On peut bien conclure, eu égard la situation actuelle, que sous le CNRD, l’exception qui est la prison est devenue une grosse banalité qui ne suscite plus assez de débats.
On constate également que la phobie perceptible des dirigeants contre notamment les derniers collaborateurs d’Alpha Condé ainsi que d’un groupe sélect de personnalités du pays, pourrait expliquer cette obsession aux conséquences dangereuses.
A propos de ces anciens dignitaires, cela fait plus d’un mois depuis que Kassory Fofana, Dr Mohamed Diané et Cie sont en détention à la maison centrale.
Aussi longtemps que dure cette détention, les accusés ne savent pas concrètement ce qu’on leur reproche. Par contre, les oreilles des citoyens sont rabâchées d’accusations connues de tous et parfois tirées par les cheveux, relativement aux biens mal acquis.
En lieu et place de dossiers de détournement impliquant les concernés ainsi suppliciés, on leur soumet à un purgatoire de justification de leurs biens. Ce qui est une première dans tous les pays où les nouvelles autorités arrivées par effraction sur la scène politique, ont décidé de moraliser la vie publique.
Difficile dans ces conditions de ne pas parler d’actes visant à mettre sous cloche d’anciens dignitaires, qui se reconstruisent pour reconquérir le pouvoir.
Concédons cela dans le dossier concernant Kassory et autres. Car, on peut reprocher à ces derniers d’avoir eu le vent en poupe avec l’organisation très grandiose de la convention du RPG-AEC, qui devait les propulser au-devant de la scène et faire de leur parti, un prétendant sérieux pour la succession. Ce qui, malgré tout, dans un régime normal, ne peut être constitutif d’infraction.
Cependant, on ne peut trouver d’explications pour le cas de Dr Diané, que l’envie de se venger d’un homme dont le crime a été d’être un fidèle collaborateur d’un chef d’Etat, éconduit du pouvoir par un putsch. D’un homme dont le destin a fait de lui, le ministre de la défense jusqu’au moment du coup d’Etat.
D’abord, il n’était ni de près ni de loin associé à la fameuse convention, qui a ravivé la colère du palais Mohamed V et à coup sûr, précipité le sort de ses organisateurs.
En plus, impossible jusque-ici de justifier sa propriété sur tous les biens immobiliers qu’on lui colle. Une centaine répertoriée, mais seulement quatre en son nom et qui sont à Kankan, connus de tous, apprend-on.
On ne peut pas faire la même chose et s’attendre à un résultat différent, disent les analystes.
Sous le régime défunt, des Guinéens ont subi la même chose, longtemps privés de liberté pour des raisons de convictions politiques. Perpétuer cette pratique qui a amené le coup d’État, accueilli avec soulagement, c’est prendre le risque d’aller à la dérive.
Cela à l’intention du colonel-Président. Lui qui a juré de bien faire, donc de faire autrement les choses, différemment de ce qui nous été mal servi par son prédécesseur.
Mognouma Cissé