Arraché à l’affection de sa famille et de ses nombreux admirateurs, le 29 mars dernier, à Paris, Elhadj Fodé Kanté, premier président de la Cour des Comptes a eu droit aux derniers hommages dus à son rang et à ses mérites, ce vendredi 04 avril, avant son inhumation au cimetière d’Entag, après la grande prière de 14 heures GMT.
Un symposium a été organisé à cet effet par le département de la justice à la Cour d’Appel de Conakry, dans la matinée. La cérémonie funèbre a connu la présence de nombreuses personnalités notamment le président de la Cour suprême, celui de la Haute Autorité de la Communication, le ministre de la justice et son homologue du plan et de la coopération internationale, la famille judiciaire ainsi que des parents, proches et amis et collaborateurs du défunt.
À cette occasion, le ministre de la justice et des droits de l’homme Yaya Kaïraba Kaba, a rendu un dernier hommage au regretté Fodé Kanté, un homme dont la vie a été un engagement constant au service de la justice et de l’État de droit.
« Un homme d’honneur et de rigueur qui a marqué notre département, et qui j’en suis convaincu, laisse derrière lui une trace indélébile qui lui survivra. Il est de ces hommes dont la disparition crée un vide que les mots peinent à combler. Comme le disait le Président Nelson Mandela : ‘’Ce qui compte dans la vie, ce n’est pas le simple fait d’avoir vécu. C’est la différence que nous avons faite dans la vie des autres’’. Fodé Kanté, par sa droiture et son sens élevé de la justice, a marqué les institutions et les consciences. Son passage sur terre ne fut donc pas vain, tant pour le département de la justice que pour l’Etat tout entier », a-t-il entamé.
Diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature de Dakar, feu Kanté a su très tôt imposer sa rigueur, son professionnalisme et son éthique irréprochable.
Du Tribunal de Première Instance de Labé, au Tribunal de Première Instance de Dixinn, jusqu’à la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage d’Abidjan où il a servi plusieurs années, il a incarné l’idéal du magistrat au service de la vérité et de l’intérêt général.
« Lorsqu’il fut appelé, en janvier 2024, à prendre la tête de la Cour des comptes, il ne vit pas cette fonction comme une consécration, mais comme une responsabilité supplémentaire à assumer avec humilité (…). Fodé Kanté était un proche collaborateur et au-delà un ami que je connais depuis de longues années. Sa disparition dépasse ainsi le cadre purement institutionnel : elle est une perte intime, douloureuse, une blessure dans mon cœur et dans notre histoire professionnelle commune. Son œuvre, son sens du devoir, son intégrité resteront à jamais un repère pour les générations futures », a-t-il martelé.
Le juge Mohamed Diawara, président de l’association des magistrats de Guinée, dont l’illustre disparu était membre, pleure la mort d’un repère, d’un pilier, d’une conscience morale pour la magistrature et celle d’un guide éclairé pour la Nation.
D’autant plus que Fodé Kanté incarnait l’exigence dans l’engagement, la rigueur dans la pensée, la probité dans la conduite et la loyauté dans le service public.
« Homme de principes, discret mais déterminé, il a consacré toute sa carrière à faire triompher la vérité, en toutes circonstances. Mais au-delà du magistrat d’exception, nous pleurons aujourd’hui un homme de cœur. Un homme qui savait écouter, accompagner, encourager. Un homme qui, derrière une rigueur apparente, révélait une profonde humanité. Ceux qui ont eu le privilège de travailler à ses côtés garderont à jamais le souvenir d’un homme intègre, juste, et profondément attaché à l’État de droit », a rappelé le magistrat.
Dans son témoignage, le président de la Haute Autorité de la communication Boubacar Yacine Diallo a rappelé les moments qu’il a passés avec le défunt, alors journaliste d’investigation.
« Je l’ai connu quand il était magistrat, et moi journaliste d’investigation. Je recherchais ceux qui détournaient et les mettais à la place publique. Et Monsieur Kanté a été une source d’information fiable et cachée », il a aussi exalté la modestie, l’humilité et la générosité de feu Fodé Kanté.
Très touché par les vibrants hommages rendus à son défunt père, Me Aboubacar Sidiki Kanté, au nom de la famille, a remercié tout le monde.
« Le Seigneur Tout-Puissant a donc voulu qu’en ce jour et en ce lieu, en présence des personnes qui te sont chères, tes enfants se tiennent face à toi, pour plaider non pas ta cause, mais leur propre cause. Car tu as été si bon, si juste et si aimant envers eux, qu’ils regrettent de n’avoir pas eu suffisamment le temps pour te dire, pour te donner ton dû. Orné de ta toque, il s’agit de la première et dernière plaidoirie que tu recevras. En ce jour mémorable, un seul mot anime tous tes enfants, la reconnaissance », a déclaré l’avocat inscrit au barreau de Guinée.
À noter que l’actuel président de la cour commune de justice et d’arbitrage basée en Côte d’Ivoire, le président par intérim de la Cour des comptes, le bâtonnier de l’ordre des avocats avaient également formulé des témoignages magnifiant l’œuvre, le professionnalisme et la grandeur de Monsieur Kanté.
Le regretté Fodé Kanté reposera au cimetière d’Entag. Il laisse derrière lui deux veuves et dix enfants.
Alhassane Fofana