GENÈVE (10 octobre 2024) – Des expertes des droits humains de l’ONU ont tiré la sonnette d’alarme aujourd’hui sur l’enlèvement et la disparition forcée des défenseurs des droits humains M. Mamadou Billo Bah et M. Oumar Sylla, qui risqueraient d’être torturés, maltraités et exécutés de manière extrajudiciaire en raison de leur travail légitime de défense des droits humains et de la démocratie.
« Placer les défenseurs des droits humains hors de la protection de la loi en ne répondant pas à ces allégations et en dissimulant leur privation de liberté équivaut à une disparition forcée, une violation dont la prohibition a atteint le statut de jus cogens en vertu du droit international », ont déclaré les expertes.
« Nous exhortons les autorités guinéennes à élucider le sort et le lieu où se trouvent M. Billo Bah et M. Sylla immédiatement, à les libérer, et à protéger leurs droits, et si les allégations sont confirmées, à identifier, juger et punir les responsables de leur disparition forcée », ont déclaré les expertes.
Le 7 juillet 2024, vers 22h00, un groupe d’environ 10 personnes, dont des militaires armés et d’autres personnes en civil, aurait pris d’assaut un immeuble résidentiel, appréhendant violemment M. Sylla et M. Billo Bah et les emmenant dans un véhicule blindé des forces spéciales guinéennes. Le 11 juillet 2024, les défenseurs des droits humains auraient été emmenés au centre de détention de l’île de Kassa. À ce jour, cependant, les autorités n’auraient pas révélé ce qu’il était advenu d’eux, ni où ils se trouvaient, ni fourni à leurs proches des informations sur leur état de santé et leur bien-être.
« Nous regrettons profondément que leur disparition forcée puisse être liée à leur travail légitime de coordinateurs de Tournons La Page Guinée (TLP-Guinée) et de mobilisateurs du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) », ont averti les expertes.
« L’enlèvement de militants politiques, de défenseurs des droits humains ou de membres de l’opposition a un effet dissuasif et contribue à la perpétration de violations des droits humains pour l’ensemble de la communauté qui compte sur leur travail pour protéger leurs droits », ont-ils souligné.
Des préoccupations ont également été exprimées au sujet d’allégations selon lesquelles d’autres détenus seraient décédés en détention en raison de problèmes de santé aggravés dans des conditions de détention et de l’absence de soins médicaux suffisants en temps opportun.
Les expertes ont rappelé l’importance de « renforcer les mesures visant à lutter efficacement contre l’impunité pour les violations flagrantes des droits humains, y compris les crimes selon le droit international, et de garantir le droit des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations », ont-ils déclaré.
Les expertes ont réitéré leur déclaration commune à l’approche du tout premier Congrès mondial sur les disparitions forcées et ont appelé toutes les parties prenantes, y compris les victimes ainsi que les organisations, les défenseurs des droits humains et les avocats qui les défendent, à entreprendre des actions concertées et à élaborer des plans concrets pour mettre fin aux disparitions forcées.
Les experts sont en contact avec le Gouvernement sur cette question.
*Les expertes: Gabriella Citroni (Présidente-Rapporteuse), Grażyna Baranowska (Vic-présidente), Ana-Lorena Delgadillo Pérez et Aua Baldé Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires ; Gina Romero, Rapporteuse Spéciale sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association; Mary Lawlor,Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l’homme; Irene Khan, Rapporteuse spéciale sur la liberté d’opinion et expression; et Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires, ou arbitraires.
**Experts régionaux : Hon. Idrissa Sow (Président), Groupe de travail sur la Peine de mort et les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires en Afrique, Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.
UN Human Rights, Pays : Guinée