L’autre secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG, version Mamou, Ndlr) s’est agacé, samedi 19 janvier, du fait que son rival, Abdoulaye Sow, secrétaire général de l’USTG (version Conakry, Ndrl), fasse ‘’usurpations de titre’’ et ‘’viole tous les textes de lois’’.
C’était dans une interview, à bâtons rompus, avec la rédaction de mosaiqueguinee.com, que nous vous recommandons, absolument, de lire.
Mosaiqueguinee.com : Aujourd’hui, l’USTG traverse une crise de leadership, caractérisée par un bicéphalisme au sommet. Vous avez engagé une procédure judiciaire contre Abdoulaye Sow, secrétaire général de l’autre faction de l’USTG. Où en est-on, aujourd’hui ?
Camara Abdoulaye : Nous avons engagé une procédure judiciaire au niveau du tribunal de première instance de Kaloum, pour départage les deux groupes. Je vous informe que nous avons respecté les statuts et règlements de l’USTG. C’est Louis M’Bemba, le secrétaire général sortant, qui a convoqué le congrès de Mamou. Nous sommes tombés d’accord, unanimement, tous les membres du bureau sortant, de faire le congrès à Mamou. Donc, aujourd’hui, je suis désolé qu’Abdoulaye Sow, qui s’est désaffilié de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée, le 31 juillet 2018, revienne pour organiser un soi-disant congrès au palais du peuple, au cours duquel, il a été, selon lui, élu secrétaire général de l’USTG. Pour le moment, nous ne le reconnaissons pas. Et, nous disons à l’ensemble des travailleurs guinéens, qui n’ont pas respecté les statuts et règlements de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée, qu’en aucun cas, Abdoulaye Sow ne peut engager les structures affiliées à l’USTG.
Mosaiqueguinee.com : Ce qui est paradoxale, un tout petit peu, à nos yeux, c’est qu’il constitue le répondant vis-à-vis du gouvernement par rapport à la résolution des différentes crises des travailleurs. La version de l’USTG qui est dirigée par votre rival Abdoulaye Sow, a même mené récemment la médiation entre le Syndicat des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) et le gouvernement lors de la dernière grève des enseignants, qui a finalement abouti à la signature d’un protocole d’accord entre le deux parties. Quelle lecture en faites-vous ?
Abdoulaye Camara : Merci. Je voulais tout simplement vous dire qu’Abdoulaye SOW, s’est collé à Aboubacar Soumah, depuis la signature du premier protocole d’accord entre le SLECG et le gouvernement. C’est la raison pour laquelle, le gouvernement l’a invité cette fois-ci, parce qu’il est signataire du premier protocole d’accord. Mais, cela ne veut pas dire qu’il est le répondant de l’USTG. Non ! Le gouvernement a tout simplement voulu respecter ses engagements vis-à-vis des représentants de ce soi-disant SLECG de Aboubacar Soumah. D’ailleurs, pour votre information, c’est Abdoulaye Sow, qui a, pour la première fois, suspendu Aboubacar Soumah comme membre du bureau exécutif de l’USTG. Et, la première déclaration contre Aboubacar Soumah, a été écrite et lue par Abdoulaye Sow. Par finir, il avait une ambition, voyant qu’Aboubacar Soumah est populaire sur le terrain, se coller à Aboubacar Soumah, pour organiser le congrès de l’USTG. Parce qu’il a vu qu’il ne pouvait pas me battre au congrès de Mamou. C’est la raison pour laquelle, il s’est collé à lui. Mais, dire qu’il est le répondant, non ! Le gouvernement a juste respecté l’engagement signé au mois de juin entre lui et le SLECG.
Mosaiqueguinee.com : Vous dites que vous ne reconnaissez pas l’USTG, version Abdoulaye Sow, si je puis m’exprimer ainsi. Mais, le groupe d’Abdoulaye Sow représente aujourd’hui un certain poids par rapport à la version de l’USTG que vous dirigée. Puisque, c’est celui-ci qui est au-devant de la scène. C’est ce groupe qui est beaucoup plus vu sur le terrain. Quel argument avez-vous aujourd’hui, pour démontrer à l’opinion que cette partie de l’USTG est dans l’illégalité ?
Abdoulaye Camara : Je voulais vous dire tout simplement qu’Aboubacar Soumah est un dissident du SLECG. Et, Abdoulaye Sow s’est désaffilié de l’USTG. Nous avons donné à la presse la lettre de désaffiliation d’Abdoulaye Sow. Dire, aujourd’hui, comme vous venez de le dire, qu’Abdoulaye Sow est en phase avec le gouvernement, c’est lui qui parle, c’est lui qui dit ceci ou cela. Je vous donne un seul exemple. Vous avez assisté au congrès de BMOG. C’est-à-dire le Bureau de la main d’œuvre portuaire, qui s’est passée la semaine dernière, Sow a été refoulé, parce que les travailleurs ne veulent pas de lui. Au moment où je vous parle, la société minière de Dinguiraye, a écrit à l’inspection générale du travail, au tribunal du travail et à mon bureau, pour dire qu’ils ne reconnaissent pas Sow comme secrétaire général de l’USTG. Donc, c’est un processus que nous avons engagé. Mais, vous avez déjà sur le terrain, les résultats. Mais, nous, nous ne les reconnaissons pas. Je vous ai dit, dès au départ, ils n’ont pas respecté les statuts et règlements de l’USTG. Je pense que la justice finira par trancher entre lui et moi. A l’issue de ça, vous verrez qui est légal ou illégal.
Mosaiqueguinee.com : près le congrès de Mamou, Monsieur Camara, vous n’occupez toujours pas le siège de l’USTG à Kaloum. C’est Abdoulaye Sow qui l‘occupe. Il va sans dire que vous êtes SDF (sans domicile fixe). Vous n’avez pas d’adresse viable en ce moment. Comment vous fonctionnez ?
Abdoulaye Camara : Nous, on a voulu tout simplement éviter les troubles. Quand nous sommes revenus du congrès de Mamou, nous avons officiellement écrit à Louis M’Bemba Soumah, qui était le secrétaire général sortant de l’USTG, pour dire que nous voulons faire la passation des services. Le jour où nous y avons été, ils ont trouvé des loubards qui sont venus nous barrer la route. Pour éviter les troubles dans Kaloum, nous avons préféré porter plainte. Pour le moment, on n’occupe pas le siège, c’est vrai. Mais, nous avons un quartier général où nous tenons nos différentes réunions et menons nos différentes activités. Ce qu’l faut retenir tout simplement, c’est la justice qui va trancher entre Abdoulaye Sow et moi. D’ailleurs, le problème, ce n’est pas entre Abdoulaye Sow et Abdoulaye Camara. C’est Louis M’Bemba Soumah et moi. Moi, je ne reconnais pas Sow comme étant membre de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée. Parce qu’il s’en est désaffilié. Et, au moment où on tenait le congrès, Abdoulaye n’a pas fait une lettre de ré-affiliation pour intégrer l’USTG. C’est une usurpation du titre.
Mosaiqueguinee.com : M. Camara, revenons-en aux deux congrès. Celui tenu à Mamou qui vous a élu à la tête de l’USTG, et cet autre tenu à Conakry élisant cette fois-ci votre rival Abdoulaye Sow. Est-ce que les fédérations syndicales internationales, ont été saisies de la tenue de votre congrès de Mamou ? Est-ce que ces organisations syndicales l’ont certifié ?
Abdoulaye Camara : Oui, je vous informe que nous avons écrit, officiellement, à la confédération syndicale internationale (CSI), la confédération syndicale africaine, CSA, également, qui nous ont répondu. Nous avons des réponses à ces courriers. Mais, au moment où on tenait le congrès, la CSI monde préparait un congrès. Donc, ils étaient empêchés de venir assister. Mais, néanmoins, ils nous ont envoyé des correspondances qui sont là, qu‘on va vous donner, vous allez analyser. Donc, toutes les institutions internationales saisies ont répondu à nos courriers. Et, pour votre information, le président de la République, a été invité au congrès de Mamou. Le premier ministre, a été invité au congrès de Mamou. Le ministre du travail, Lansana Komara était le parrain du congrès de Mamou. C’est pour vous dire que lors du congrès à Mamou, le ministre s’est fait représenter par l’inspecteur régional de Labé. Et, le gouvernement s’est fait représenter par le gouverneur de la région de Mamou, le préfet de Mamou et toutes les autorités préfectorales.
Mosaiqueguinee.com : C’est dire que les autorités reconnaissent la tenue de ce congrès. Elles l’ont validé en fait ?
Abdoulaye Camara : je dis, oui, ils ont validé. Pour preuve, le congrès qui a été tenu au Palais du Peuple, aucune autorité, aucune n’a été, pour l’assister. Tandis qu’au congrès de Mamou, toutes les autorités ont répondu à l’appel. C’est le congrès de Mamou qui est validé.
Mosaiqueguinee.com : Comment expliquez-vous maintenant que Abdoulaye Sow soit l’interface dans les négociations, entre le SLECG et le gouvernement, à votre détriment ?
Abdoulaye Camara : Je vous dis qu’Abdoulaye Sow, n’est pas l’interface. Le gouvernement a voulu respecter son engagement. Je vous donne un exemple. Le dernier courrier que le ministre Lansana Komara, a bien voulu adresser à l’ensemble des structures évoluant dans les systèmes éducatifs, il a invité le SLECG de Dame Kadiatou Bah. C’est le SLECG reconnu au niveau national et international. Donc, que ça soit la FSPE (Fédération syndicale des professionnels de l’Education), le SNE (Syndicat national de l’éducation) et le syndicat du supérieur, ils sont tous invités pour participer au comité de recensement des enseignants. C’est pour vous dire, tout simplement, que ce n’est pas Abdoulaye Sow. Abdoulaye Sow, je vous ai dit, fait usurpation du titre. Il n’est pas le représentant légal (de l’USTG, ndlr). Il a violé tous les textes. Il s’est désaffilié de l’USTG. A sa place, moi, je n’aurais pas fait ce qu’il est en train de faire. Mais, aujourd’hui, sur le terrain, les travailleurs sont en train de nous départager.
Mosaiqueguinee.com : Au regard de tout élan de bicéphalisme qui est lésion, aujourd’hui, à la tête des structures syndicales du pays, peut-on dire ici tout haut ce que beaucoup disent tout bas, que le gouvernement est derrière ?
Abdoulaye Camara : Je dis ; non ! Le gouvernement n’est pas derrière.
Mosaiqueguinee.com : Je le dis ainsi, puisque le gouvernement reçoit, tantôt une faction, d’un côté, et une autre, de l’autre côté. En quelque sorte, quand ça l’arrange ?
Abdoulaye Camara : Je dis, non. Ce n’est pas le gouvernement qui a demandé à l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) d’organiser le congrès. Pour votre information, le mandat de l’USTG, était arrivé à terme depuis le 19 avril 2018. C’est à l’issue de cela que nous avons décidé de faire le congrès. Parce que le code du travail nous accorde six mois de sursis. On était au-delà de six mois de sursis. Pour des questions de légalité et de légitimité, il fallait donc organiser le congrès, les 26 27 et 28 à Mamou. Mais, dire que le gouvernement est derrière, ou devant, moi, je vous dis : non ! Le gouvernement ne peut pas s’immiscer dans les affaires des syndicats. Tous les jours, Abdoulaye Sow, est en train de dire : il y a la main gauche, la main noire, la main bleue…Moi, je ne le reconnais pas comme secrétaire général. Deuxièmement, le gouvernement n’est pas derrière l’USTG dirigée par Abdoulaye Camara.
Mosaiqueguinee.com : Mais, quand Abdoulaye Sow a été refoulé, récemment, au congrès de BMOG au port autonome de Conakry, il a accusé le gouvernement d’ingérence dans les affaires syndicales. Qu’est-ce vous en dites-vous ?
Abdoulaye Camara : Je dis : non. Il n’a plus d’argument. C’est pourquoi, il parle de l’ingérence de l’Etat dans les affaires syndicales. Abdoulaye Sow, a été refoulé par les travailleurs de BMOG, et non par les policiers comme il l’a allégué dans des médias. Ce sont les travailleurs qui ont dit à Abdoulaye Sow, vous n’êtes pas le représentant légal de l’USTG, c’est Abdoulaye Camara qui en est le représentant légal. Et, j’y ai été reçu par l’ensemble des travailleurs de BMOG. Nous avons fait les élections. Et, nous avons les procès-verbaux de ces élections.
Mosaiqueguinee.com : Certains observateurs disent, également, que c’est en violation de la loi syndicale que la société civile s’invite pour superviser un congrès syndical. Comme ce fut le cas d’Abdourahame Sanoh, au congrès de l’USTG au palais du Peuple. Partagez-vous cette observation ?
Abdoulaye Camara : Je vous, non. Les gens ne maitrisent pas les textes de l’OIT (Organisation internationale du travail) et le code du travail. Le syndicat a été créé avant la création des sociétés civiles. Pour votre information, les plates-formes des sociétés civiles, ont besoin d’un agrément pour exercer sur le terrain. Le syndicat n’a pas besoin d’agrément. Ce sont les membres de la société civile, qui doivent s’affilier aux centrales syndicales. Ce n’est pas aux centrales syndicales qui doivent s’affilier aux différentes plates-formes de la société civile. Donc, c’est une violation des droits syndicaux. Ils n’ont pas à s’immiscer dans les affaires syndicales. Parce que nous ne menons pas les mêmes activités, d’une manière générale.
Nous, nous défendons l’intérêt des travailleurs. Eux, ils ne défendent même pas les intérêts matériels et moraux des travailleurs, d’une manière générale.
Mosaiqueguinee.com : le gouvernement a adressé récemment un courrier à d’autres structures syndicales, notamment, le SNE pour les inviter à participer à l’opération d’assainissement, en perspective, du fichier du personnel enseignant à la fonction publique. D’autres observateurs estiment, également, que ceci, également, est en violation de la loi syndicale. Etant donné qu’il y a des structures de l’Etat, habilitées à le faire. Tels que les ministères de l’enseignement pré-universitaire, enseignement supérieur et enseignement technique. En tant que syndicaliste, que répondez-vous ?
Abdoulaye Camara : Je dirais que ce n’est pas une violation de la loi. Le gouvernement, à travers son ministre de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (Lansana Komara, Ndlr), de façon professionnelle et de travail, a adressé un courrier à toutes les structures évoluant dans le système éducatif. Que ça soit au niveau pré-universitaire, universitaire et professionnel. C’est ce qui est normal. Cette commission sera constituée, non seulement, des représentants des syndicats, évoluant dans le système, mais aussi les membres du gouvernement. Parce que les commissions ne doivent pas être seulement, dirigées par les représentants des travailleurs. Parce que ce ne sont pas des travailleurs qui payent. C’est le gouvernement qui paie les travailleurs. Donc, qui recrute. Donc, l’employeur de l’Etat. L’Etat doit avoir ses représentants. Dire que c’est une violation de la loi, je dis : non ! L’Etat est dans ses droits régaliens.
Mosaiqueguinee.com : Abdoulaye Camara, quel est votre mot de la fin pour conclure cette interview ?
Abdoulaye Camara : Je voudrais tout d’abord remercier, très sincèrement, la presse. Elle est en train de faire un bon travail : édifier les travailleurs, mais aussi, donner des informations, à la population guinéenne. Au jour, d’aujourd’hui, ce que je demande à toutes les centrales syndicales, c’est l’unité d’action. Mais, aussi, à toutes les structures affiliées à l’USTG, de se donner la main. Parce que cette division qu’Abdoulaye Sow a créée, de façon volontaire, ne nous donne pas la force pour défendre réellement les intérêts des travailleurs. Donc, je demande à l’ensemble des travailleurs de s’unir pour défendre leurs intérêts dans les différentes entreprises, au niveau public, dans les sociétés mixtes. Et, même dans l’informel.
Propos Recueillis par Youssouf Diallo