président de la république, du premier ministre et de l’ensemble du gouvernement a tout d’abord exprimé ses sincères condoléances à la famille endeuillée, ainsi qu’à la communauté culturelle et artistique guinéenne, avant de lui rendre un hommage digne d’une icône.
« Mory Djely Deen Kouyaté, né dans la prestigieuse tradition des griots mandingues, a grandi en portant fièrement cet héritage. Son talent exceptionnel lui a valu le titre de « ténor mandingue », «Belé-bele-ba», témoignage de son dévouement à l’art musical. Dès sa jeunesse, il a embrassé une carrière qui a su transcender les genres, explorant avec brio la musique mandingue, l’afro-pop, l’afro-blues, l’afro-cubain et l’afro-jazz. Même face à la maladie en 2007, qui l’a conduit au Maroc, Mory Djely n’a jamais cessé de créer et d’inspirer. Résidant en France depuis 2016, il nourrissait jusqu’à son dernier souffle le rêve de retourner en Guinée pour former de jeunes musiciens, un rêve qui continue de vivre à travers son héritage musical », a déclaré Moussa Moise Sylla.
Le Ministre de la Culture a aussi célébré l’artiste, celui qui a su marier tradition et modernité en portant haut les valeurs de la musique guinéenne.
« Combien parmi nous ont été bercés par la puissance de la voix de Mory Djely Deen Kouyaté, combien parmi nous ont ressenti de fortes émotions et même des frissons en écoutant la mélodie de cet artiste à la corde vocale envoûtante. L’influence de ce chef griot s’étendait bien au-delà des frontières, véhiculant des messages d’unité, de paix et de fierté culturelle », a-t-il ajouté.
Selon le ministre Sylla, Mory Djely Deen Kouyaté appartenait à une lignée d’artistes rares de nos jours. Sa disparition laisse un vide immense certes, mais aussi une flamme vivante.
« son héritage musical est là et nous devons continuer à l’entretenir. À sa famille, à ses proches, et à tous ceux touchés par sa musique, nous disons que Mory Djely Deen Kouyaté ne sera jamais oublié. Sa musique continuera de résonner dans nos cœurs et dans notre culture », a-t-il fait remarquer.
Poursuivant, il a réitéré le soutien du président de la transition et du gouvernement à la famille en ces moments difficiles. « Protecteur des arts et des lettres, le Chef de l’État mesure à juste titre l’importance de nos hommes de culture et les enjeux qui ont trait à la question de la mémoire et à la valorisation de notre patrimoine culturel », a-t-il martelé.
Inconsolable face à la disparition de son guide, Djenedine Kouyaté, fille du défunt, au nom de la famille a remercié les deux braves épouse de son père qui ont supporté fièrement et dignement leur époux en toutes circonstances.
« Maman Zenab, merci pour ta résilience, pour ton pardon. Tu es une femme exceptionnelle. Maman Kadi, au nom de papa, de maman Zenab, de mes frères et sœurs, nous tenons à te dire infiniment merci (…) Tu as su garder dignement et fièrement l’intimité de notre père, pendant 9 ans de maladie », a-t-il signalé.
Djenedine a également salué la grandeur et l’humanisme de son feu père, cet homme de conviction et de parole qui, selon elle, était sa moitié, son ami, son amour, sa force, mais aussi son confident.
« Il a été mon guide, il a su m’inculquer, ainsi qu’à mes frères certaines valeurs, tels que la foi, l’amour, le respect, la patience, le pardon, et l’effort dans le travail. Je suis fière de cet homme(…) Mon père vit, il n’est pas parti », dit-elle.
Mory Djely Deen Kouyaté, avant que la maladie n’ait raison de lui, avait un projet de musique qui lui tenait à cœur et que sa famille promet désormais de réaliser.
« Nous avons promis de sortir son album, et on le fera. Pour lui, c’était le projet de sa vie. Le plus grand album qu’il a réalisé avec amour, avant sa maladie. Mais hélas! On a attendu pour qu’il se rétablisse afin qu’on le sorte. Je voudrais vous rassurer que cet héritage demeurera », a-t-elle promis.
Les différents discours ont été sanctionnés par une procession funèbre avant son inhumation au cimetière de Cameroun, ou il reposera à jamais. Il laisse derrière lui, deux veuves plusieurs enfants et des œuvres patrimoine musicales intarissable.
Alhassane Fofana