Les pêcheurs artisans de Guinée sont confrontés à de sérieuses difficultés dans l’exercice de leur métier en mer, causant parfois des dégâts matériels et parfois des pertes en vies humaines.
Les acteurs de cette filière ont saisi la journée de ce samedi, consacrée à l’assainissement du débarcadère de Boulbinet, pour exposer leurs problèmes à la ministre de la pêche et de l’économie maritime, présente à cette activité.
Devant les représentants du département de la pêche et de l’économie maritime, le président de l’Union nationale des pêcheurs artisans de Guinée, Sekouba Conté a, d’entrée, évoqué le conflit dans les zones de pêche. Il a révélé que les navires de pêche semi-industrielle qui pêchent dans les zones réservées à la pêche artisanale et font concurrence avec leurs embarcations traditionnelles causent des dégâts matériels, voire des pertes en vie humaine. La non vulgarisation des textes d’application dans les langues maternelles pour mieux comprendre la réglementation en vigueur, constitue une autre difficulté. Enfin, il a dénoncé l’insuffisance d’agents de la pêche dans les débarcadères.
À en croire le sieur, le fait que les fonctionnaires sont tous concentrés à Conakry, rend difficile le placement des licences de pêche.
« La forte présence des sociétés de pêche semi-industrielle qui influent négativement sur la pêche artisanale pratiquée par les nationaux, en est une autre, d’autant plus que leurs embarcations avec des techniques plus avancées évoluent dans les mêmes zones que la pêche artisanale : ‘’les filets sont de maillages non règlementaires (petits) et la prise d’importantes quantités de rejets composées de fretins qu’ils déversent dans la mer occasionnant la pollution des eaux », a-t-il expliqué.
Pour résoudre ces difficultés majeures, Sékouba Conté a formulé auprès de la ministre Fatima Camara, un certain nombre de demandes. D’abord, il a demandé la création d’une Direction nationale de la pêche artisanale qui puisse se consacrer aux activités exclusives de la pêche artisanale. Selon lui, les principales attributions de l’actuelle Direction sont englouties par la Direction de l’économie maritime.
« Il y a un conflit de compétences que nous ne comprenons pas. Notre grand souhait aujourd’hui c’est de nous doter de notre propre Direction nationale. Depuis combien d’années nous le réclamons, avec votre arrivée nous souhaitons que ce vœu soit accompli », a-t-il sollicité, tout en invitant le département à favoriser la mise en place de ligne de crédit avec des taux d’intérêt adaptés.
Ensuite, il a postulé en faveur de la règlementation de la présence des sociétés de pêche semi-industrielle dans les eaux guinéennes. Il ajoute que les sociétés se livrent à des changements de profil de pêche en mer.
« Elles prennent des licences pélagiques pour pratiquer la pêche aux démersaux dans les zones réservées à la pêche artisanale. Ce changement de profil est condamné par le Code de la pêche et n’est pas au profit de I’Etat ».
Il aussi invité les autorités à revoir l’article 7 point 3 sur les zones dans le plan de pêche.
« Car la pêche semi-industrielle pélagique se pratique au-delà de 14 milles marins à partir de la ligne de base, tandis que la pêche artisanale motorisée se pratique à partir de la ligne de base jusqu’à 20 milles marins. Aujourd’hui, cet article crée une confusion entre la pêche semi-industrielle pélagique et la pêche artisanale motorisée ».
Il n’a également pas manqué de demander l’implication de l’union des pêcheurs constituée de professionnelles dans les discussions du plan de pêche et dans la distribution des matériels de pêche.
En informant la ministre par rapport aux arraisonnements très réguliers des barques de pêche artisanale par la gendarmerie maritime pour défaut de gilets de sauvetage, Sékouba Conté a sollicité la fourniture de gilets de sauvetage pour les pêcheurs artisans.
En retour la ministre a réitéré sa détermination à contribuer au développement de ce sous-secteur du monde de la pêche. C’est pourquoi elle a assuré les acteurs de cette filière, pourvoyeur à plus de 80% des produits halieutiques, que leurs préoccupations sont tombées dans de très bonnes oreilles.
« Je prends en compte vos préoccupations. Nous allons nous battre le maximum possible pour que chacun sorte content », a-t-elle déclaré.
C’est ainsi qu’elle a procédé à la remise de 100 nappes de filets conventionnels. Il s’agit de filets biodégradables dont l’utilisation va permettre la préservation des ressources, en vue de leur exploitation durable.
Alhassane Fofana