Je n’aurai pas pu imaginer que la bêtise partisane pouvait rabaisser si bas un écrivain au stylo duquel ma jeunesse a découvert des reliques et lisques ouvrages d’une certaine littérature.
NON ! Thierno, nous ne sommes pas un peuple de laquais, contrairement à vos énumérations dépréciatives, nous restons un peuple digne, nous confions nos destinées à qui l’on veut. Votre vue par le prisme de la partisanerie n’est que lesque et indigeste.
Dans le grand labyrinthe de l’histoire, des nations, aujourd’hui, considérées comme les plus policées, ont commis leur erreur.
Elles ont eu leurs nains, leurs nerons, leurs borgias, leurs soudards et pompistes. Elles l’assument autant que nous assumons les nôtres. Du reste, ils sont tous mieux, pour nous, que ceux que tu crois sur l’autel de la gloire.
Heureusement ! chez nous, nous n’avions pas eu de Dacobert 1er, de Louis XVI et encore moins de Charles IX.
Notre postier, fait guide suprême est l’exemple atypique de la réussite de l’homme du peuple, venu du peuple, fait par le peuple et pour le peuple.
Dans notre monde, depuis 60 ans, on peut venir des profondeurs des puits pour se hisser sur la cime des rôniers. Juger cette ascension, c’est cracher sur votre parcours. Qui aurait cru qu’un enfant de paysan venu de Boulourè se ferait aduler par les chancelleries occidentales en lui donnant les ailes pompées, d’utiliser le génie de sa plume, pour faire couler sur un peuple Pacifique, les éraflures de la bave gluante de son background. On s’y noie de douleur à force de trinquer ses méninges.
Nous aurions voulu que tu sois, le modèle directeur de l’intellectuel impartial, capable de proposer des solutions acceptables aux heures de crises.
Nous aurions voulu que tu sois la vertu capable de faire raisonner les politiques, dans les quarts d’heures de leur égarement dans les calculs politiques.
Nous aurions voulu que tu sois le symbole vivant du consensus, une alternative crédible pour les jeunes d’hier, et ceux d’aujourd’hui. Malheureusement ! Nous n’avions point eu ce privilège. Nous ne ménageons point le fils rebelle, amère et irrespectueux envers nos autorités et notre peuple. Fût-il légitimement sorti de nos entrailles.
Que s’est-il passé ?
Pour que Thierno renonce à la noblesse, au respect des uns et à l’idéalisation par tous.
– Une folie ?
– Non.
– Un engagement responsable ?
– Pas du tout.
– Une invitation objective ?
– Nullement.
– Quoi donc ?
– La haine !
Et mieux encore, le larbinisme de l’intellectuel au service de la politique et pas celui du peuple. Mais celui de l’écrivain qui ne parle plus du général mais du particulier, du clan, de soi, du pré carré, de la case et jamais de la famille. Ça devrait être mieux que ça. Ça devrait prendre de là l’altitude, de la personnalité et de la prestance. Hélas ! Ça baigne dans le lit de la complaisance, de la perte de la rigueur intellectuelle et du caractère du beau, de l’admiration et du jovial. Pour tout dire, ça se mesure au ridicule et ça frôle de peu le détestable.
Que nous passions de Charybde en Scylla, nous l’assumons mais nous ne faisons point le laquais, nous n’en avions jamais été et nous ne le serions guère. Pas à ce stade, pas maintenant.
Médire, et toujours maugréer, utiliser des formules savantes pour nous picorer dans la sensibilité de notre chaire. On en a marre ! On finit toujours par se lasser des intellectuels détaillants, mesquins et haineux. Aujourd’hui, c’est le cas. Prions que ça change.
Les guinéens ne sont pas dupes, derrière chacune de vos sorties, de la première, à la dernière, nous observons la déviance excessive et le cynisme de l’intellectuel mais surtout de la déraison de l’écrivain peut être devenu militant, haineux et au service de je ne sais ……..
Jean TRAORÉ