Le débat sur la proposition de loi relative au N’ko dans le système éducatif guinéen n’est pas un débat ethnique comme certains le prétendent sur les réseaux sociaux.
L’aliénation de l’Afrique est-elle que de nombreuses élites intellectuelles, ont été formées dans un paradigme qui ne leur permet pas de comprendre les aspects de la problématique linguistiques.
La dynamique du projet d’introduire les langues maternelles à l’école primaire concomitamment avec le Français est déjà engagée en Guinée indépendamment du N’ko. L’Organisation Internationale de la Francophonie a mis en place un projet appelé « Initiative ELAN » qui signifie École et Langues Nationales en Afrique. Cette méthode vise à introduire la langue maternelle de l’enfant au primaire, quand les compétences sont avérées, on introduit progressivement le français. Tous les experts sont unanimes que les enfants issus des classes bilingues langues maternelles–français sont meilleurs à ceux des classes monolingues. Douze (12) pays francophones d’Afrique noire y compris la Guinée participent à ce programme ELAN Afrique qui vise à améliorer les systèmes éducatifs africains francophones généralement en difficulté. L’expérience guinéenne a débuté à Kindia cette année avec la langue Sosso sous la tutelle du Ministère de l’Education Nationale.
Maintenant le paradoxe est que personne n’a critiqué cette expérience qui est d’ailleurs une bonne chose puisque tous les pédagogues savent que la grande erreur des pays africains surtout francophone est d’avoir minimisé ou n’avoir pas pris en compte sérieusement l’impact de la langue maternelle dans la construction psychosociale et intellectuelle de l’enfant. Donc, chaque pays est entrain de corriger cette erreur.
De surcroît, le N’ko, depuis l’arrêt de l’expérience guinéenne d’enseignement des langues nationales en 1985, a continué avec grande conviction et beaucoup de travail l’alphabétisation, puis à partir de 1995, l’enseignement formel langue maternelle – français, à nos jours. Ce qui fait 23 ans d’expérimentation du n’ko à l’école primaire concomitamment avec le français. Cette expérience est appréciée par les Directions Préfectorales de l’Education qui l’encadrent. L’avantage du N’ko est que presque tout ce dont on a besoin en matière d’éducation a déjà été élaboré ou presque : programme scolaire, matériels didactiques, manuels et même beaucoup Aujourd’hui, une trentaine d’écoles primaires langue maternelle–français et langue-maternelle arabe existent et participent à ce programme N’ko qui a fait l’objet de nombreuses études de chercheurs occidentaux qui ont apprécié sa qualité. Ainsi, Aujourd’hui, près de 175 ouvrages sont publiés par an dans l’alphabet N’ko en Guinée, sans compter pour l’étranger. En matière de publication, les livres en transcription N’ko viennent en deuxième position après ceux en Swahili en Afrique. Ce qui fait du n’ko, le deuxième plus important mouvement lettré sur le continent africain lié aux langues africaines.
Sans compter que le N’ko a déjà une envergure internationale dans les systèmes universitaire américain, français, russe et égyptien. Cette proposition de loi sur l’introduction du système d’écriture n’ko pour la transcription des langues guinéennes est la meilleure décision historique à prendre. Le N’ko est une véritable fierté africaine qui transcende les clivages communautaires, linguistiques de par son caractère transnational.
En conclusion, cette loi ne prétend aucunement imposer le système de transcription N’ko à tout le pays, mais c’est à la demande des populations locales par l’intermédiaire des élus locaux que le Ministère de l’éducation nationale devrait intégrer une zone dans ledit programme sans compter que la loi prend en compte l’ensemble des langues nationales du pays.
Nafadji Sory CONDE,
Consultant sur les langues et écritures africaines,
Spécialiste en éducation bilingue,
Membre du Groupe de travail sur l’élaboration des matériels éducatifs dans les langues africaines,
Membre du Réseau Central de l’alphabet N’ko