Vraisemblablement, la campagne de vulgarisation de l’avant-projet de la Constitution, initiée par le CNT est loin de répondre aux aspirations, de bon nombre de guinéens.
Depuis le lancement officiel de cette initiative, les réactions se multiplient, au sein de l’opinion nationale.
Le projet carrément rejeté par le MoDel
Au cours de l’assemblée hebdomadaire du MoDel, ce samedi 16 novembre 2024, Aliou Bah a longuement fustigé, la méthode de rédaction de la Constitution, mais aussi tous les projets autour.
Le jeune leader a rappelé que l’ensemble des acteurs de la vie nationale devaient participer, à l’élaboration, de la loi fondamentale guinéenne.
« Au regard de la déclaration que nous avons eue à faire dans le cadre des forces vives, nous ne nous sentons pas concernés par la démarche du CNT et des autorités de la transition, sur la question de vulgarisation de l’avant-projet de la constitution. Nous avons été très clairs dès le départ, une constitution, on ne joue pas avec ! On ne peut pas se replier entre quatre murs, entre copains, après avoir pris le pouvoir dans des conditions que l’on sait, faire des promesses et tenir des engagements, se retrouver en dehors des acteurs représentatifs de la République, élaborer un texte et violer l’ensemble des étapes qui devaient régir la rédaction d’une constitution, et nous servir un plat empoisonné, avec des slogans, sous prétexte qu’on le fait pour le pays », a-t-il fustigé d’entrée, avant d’ajouter que chaque guinéen a d’ailleurs le droit de se prononcer sur des questions communes.
« Ce pays appartient à tous ses enfants, personne, aucun groupe ne peut s’arroger le rôle et la responsabilité de tenir la Guinée comme une propriété privée. Vous ne pouvez pas, même si vous avez un mandat, c’est-à-dire vous êtes des élus dans le cadre d’une élection libre et transparente, avoir la prétention d’imposer tout aux guinéens », poursuit-il.
Une campagne teintée de propagande et de gaspillage, selon le MoDel
Comme plusieurs leaders politiques, le président du MoDel considère cette tournée des conseillers nationaux, comme une source de « gaspillage de l’argent public ».
« Je viens de l’intérieur du pays, je suis rentré hier soir. Vous ne remarquez nulle part qu’il y a de l’intérêt encore moins un engouement pour un avant-projet de Constitution. Les guinéens ignorent systématiquement ce que le CNT est en train de faire, et ils ne sont pas en phase, avec ce que les autorités de transition sont en train de faire. Tout ce qui intéresse ces fonctionnaires et ceux qui leur donnent mandat d’aller, c’est d’encaisser des per diem, de faire de la propagande, d’avoir des images pour faire croire au monde entier qu’ils sont en train de discuter avec les guinéens. Ce qui se passe à l’intérieur du pays, puisque les gouverneurs, les préfets et sous-préfets ont reçu des mandats spéciaux, et la composition des délégations spéciales a été faite dans le même sens (avoir les pleins pouvoirs à la base, imposer son calendrier et son agenda), ceux-ci réunissent le peu de fonctionnaires qu’il y a dans les administrations publiques, ils mettent de l’influence, de la pression sur les vendeurs dans les marchés, sous prétexte que s’ils ne participent pas, on va leur retirer leurs places », a-t-il souligné.
L’implication forcée des élèves : une conduite décriée
Dans plusieurs localités, où les émissaires du CNT sont passés, au compte de la campagne de vulgarisation de l’avant-projet de Constitution, des élèves ont été aperçus lors des rencontres, ce, pendant les heures de cours.
Cette pratique qui existait sous le règne de feu Ahmed Sékou Touré, est vivement décriée, par le président du MoDel.
« Dans les écoles, ils viennent réquisitionner les enfants du primaire. Au lieu de les laisser tranquillement étudier, ils leur font sortir de l’école, en donnant des consignes fermes aux enseignants et aux directeurs, en leur mettant la pression au risque de les radier de la fonction publique. On prend des enfants qui ne peuvent rien comprendre, des bébés qui viennent applaudir avec des tenues. Ce qu’on avait vu à l’époque avec le premier régime communiste, qu’on pensait être révolu, on est en train de reproduire la même chose en 2024, et faire croire qu’on est sortis pour vulgariser une Constitution. Ce n’est pas sérieux, c’est condamnable, ça ne représente pas la Guinée. Ça ne correspond pas à nos rêves et nos ambitions pour notre pays. Ceci mérite d’être critiqué, parce que la démarche, elle est biaisée », martèle-t-il.
« Il ne faudrait pas qu’on donne l’impression que l’on porte un projet d’intérêt pour la Guinée et dans le même projet, vous avez déjà les gènes du conflit. Qui va se reconnaître dans cette Constitution ? On a souffert de ce problème il y a quelques années, lorsque ceux qui étaient engagés dans le cadre du 3ème mandat pour Alpha Condé, avec comme argument de dire qu’en 2010, la Constitution n’avait pas été adoptée par-ci par-là, et que c’est pour cette raison qu’il voulait un 3ème mandat, on a pu démontrer cartes sur table, qu’il n’était pas de bonne foi », a rappelé Aliou Bah au micro de mosaiqueguinee.com.
Hadja Kadé Barry