Le vendredi 21 février 2025, lors de la remise des prix du Forum Émergence Magazine, un événement destiné à honorer l’excellence dans divers domaines, une distinction en particulier a déclenché un tollé : le prix décerné à Son Excellence Mamadi Doumbouya pour son engagement sans relâche dans la lutte contre la corruption.
Plutôt que de reconnaître cette distinction comme une célébration des efforts consentis pour assainir la gouvernance, une minorité s’est empressée de dénoncer, de fustiger, de peindre en noir cette initiative. Ce paradoxe est frappant : ceux qui prônent la démocratie sont les premiers à rejeter toute opinion qui ne cadre pas avec leur vision. Cette intolérance n’est pas anodine. Elle est le symptôme d’un mal insidieux qui gangrène notre société : la pensée unique.
Un carcan qui asphyxie le débat
La Guinée traverse une phase charnière de son histoire. Alors que le pays se transforme, que les réformes se succèdent, les critiques constructives devraient enrichir le débat, et non l’étouffer. Or, nous assistons aujourd’hui à un phénomène inquiétant : toute voix dissonante est immédiatement vouée aux gémonies, tout discours qui s’écarte de la doxa dominante est perçu comme une hérésie.
Dans ce climat de radicalisation intellectuelle, le débat démocratique cède la place à une forme de dictature de l’opinion, où la peur d’être marginalisé pousse de nombreux citoyens à l’autocensure. Pourtant, c’est précisément cette diversité d’idées qui est le moteur du progrès. Comme le disait si bien Steve Jobs :
« Ne soyez pas prisonnier des dogmes qui vous obligent à vivre en obéissant à la pensée d’autrui. »
Ce message résonne avec une acuité particulière dans notre contexte. Si nous nous laissons enfermer dans un moule idéologique unique, si nous nous contentons de répéter mécaniquement des discours dictés par d’autres, alors nous cessons d’être des citoyens libres et conscients.
Une démocratie en péril:
Une société qui ne tolère pas la contradiction se condamne à l’immobilisme. L’innovation, la créativité, les grandes avancées ne naissent pas de l’uniformité, mais du choc des idées, de la confrontation des visions. L’histoire nous enseigne que les civilisations les plus prospères sont celles qui ont su cultiver le pluralisme, encourager le débat, donner une place à chaque voix, même discordante.
À l’inverse, les régimes où la pensée unique s’est imposée ont sombré dans la stagnation, puis dans le déclin. La Guinée, riche de son histoire et de son peuple, ne doit pas emprunter ce chemin funeste. Nous devons apprendre à écouter avant de condamner, à comprendre avant de juger, à faire preuve d’ouverture au lieu de céder à la facilité du rejet systématique.
Préserver l’Essence de la Démocratie
Il est impératif de réhabiliter la culture du dialogue, de protéger le droit de chacun à s’exprimer librement, sans crainte d’être lynché sur la place publique. Les citoyens, les médias, les institutions ont tous un rôle à jouer pour garantir cet espace de liberté.
La démocratie ne se résume pas à une majorité imposant sa volonté à une minorité. Elle est un équilibre fragile entre liberté d’opinion et respect du débat contradictoire. Si nous cédons aux sirènes de la pensée unique, si nous laissons ce poison se diffuser sans résistance, alors nous ne serons plus qu’un peuple d’automates, privés de notre plus grande richesse : notre capacité à penser par nous-mêmes.
Mamoudou Nabé