Le lundi 10 mars 2025, le collectif des avocats représentant les victimes de la tragédie de N’zérékoré qui aurait fait au moins 140 morts, selon des ONG locales de défense des droits de l’homme a saisi le procureur de la République près le tribunal de N’zérékoré.
Au nom des familles des victimes, les avocats ont déposé plainte pour multiples chefs d’accusation, dont entre autres : meurtre, homicide involontaire, vol, coups et blessures volontaires, violences, mise en danger de la vie d’autrui, entrave aux mesures d’assistance, omission de porter secours, trafic d’influence, entrave à la justice, recel de cadavre et atteinte à la santé publique.
Une affaire classée sans suite ?
Ce vendredi 21 mars 2025, lors d’un point de presse à Conakry, les avocats constitués parties civiles ont annoncé que le procureur de N’zérékoré a refusé d’engager des poursuites.
Ils dénoncent également le non-respect des dispositions du code de procédure pénale, estimant que le dossier a été de facto « classé sans suite ».
« Le procureur nous a informés qu’il n’entend pas poursuivre. Et là, nous avons assimilé cela à un classement sans suite », a déclaré un membre du collectif.
Le collectif précise que c’est d’ailleurs l’inaction du parquet qui a motivé le dépôt de leur plainte.
« En principe, c’est au ministère public de déclencher l’action publique, mais il ne l’a pas fait. Nous nous avons donc agi à la place du parquet en déposant une plainte qui est inspirée du rapport détaillé des ONG et les récits des survivants et familles des disparus », précise-t-il.
Selon les avocats, si le parquet peut décider de ne pas poursuivre, le classement sans suite doit être motivé par des circonstances liées à l’inaction et communiqué au plaignant.
Cependant, la loi impose un délai de 8 jours pour statuer. Un délai largement dépassé, selon eux.
Vers une intensification des actions judiciaires
Le collectif annonce vouloir saisir le parquet général de Kankan pour relancer la procédure.
« Pour l’instant, nous estimons que le procureur général de Kankan pourrait ordonner au parquet de N’zérékoré de déclencher les poursuites », estiment-t-il
En cas d’éventuelle inertie, les avocats menacent de se tourner vers les juridictions internationales : la Cour Pénale Internationale (CPI) et la Cour de Justice de la CEDEAO.
Hadja Kadé Barry