Alpha Mohamed Kallo a comparu ce mercredi 20 novembre 2024 devant la chambre de jugement à la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières. Cet ex-directeur général de la Banque Nationale d’Investissement de Guinée est accusé de détournement de deniers publics, de corruption d’agents publics, d’enrichissement illicite, de blanchiment de capitaux, de faux et usage de faux en écriture publique et d’atteinte à la liberté d’accès et l’égalité des candidats dans les marchés publics. Aussitôt que son procès s’est ouvert, il a réfuté ces accusations en bloc.
Les faits se seraient produits entre 2017 et 2021 alors que le prévenu était aux commandes de cette institution bancaire. L’agent judiciaire de l’État reproche à ce cadre ainsi que deux autres personnes considérées comme des complices d’avoir décaissé ou participé au décaissement d’un montant de 119 milliards 500 millions de francs guinéens d’un côté, et d’un montant de 75 milliards de l’autre, considérés comme des prêts bancaires.
Alpha Mohamed Kallo a répondu que le capital de la BNIG n’atteignait pas à l’époque 100 milliards de francs guinéens. Il a expliqué que les 119 milliards n’ont jamais existé. Pour lui, c’était plutôt 119 millions qui constituaient aussi les frais de fonctionnement de l’institution. Le service comptable doit avoir les justificatifs de l’utilisation qui a été faite de ces 119 millions, a-t-il soutenu.
Pour ce qui est des 75 milliards GNF, cela fait partie d’un lot global de 200 milliards consentis aux clients de la banque, a indiqué monsieur Kallo. Le prévenu accuse à son tour la nouvelle équipe dirigeante de la BNIG d’être derrière sa mésaventure. Celle-ci aurait dit que c’est lui qui a détourné les fonds alloués aux clients de la banque qui ont refusé de se prêter aux contrôles arguant que ce sont des entreprises fictives.
Sur la corruption, le prévenu a dit n’avoir reçu aucun centime de qui que ce soit dans le but de lui accorder des crédits bancaires. Par rapport aux faits d’enrichissement illicite, des questions lui ont été posées sur ses biens. Il a répondu qu’il travaillait depuis 1985. C’est ce travail tant en Guinée qu’a l’étranger qui lui a permis de se procurer un certain nombre de biens immobiliers.
Il a cité une maison à Taouya. Celle-ci a été acquise selon lui, en 1987. Il en a une autre à Nongo depuis 2004. C’est là où il habite. Il a deux maisons à Washington depuis 1993 et en France depuis 2017. Il a une plantation dans son village dans la préfecture de Kouroussa. Il a informé qu’il a plusieurs comptes bancaires dans lesquels il a de l’argent. 36 millions GNF à Accès Bank, j’ai 500 dollars et moins 5 millions de francs guinéens à Afriland first bank etc.
Puisqu’il a dit détenir des documents, la Cour lui a demandé de produire les titres de propriété des biens immobiliers. Au terme de ces premiers débats, le juge a renvoyé l’affaire au 4 décembre.
Sekou Diateya