La transition ouverte dans notre pays le 5 septembre 2021, devrait normalement prendre fin le 31 décembre prochain, selon le chronogramme conclu avec la CEDEAO. Sauf qu’à 24 jours de cette échéance, tout semble indiqué que cette échéance ne sera pas respectée.
À la faveur d’une interview qu’il a accordée à notre rédaction ce vendredi 6 décembre 2024, le président du Bloc libéral (BL) Dr Lansana Faya Millimouno, est longuement revenu sur la gestion de cette transition et l’unilatéralisme qui la caractérise. Pour lui, aujourd’hui, « la majorité des Guinéens, dans leurs difficultés, ont finalement tiré la conclusion pour dire, donc tout ça, c’était pour ça ».
Ce qui, de son point de vue, mérite aujourd’hui, que le CNRD avec en premier lieu le Général Mamadi Doumbouya, accepte de discuter avec les acteurs politiques sociaux, pour une nouvelle réorientation de la transition.
« Le CNRD s’est dévoilé très mal. Vouloir dire nous sommes aussi Guinéens, nous pouvons faire ceci, nous devons faire cela. A un moment donné, ils sont venus par les armes, on les a acceptés. Ils nous ont dit qu’ils vont faire des choses mais qui n’ont pas été faites. Maintenant, c’est le moment de renégocier une nouvelle période transitoire qui va nous ramener véritablement vers une vie constitutionnelle normale pour mettre les guinéens au travail et sortir de ce tourbillon où nos enfants n’avaient pas vu qu’aujourd’hui c’était comme au temps du Professeur Alpha Condé », a-t-il dit.
Revenant sur une situation qui assombrie l’horizon en Guinée tant sur le plan judiciaire que sécuritaire, le président du BL n’a laissé aucun détail dé côté. Sur ces deux domaines, Dr Faya a soutenu que c’est un secteur sur lequel le CNRD était très attendu surtout après la déclaration selon laquelle « la justice sera la boussole de la transition ».
« Quand le Président Doumbouya a dit qu’il faut que désormais en Guinée la justice soit la boussole, ça a suscité beaucoup d’espoir parce qu’il y a eu trop d’impunité dans notre pays. Il ne suffit pas de dire que quelqu’un a posé un tel acte, il ne suffit pas d’accuser. En matière de procédure pénale, lorsque vous accusez, c’est à vous de donner la preuve. C’est-à-dire que vous n’accusez pas et vous demandez à la personne que vous accusez de donner la preuve que vous êtes innocent. Ça ne va pas comme ça. Vous qui dites que tel a volé, c’est vous qui devez apporter la preuve que la personne a volé. Alors, on voit bien qu’on a du mal à trouver ces éléments de preuve », a-t-il pointé dans cet entretien.
Sur l’aspect sécuritaire, Faya Millimouno a regretté le fait que « l’insécurité galopante en Guinée » alors que le pays est dirigé par des militaires.
« Or, quand on prend la responsabilité de diriger un pays, il y a des missions qui sont une obligation à accomplir. La première de ces missions, c’est d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens et je crois que c’est la chose la moins bien faite aujourd’hui dans notre pays. Le dernier cas en date, c’est votre confrère, Marouane, dont on nous dit qu’il a disparu. Mais attends, donc, finalement, en Guinée, comme le porte-parole le dit, les adultes ont le droit de disparaître ? Je crois que sur la question sécuritaire, nous attendons encore des actes forts, quoique le temps soit fini, malheureusement. Le temps est fini parce que, sauf renégociation, nous n’avons plus que 26 jours ou 24 jours devant nous pour le 31 décembre 2024. Donc, la question sécuritaire, nous continuerons à marteler », a-t-il ajouté.
MohamedNana BANGOURA