Dans le cadre des 16 jours d’activisme qui se termine ce mardi, 10 décembre 2024, le ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation en collaboration avec son homologue de la promotion féminine, a organisé une campagne de sensibilisation contre le harcèlement en milieu universitaire.
C’est l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry qui a servi de cadre à cette importante journée de sensibilisation sur la thématique centrale « le silence face au harcèlement est une complicité ».
Cette activité qui a réuni des sociologues, des étudiants et cadres des départements en charge de l’enseignement supérieur et la promotion féminine, coïncide avec la célébration, ce mardi 10 décembre, de la journée internationale de la déclaration universelle des droits de l’homme.
Elle a surtout permis aux participants, de reconnaître le vécu des femmes et leur traumatisme, et de diffuser les moyens par lesquels les victimes du harcèlement peuvent se faire entendre.
Pour Fantabgé Kaba, cheffe service genre et équité au ministère de l’enseignement supérieur, entité initiatrice de cette activité, « chaque minute qui passe, c’est une fille ou une femme sur deux qui se fait violenter, soit en famille, à l’école ou sur le lieu de travail ». C’est pourquoi, pense-t-elle, il est nécessaire « de souligner la gravité de ce sujet et d’encourager une réflexion profonde sur les violences faites aux femmes ».
Au cours de cette cérémonie, il a été procédé au lancement officiel du numéro vert le 167. Cette plate-forme accessible tous les jours en H24, est un dispositif de surveillance et d’accompagnement personnalisé.
Elle permettra, entre autres, de collecter des données anonymes et fiables sur les violences basées sur le genre afin de mieux cerner la nature et la fréquence de ces incidents ; d’assurer un suivi personnalisé des cas signalés pour offrir un accompagnement adapté aux besoins des victimes.
L’initiative est saluée par le ministère de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables. La représentante de ce département à cette activité, Mme Aissatou M’Bara Diallo a soutenu qu’ils sont conscients qu’avec le harcèlement, « les filles et les femmes sont confrontées à des défis supplémentaires, surtout dans les milieux de formation et de travail ».
« Cette campagne de sensibilisation qui est amorcée aujourd’hui apportera des réponses communes et appropriées à certains de ces défis. Une politique claire et ferme contre le harcèlement et cela inclut des mesures préventives à travers des séances de renforcement des capacités, de sensibilisation pour le personnel et les étudiantes, ainsi qu’un accompagnement psychologique des victimes. Par ailleurs, je porte à votre connaissance qu’à plus de votre numéro vert que le département de la promotion féminine dispose d’un système d’alerte anonyme. Pour y accéder, vous composez *1000# afin de dénoncer de façon anonyme », a-t-elle ajouté.
Le ministre de l’enseignement supérieur Alpha Bacar Barry était représenté à cette activité par son Chef de cabinet Thierno Hamidou Bah. Celui-ci, au nom de son ministre, s’est engagé à ne plus baisser les bras face et à continuer à multiplier les initiatives pour l’élimination du harcèlement en milieu universitaire. Il dira, dans ce sens, que « ce ne sont pas des textes qui manquent chez nous, mais plutôt leur application sur le terrain ».
Il faut par ailleurs, souligner que le constat révèle que les violences basées sur le genre (VBG), particulièrement le harcèlement, représentent une réalité préoccupante et persistante dans les institutions d’enseignement supérieur (IES). Le phénomène, exacerbé par un environnement où la sécurité est parfois fragile, affecte majoritairement les étudiantes et les femmes travaillant dans ces institutions.
Selon le rapport de 2023 sur le harcèlement cité par la Direction genre et équité du ministère de l’enseignement supérieur, en milieu universitaire, les statistiques mettent en évidence l’ampleur du problème. 27,08% des enseignants-chercheurs affirment que des personnes influentes abusent de leur position au sein de I’université pour obtenir des faveurs sexuelles de la part d’étudiantes. Cette perception est également partagée par 15,38% du personnel administratif et d’appui ainsi que par 23,51% des étudiants 24,10% des répondants ont déclaré avoir été victimes de harcèlement dans le cadre universitaire, dont 19,15% de femmes.
La même enquête révèle que 56,07% des enquêtés considèrent que les auteurs des actes de harcèlement sont en grande majorité des hommes, tandis que leurs victimes sont le plus souvent des femmes.
MohamedNana BANGOURA