Ces derniers temps, les crimes se sont accentués sur presque l’étendue du territoire national.
Des cas d’homicide volontaire et involontaire sont souvent enregistrés à Conakry, mais aussi dans plusieurs localités du pays, notamment en Haute Guinée.
Mamady Kaba, de la Ligue pour les Droits et la Démocratie en Afrique, se montre déjà très préoccuper par les crimes perpétrés de manière récurrente, tant par leur nature que par leur ampleur et le modus operandi pratiquement similaire. De son avis, les causes de ce phénomène restent multiples.
« – La drogue: elle a pour conséquence la destruction mentale des jeunes et leur prédisposition psychologique à la criminalité sanglante. De nouvelles qualités de drogue font régulièrement irruption dans notre cité et forgent des comportements violents chez les plus jeunes ;
– Les défaillances des systèmes nationaux de sécurité et de justice : l’insuffisance des effectifs, des moyens et des mises à jour des capacités de travail des services de sécurité et de justice, doublée de corruption, de népotisme et de clientélisme handicapant leur bon fonctionnement. A cela, il faut ajouter le déficit de collaboration efficace des populations qui constituent une source fiable d’informations nécessaires pour identifier et mettre hors d’état de nuire les ennemis de la paix et de la sécurité nationale ;
– L’absence de repère et d’encadrement à cause de la démission parentale qui est une conséquence de la pauvreté endémique due, en partie, à une mauvaise répartition des richesses nationales.
– La menace terroriste : des signaux alarmants, relatifs à des activités terroristes en gestation dans notre pays existent. Certains crimes sont similaires à ceux qui sont perpétrés dans les pays durement confrontés au terrorisme », a-t-il expliqué en premier lieu, lors d’un entretien accordé à notre rédaction, ce jeudi 27 juin 2024.
Les mesures à envisager pour réduire l’ampleur du phénomène sont de plusieurs ordres, à en croire Mamady Kaba. Il s’agit des mesures de caractère systémique et des mesures de caractère spécifiques.
« Les mesures de caractère systémique sont des mesures impliquant des dimensions sécuritaires et non sécuritaires. Ce sont des mesures relatives à l’accès à la justice, à l’efficacité des services de sécurité et au renforcement de la dynamique citoyenne. Il s’agit d’une interaction efficace entre toutes les structures de l’Etat ayant une implication directe ou indirecte sur la sécurité des populations et de leurs biens.
Les mesures de caractère spécifiques sont celles qui se rapportent exclusivement aux compétences des services de défense et de sécurité; elles impliquent une synergie d’action entre les différents corps constitutifs du système national de défense et de sécurité d’une part et leur symbiose avec les segments représentatifs des intérêts vitaux des populations à la base. Une étude de forme et de fond, susceptible de répondre aux différents aspects complémentaires de la question, est absolument nécessaire pour parvenir à des solutions adaptées à la profondeur et à la complexité du problème », a-t-il conseillé.
Pour prévenir ou contrer les activités terroristes, l’ancien président de l’institution indépendante des droits humains en Guinée, pense qu’il faut également prévoir des réponses asymétriques grâce à l’accroissement des capacités de renseignements du pays et des alliances stratégiques.
La consolidation de la démocratie et de l’unité nationale pourrait aussi aider à renforcer la sécurité et le sentiment de sécurité des populations et des institutions, selon l’activiste.
Hadja Kadé Barry