Dans le procès de Dr Ibrahima Kourouma et Mohamed V Sankhon, ce sont les avocats de la défense qui ont désormais la parole pour leurs plaidoiries. Ils sont cinq au total. Quatre pour le premier et un pour le second.
Quand la Cour leur a donné la parole ce soir à la suite des plaidoiries des conseils de la partie civile et les réquisitions du ministère public, c’est l’avocat de Mohamed V Sankhon qui a ouvert le bal.
Me Sékou Traoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a passé des heures au micro pour prouver que les faits de détournement de deniers publics reprochés à son client ne sont pas constitués.
« Mohamed V Sankhon a été nommé au ministère de l’Enseignement pré-universitaire le 20 juin 2020, comme DAF. Il n’a géré qu’un seul budget avec le ministre Bano. Cette gestion ne porte que sur 53 milliards. Mais vous constaterez ici que monsieur Mohamed V Sankhon se retrouve seul. Le ministre Bano n’est pas là. Tandis que c’est lui l’ordonnateur. M. Mohamed Sankhon n’est qu’un exécutant mais malgré cette injustice, il a pu rapporter à cette Cour l’ensemble de la documentation pour justifier sa gestion sur les 53 milliards », a-t-il soutenu.
Me Traoré s’est offusqué quand il a vu le parquet requérir contre son client le paiement de 53 milliards GNF. Selon lui, c’est ce montant qui a été alloué au département de l’enseignement pré-universitaire pour l’organisation de l’entrée scolaire 2021, l’organisation des examens scolaires et concours mais également pour la rénovation et la construction de certaines écoles.
« Les écoles ont été rénovées, les contrats sont au dossier. Des écoles ont été construites, les contrats sont au dossier. Vous avez également, en 2021, un concours a été organisé. Les relevés de notes sont là, des perdiems ont été payés, des diplômes ont été délivrés. Les contrats en font foi, les bénéficiaires sont là. Ils ne contestent pas. Des factures sont versées au dossier mais au vu de tout ça, on demande à ce qu’il soit poursuivi pour le paiement de 53 milliards. Comme si l’année 2021 a été une année blanche en Guinée et que le budget qui avait été alloué n’avait servi à rien », a opposé Me Sékou Traoré.
L’ancien DAF du ministère de l’enseignement pré-universitaire est aussi poursuivi pour enrichissement illicite. Son avocat a dit qu’il ne peut pas être condamné pour cette autre infraction pour des raisons qu’il évoque.
« Monsieur Mohamed V Sankhon a deux immeubles en Guinée, des immeubles acquis avant sa prise de fonction au ministère de l’Enseignement pré-universitaire. Le premier immeuble, c’est de 2010. Au moment où il n’avait aucune fonction importante dans l’administration, qu’il a reçu en titre de don de son père. Le second immeuble, c’est de 2018. Ce n’est pas pour lui seul, c’est pour le couple. Lui et sa femme, qui est femme d’affaires. Mais, pourquoi veut-on chercher des poux sur des crânes rasées ? Ce n’est qu’une fausse accusation. Le parquet spécial est dans l’impossibilité, dans l’incapacité de rapporter la moindre preuve. On va jusqu’à confondre les biens de son père à ses propres biens », a-t-il réfuté.
Les quatre conseils engagés par Dr Ibrahima Kourouma n’ont pas plaidé aujourd’hui faute de temps. La Cour a renvoyé l’affaire à mercredi pour la suite des plaidoiries.
Sékou Diatéya