Parmi les missions confiées au Conseil National de la Transition, figure en bonne place l’évaluation des politiques publiques. C’est pour aider les conseillers nationaux et l’administration parlementaire à mieux réussir cette mission que cet atelier de renforcement de capacité est organisé à leur intention.
Les travaux ont été lancés ce jeudi 05 septembre 2024 dans un réceptif hôtelier à Conakry et vont durer trois jours.
« L’objectif principal de ce présent atelier est donc de développer au sein du Conseil National de la Transition, une véritable culture de l’évaluation des politiques publiques, en dotant les conseillers nationaux et les cadres de l’administration parlementaire des outils et mécanismes nécessaires pour évaluer de manière efficace et objective les politiques publiques en Guinée. En termes de méthodologie, la formation s’appuiera sur les meilleures pratiques développées par l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire tout en prenant en compte les spécificités et les besoins propres au contexte guinéen », a expliqué Aboubacar Dramé, directeur des relations interparlementaires.
L’atelier est une initiative du groupe d’amitié parlementaire ivoiro-guinéen. Pour le président de ce groupe d’amitié, l’évaluation des politiques publiques constitue un enjeu démocratique et de bonne gouvernance. Au fond, dit-il, il s’agit de se donner les moyens d’une action publique meilleure.
« L’évaluation des politiques publiques est une nouvelle culture en développement qui ne vient pas abolir les instances de contrôle existantes dans nos pays, illustrées par l’Inspection générale des finances, la Cour des comptes et autres instances. Nos gouvernements, dans le cadre de la bonne gouvernance devront par une volonté politique affirmée, intégrer l’évaluation des politiques publiques dans leur système de contrôle. Pour notre part, les experts ivoiriens, au cours de cette formation, vont exposer sur l’expérience ou la pratique ivoirienne. Mais le plus important, ce sont les échanges d’expérience entre nos deux institutions », a indiqué l’honorable Pr Raoul Silvère Sié,
Cet atelier a été organisé grâce à l’accompagnement du Projet d’Appui au Renforcement de la Démocratie en Guinée, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par ECES. Pour le coordinateur du PARD-Guinée, sans une évaluation méthodique des politiques publiques, l’atteinte de l’efficacité optimale reste un défi. Il a ajouté que les politiques publiques doivent impérativement répondre aux aspirations des citoyens guinéens.
« Bien que l’évaluation des politiques publiques soit souvent l’apanage du gouvernement, il est crucial que le Parlement joue un rôle complémentaire et constructif en œuvrant pour l’intérêt collectif sur la base de données factuelles et en contribuant au fonctionnement harmonieux de l’exécutif. C’est pourquoi, nous avons la ferme conviction qu’il serait judicieux voire impératif de travailler à une échelle plus large, à l’instauration d’une culture de l’évaluation et de la redevabilité. Au terme de cette formation, nous fondons l’espoir de voir les participants devenir des experts de l’évaluation, plaidant pour l’importance de la redevabilité et de la transparence dans les processus de gouvernance. Il y va de l’amélioration de la qualité de la gouvernance et de la confiance des citoyens dans la conduite des affaires publiques », a enchaîné Tomasso Caprioglio.
C’est le président du CNT qui a lancé les travaux. Mais avant, il a rappelé que la Cour des comptes a mené plusieurs audits qui ont mis en lumière des faiblesses structurelles dans la gestion des finances publiques. Parmi les conclusions importantes, l’insuffisance des mécanismes de suivi des politiques publiques, notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé, où les résultats obtenus ne correspondent pas aux fonds investis, une gestion inéfficiente des ressources humaines dans plusieurs ministères avec des cas de sous-utilisation du personnel qualifié et des doublons administratifs qui alourdissent les coûts de fonctionnement de l’État, des projets non achevés ou mal réalisés, avec des impacts limités sur les populations bénéficiaires, malgré les investissements importants.
Pour l’honorable Dr Dansa Kourouma, ces constats montrent qu’il est crucial d’intensifier les efforts d’évaluation et de contrôle.
« Le rôle du parlement est essentiel pour corriger ces défaillances et promouvoir une gestion plus efficiente et transparente des ressources humaines. Cet atelier nous permettra d’acquérir des compétences essentielles pour améliorer notre système d’évaluation parlementaire et renforcer notre coopération avec les institutions de contrôle. Je suis convaincu que cet atelier continuera à transformer nos pratiques, à renforcer la transparence et l’efficacité de nos politiques publiques et à garantir une meilleure utilisation des ressources publiques pour le bénéfice de tous », a-t-il espéré.
Sékou Diatéya