Lorsqu’on lit la majeure partie des textes juridiques qui fondent les partis politiques guinéens, nous sommes forcés de croiser à travers les lignes, à de nombreuses reprises, le mot « démocratie ». Même si le mot n’apparaît pas, les valeurs qui sous-tendent la démocratie sont imprimées dans les statuts et le manifeste.
Mais, on s’étonne aisément de voir un fonctionnement différent de l’esprit de ces textes qui régissent ces partis politiques qui dénoncent quotidiennement les violations du droit par l’Etat lui-même. Ils oublient de balayer devant leurs portes avant de s’attaquer à celles des autres.
Depuis quelques jours, les dissensions au sein de nombreuses formations politiques, qu’elles soient de l’opposition ou de la mouvance, font les choux gras de la presse en ligne mais aussi des émissions politiques à grande écoute. Des Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), à l’Union Démocratiques de Guinée (UDG), en passant par les partis politiques dits « grands » (UFDG et RPG ARC-EN-CIEL), tous montrent leurs limites en matière de démocratie et de gouvernance internes. Leur fonctionnement dénote d’un certain autoritarisme des figures du partis, des chefs, des leaders, de ceux dont le visage a complètement englouti l’image personnelle du parti.
La restructuration des Nouvelles Forces Démocratiques, faite apparemment en catimini, a laissé un goût amer à certains responsables qui ont dénoncé les violations des statuts du parti. La semaine dernière, une simple assemblée générale a décidé de la réorganisation de cette formation et de l’élection de nouveaux membres du bureau politique dont la liste a été aussitôt communiquée aux médias. A lire les textes, on se rend compte que leur violation n’est pas uniquement l’apanage du pouvoir qualifié d’autocratique par Mouctar Diallo et compagnie. On pourrait aller sur plusieurs exemples des dysfonctionnements dans ce parti et des luttes de positionnement qui ne cesse de le miner et dont semble-t-il Cellou Dalein Diallo s’est proposé de résoudre en tant que médiateur.
Au RPG ARC-EN-CIEL, on continue à critiquer, officieusement, le choix de Kory Kondiano à la candidature du parti pour la présidence de l’assemblée nationale. Ces critiques internes, soufflées aux oreilles des journalistes, permettent d’apprécier combien de fois la démocratie est si présente dans le parti qui a soutenu le candidat qui a été le premier à être « démocratiquement élu » lors d’une élection présidentielle en Guinée. Pour certains observateurs cette absence de consensus et la langue de bois dont font preuve certains députés et certains responsables du partis, contribuent à accentuer la crainte que la présidence du parlement échappe au RPG et à ses alliés. Des alliés d’ailleurs, comme l’UDG de Mamadou Sylla, qui affiche ouvertement leur mécontentement sur le choix de M Kondiano et par rapport à des accords électoraux qu’elle juge n’avoir pas été respectés par son allié. D’ailleurs son secrétaire général, Soriba Sorel Camara a été suspendu après avoir annoncé son soutien à la candidature de Kory Kondiano, en contradiction avec la position de l’UDG qui semble ne pas approuvé le choix de cet originaire de la forêt.
Si l’UFDG se présente comme le plus grand parti d’opposition, il faut croire que ce n’est pas le meilleur en matière de gouvernance démocratique. Plusieurs cadres, dont entre autre le premier vice-président Bah Oury, ont à maintes reprises critiqué la gestion du parti. Ils dénoncent le clanisme ambiant qui règne au sein de cette formation et accuse son leader Cellou Dalein Diallo de l’entretenir. Même constat dressé par Mamadou Barry, directeur adjoint de campagne pour les législatives, qui a appelé à une réforme imminente du parti dont il remet en cause la gestion financière. Le bouchon est poussé un petit peu plus loin quand on analyse le choix des candidats de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée aux dernières législatives. On se demande si certains candidats n’ont pas bénéficié de leur affinité avec le leader ou d’une certaine forme de népotisme pour être retenu. Puisque meilleur candidat qu’eux, il y en avait sûrement dans les rangs du parti.
N’est-il pas donc légitime de douter de la capacité de chacun de ces partis à nous apporter une meilleure gouvernance démocratique dans le pays alors qu’au sein même de leurs formations politiques ils ont du mal à faire appliquer un minimum de règles démocratiques. Représentent-ils vraiment des alternatives à cette façon peu démocratique de gérer l’Etat ? On a encore de quoi réfléchir avant de s’engager aveuglement à soutenir des formations politiques dont l’organisation semble aussi patrimoniale que la gestion de nos dirigeants au pouvoir.
Abdouramane Diallo.
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