Dans un grand entretien qu’il a accordé à Mosaiqueguinee.com ce dimanche 08 septembre 2024, le leader du parti Génération Citoyenne s’est prononcé à son tour sur les trois ans de transition dirigée par le CNRD. S’il juge prématuré le sujet, Fodé Mohamed Soumah n’est pas non plus pressé pour évoquer une éventuelle candidature du président de la transition à la prochaine présidentielle. Dans cette interview, l’ancien vice-président de l’assemblée nationale invite les autorités guinéennes et la CEDEAO à s’entendre sur un chronogramme consensuel pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. L’ex Analyste financier à la bourse de Paris Euronext SA et candidat à l’élection présidentielle du 27 Juin 2010 en Guinée répond aux questions du Directeur de Publication de Mosaiqueguinee.com.
Mosaiqueguinee.com : Quel bilan faites-vous des 3 ans de gestion du CNRD à la tête de la Guinée ?
Fodé Mohamed Soumah (GeCi): Parler de bilan serait prématuré, car on est encore et toujours dans la transition. Donc, le bilan se fera comme en comptabilité, avec un actif et un passif, après le retour à l’ordre constitutionnel.
Les acteurs politiques dérangeants semblent isolés depuis quelques mois. Faut-il conclure que le boulevard est désormais ouvert pour le chef de la junte militaire pour briguer via les élections, la magistrature suprême ?
Ne tombez pas dans le piège des ballons d’essai ou la diversion svp. Attendez qu’il se déclare pour parler de cette question. Par ailleurs et concernant les acteurs politiques, la GéCi a assez communiqué sur de nombreux risques depuis la clé de répartition du quota des partis politiques au CNT, à la demande de retrait des institutions pour mettre la pression sur la junte. On ne peut pas avoir un pied dedans et l’autre dehors pour s’indigner par la suite. Aujourd’hui, que représentent les conseillers des partis politiques dans un CNT qui ne cesse de grossir ? Que sont devenus les élus remplacés par les délégations spéciales ? Le pouvoir est un rapport de forces et une vision prospective. C’est ce qui fait la quintessence des partis politiques et nous permet de surfer sur les acquis démocratiques
Général Mamadi Doumbouya peut désormais compter sur le soutien de certains chanteurs guinéens comme Takana Zion, Singleton, Sekouba Kandia, Fodé Kouyaté et d’autres grands artistes et musiciens. Que vous inspirent ces soutiens ?
C’est un non-événement à mon sens, car le griotisme politique a toujours été d’actualité chez nous. Pendant que la Rumba est classée au patrimoine de l’UNESCO et que les mélomanes se partagent les musiques du monde, la nôtre reste engluée entre Guinéens ? En dehors du regretté Mory Kanté qui a fait la fierté nationale à l’international, où est la continuité ? Certes, la propriété intellectuelle n’est pas protégée chez nous, mais il y a manque d’ambition et d’initiatives salvatrices pour nos jeunes artistes qui ne peuvent même pas vivre du fruit de leur travail. Par contre, je salue la performance de nos Amazones qui rentrent d’une tournée triomphale.
Des inondations surviennent un peu partout en Guinée, tout en révélant l’état très dégradé des routes guinéennes, alors que plusieurs millions de dollars ont été investis dans le secteur. Quelles explications et quelle solution proposez-vous ?
Tout d’abord, un gouvernement inexistant et des images insoutenables en cette période pluvieuse, où décréter l’état de catastrophe naturelle et les assurances obligatoires n’existent pas. Gouverner, c’est prévoir et il fallait anticiper par le curage et des travaux adaptés. Par exemple, à Coronthie où se trouve le siège du parti, il y a eu plus de 3 commissions dans tous les foyers, pour évaluer, accompagner ou indemniser 5 mois avant les premières pluies. Mais rien à ce jour, en dehors de l’aide apportée par la Croix Rouge. Imaginez le désarroi des populations livrées à elles-mêmes ! Lorsque les sinistrés se sentent abandonnés/délaissés à ce point, ça ne présage rien de bon.
Nous sommes à 3 mois de la fin de la transition comme convenu avec la CEDEAO, que compte faire la GeCi pour faire respecter ce délai ?
Le triste constat est que la GéCi semble avoir prêché dans le désert, par manque de réactivité et d’unité de la classe politique dans les délais impartis. Nos propositions allaient dans le sens de réviser la Constitution de 2010 et des listes électorales. Puis le référendum, le couplage des élections locales et des Législatives. Enfin, la Présidentielle et le-tout dans un délai de 6 mois, avec un glissement possible de moins d’un an. C’était possible à l’époque. Là, nous sommes à un trimestre du terme et que faire ? Pis, au lieu de se réveiller, les Politiques placent le curseur au 31 décembre pour faire quoi ? Des troubles et la répression, alors que la pression aurait été plus forte ? C’est pourquoi, j’invite les autorités et la CEDEAO à s’asseoir autour de la table pour égrener un chronogramme consensuel immédiatement. En dehors de cette option qui me semble réaliste et réalisable, seul le bon Dieu sait ce qui va se passer et non pas les thuriféraires, les butés, les trublions, les sans-voix, etc. Le temps de la reddition des comptes entre la méritocratie et le patriotisme est arrivé. Ça suffit !
Interview réalisée par Mohamed Bangoura