L’ONG Human Rights Watch, a rendu public, ce mardi, 18 juin 2019, son rapport concernant les déguerpissements à Kaporo-rails, Kipé 2, Dimesse et Dar-Es-Salam.
Dans ce rapport, l’organisation indique qu’entre février et mai 2019, plus de 20 000 personnes ont été déplacées, après que des bulldozers et d’autres engins lourds ont démoli les bâtiments et expulsé de force les habitants des quartiers de Kaporo-Rails, Kipé 2, Dimesse et Dar-Es-Salam.
HRW, dénonce une violation du droit international relatif aux droits humains.
« Le gouvernement guinéen n’a pas seulement démoli des maisons, il a bouleversé les vies et les moyens de subsistance de personnes », a déclaré Corinne Dufka, directrice de la division Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch.
Elle ajoute que « le fait de ne pas fournir de logement de remplacement ou même une aide humanitaire immédiate aux personnes expulsées est une violation des droits humains et révèle un mépris flagrant pour la dignité humaine. »
Le rapport mentionne également, que les images satellites, étudiées par l’ONG, font état d’au moins 2 500 bâtiments démolis dans les quartiers de Kaporo-Rails, Kipé 2 et Dimesse en février et en mars et plus de 385 autres bâtiments détruits à Dar-Es-Salam en mai.
Human Rights Watch, rappelle qu’entre le 22 février et le 26 mars, lorsque les dernières démolitions ont eu lieu, le Collectif des déguerpis de Kaporo-Rails, Kipé 2 et Dimesse, une association de victimes, a recensé 19 219 personnes déplacées.
Cependant Mohamed Mahama Camara, Secrétaire général du ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire, a déclaré à Human Rights Watch qu’il doute de l’exactitude de ce chiffre, et a affirmé que moins de 100 familles ont été impactées.
Toutefois, aucun des habitants expulsés, interrogés par Human Rights Watch n’a reçu d’aide du gouvernement pour trouver un autre logement, ce qui signifie que bon nombre d’entre eux étaient provisoirement ou, dans certains cas, de façon permanente sans domicile une fois que les expulsions ont commencé, peut-on lire.
« Tout effort de réaménagement des terres devrait respecter les droits des habitants qui y résident », a conclu Corinne Dufka.
L’ONG, a par ailleurs souligné les manifestations ayant fait plusieurs blessés tout en dénonçant le fait que l’appel interjeté par les victimes de Kipé 2 devant la cour d’appel, était en instance quand les démolitions ont commencé.
Toujours dans ce rapport, Human Rights Watch, a relaté les témoignages de plusieurs victimes de déguerpissement dans ces zones.
D’aucuns, comme ceux de Kipé 2, ont indiqué avoir acquis la propriété de leur domaine dans les années 1980.
Ceux de Dar-es-Salam, ont indiqué n’avoir été averti que quelques jours avant le début des opérations de démolitions.
Et de conclure, Human Rights Watch, a estimé que pour répondre à l’impact des expulsions, le ministère de la Ville et de l’Aménagement du Territoire devrait :
– Prendre des mesures pour instaurer immédiatement un système juste et indépendant pour évaluer les demandes et accorder de manière prompte et équitable les indemnisations appropriées, basées sur une évaluation ménage par ménage des droits de propriété et sur la valeur de leurs biens ;
– Fournir un logement de remplacement à tout habitant qui n’a pas été en mesure de trouver un logement approprié par ses propres moyens ;
– Cesser toute nouvelle expulsion jusqu’à ce qu’il puisse garantir le respect des droits des habitants, y compris le préavis adéquat, l’indemnisation et le relogement avant les expulsions.
Abdourahmane Diallo